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Privatisation du secteur bancaire : Tout sur le bilan à mi-parcours de l'opération, ce que gagne le gouvernement
Publié le : 10 juillet 2018 par Elysée Lath

Sur les 82 entreprises dans lesquelles l’État de Côte d'Ivoire détenaient ou détient des parts (majoritaire ou minoritaire), le président de la République, Alassane Ouattara, annonçait en juin 2011, la privatisation d'un certain nombre d'entre elles. Il affirmait ne vouloir en conserver que 25 %, soit environ 22 entreprises.
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Au nombre de ces entreprises à liquider, une dizaine de banques, dont la Banque de l'habitat de Côte d'Ivoire (Bhci), Versus bank, Nsia banque, la Caisse nationale des caisses d'épargne (Cnce), la Banque nationale d'investissement (Bni), la Banque internationale pour l'Afrique occidentale (Biao-Ci), la Société ivoirienne de banque (Sib), la Banque pour le financement de l'agriculture (Bfa). Certaines d'entre ces banques figurent sur la listes des 15 premières entreprises dont le processus de privatisation a démarré en décembre 2013.
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A ce jour, l’État de Côte d'Ivoire s'est complètement désengagé dans le capital de certaines banques. C'est le cas de la Bhci. En effet, les 51 % des actions de l’État ont été cédés à une banque canadienne. Dans la même veine, la Côte d'Ivoire s'est départie de 10 % de son capital dans Nsia banque. L'opération de privatisation s'est aussi achevée pour la Sib et devrait s'enchaîner très bientôt avec la
Bni et la Cnce. La première citée, la Bni, selon la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), connaît des difficultés depuis 2015. Elle aurait même enregistré un résultat net de « -15 milliards de Fcfa ». Quant à la Cnce, bien que placée sous administration provisoire depuis 2015, elle fait face également à des problèmes budgétaires. En effet, l’État y a injecté en 2016, 35 milliards de Fcfa, en vue de sa restructuration et de sa recapitalisation. Malgré cela, la Cnce enregistre toujours un résultat négatif en ce qui concerne ses fonds propres.
Les 15 à liquider. Selon la liste arrêtée par le gouvernement, publiées en son temps par Apa, les 15 premières entreprises à privatiser sont issues de plusieurs secteurs d'activité. Ce sont la Société sucrière de la Comoé (Sosuco) et Sucrivoire qui sont dans le domaine sucrier, et la Société ivoirienne d’abattage et de charcuterie (Sivac). Palmafrique, où l’État détient 30% des actions contre 70% pour la société Safipar, figure également dans « le top 15 », de même que Nei-Ceda et l’Agence de développement industriel (Ips-Wa) Côte d’Ivoire. Dans le secteur bancaire, l'on a, pour cette première vague, la Biao-Ci, la Sib, la Bfa et Versus Bank.
Le secteur minier n'a pas échappé au vent de la privatisation qui souffle sur la Côte d'Ivoire. Dans ce secteur, on note la présence de la Société de développement minier (Sodemi), la Société des mines d’Ity (Smi) et la société Tropical rubber Côte d’Ivoire (Trci). Il y a en outre, le secteur des infrastructures ou des grands travaux qui est aussi représenté sur la « black list » par la Société nationale ivoirienne de travaux (Sonitra).
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Le gouvernement a également fait mention de sa volonté de céder une bonne partie des actions de l’État dans Côte-d’Ivoire Télécom. Le capital de cette société étant détenu à 51 % par le groupe français Orange (ex-France Télécom), 0,53% par des employés de la compagnie et 48,47% par l’État ivoirien, le gouvernement a décidé de vendre 28 % de ses parts les ramenant ainsi à 20,47 % désormais.
Pour toute cette opération que le gouvernement a décidé d'entreprendre, ce sont en contre-partie, 4,3 milliards de Fcfa qui, apprend-on, rentreront dans les caisses de l’État. Il faut préciser à toutes fins utiles que le capital social de ces entreprises à privatiser, « s’élève à 94 milliards de Fcfa ». La part détenue par l’État est estimée quant à elle à 34,2 milliards de Fcfa.
Le cas Versus bank, une affaire mal ficelée
Sur la longue liste des entreprises à capitaux publics en cours de privatisation, figure Versus bank. Si l'on s'en tient au chronogramme établi, cette banque devrait, depuis fin 2017, être entièrement entre les mains du privé. A raison de 67 % du capital qui devraient revenir à un groupe bancaire spécialisé dans le financement des Pme et les 33 % restants, à des investisseurs nationaux. Mais jusqu'à ce jour, l'opération est suspendue. A l'origine, une affaire sans doute mal ficelée, d'autant que, selon les informations en notre possession, l'on serait en présence d'un « contentieux juridique ». A en croire des informations de sources bien introduites auprès du dossier, l’État de Côte d'Ivoire, qui a décidé de privatiser la banque à capitaux publics majoritaires, a présenté l'offre en tant qu'il détenait 100 % du capital. Mais contre toute attente, alors que l'opération a été lancée par la banque d'affaires française Rothschild & Cie, un acteur majeur de la fusion-acquisition de la place de Paris, surgit un autre acteur. Il s'agit d'un actionnaire de Versus bank qui dit détenir 30 % du capital.
Vraisemblablement, après l'acquisition en 2009 de la banque par l’État de Côte d'Ivoire, tous les actionnaires n'ont pas été désintéressés par le nouvel acquéreur. Il semblerait même que cet acteur inattendu serait le seul à ne pas être payé. Cette personne qui bloque aujourd'hui l'opération de privatisation de Versus bank n'est autre que l'ex-Directeur général de cette banque, Jean-Claude N'da Amétchi.
Apparemment, selon des confidences de sources judiciaires bien informées du dossier, l’État refuserait de reconnaître à cet actionnaire ses parts dans cette banque. Nous avons tenté d'en savoir plus sur l'affaire auprès de l'ex-Dg. Mais il a souhaité ne pas se prononcer sur la question, estimant « qu'il faut laisser la justice faire son travail ». Toutefois, s'il y a une certitude qui se dégage de son attitude vis-à-vis de cette affaire, c'est que Jean-Claude Amétchi semble déterminé à aller jusqu'au bout.
Pour l'heure, l'affaire est entre les mains de la justice. D'où la suspension de l'opération de privatisation de Versus bank récemment enclenchée.
Elysée LATH
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Elysée Lath
Journaliste Reporter
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