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Fin de mission de l’Onuci : Voici ceux qui ont pris possession de l’hôtel Sebroko
Publié le : 05 juillet 2017 par Assane Niada

Hôtel Sébroko, quartier général de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire( Onuci) jusqu'au jeudi 29 juin 2017, est d'un calme glacial ce matin du vendredi 30 juin 2017.
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Il est environ 10h quand notre équipe de reportage se pointe devant l'entrée de cet hôtel, qui tenait lieu de siège officiel de l'Onuci. Le silence de cimetière qui y règne contraste avec l'ambiance habituelle, du temps où le personnel civil de l'Onuci et les Casques bleus y résidaient. Pas un seul véhicule estampillé "UN", ni aucun soldat au casque bleu vissé sur la tête. Les multiples guérites à l'entrée et perchées sur le mur, sont vides. Les box en tenant lieu sont bien en place, avec leurs sacs de sable de couleur noir. Mais plus aucun soldat, arme aux poings, ne s'y tient, comme par le passé. Les bétons de protection, de couleur rouge-blanc, posés à la devanture donnant accès au site, semblent ne plus jouer aucun rôle; le traditionnel ballet de véhicules estampillés "UN", ayant cessé depuis.
Sur le long mur, plus aucune enseigne évoquant l'Onuci. Même les écriteaux inscrits dès qu'on accède à l'intérieur de l'hôtel ont été effacés. Aucun drapeau des Nations Unies n'est visible, comme c'était le cas du temps où le Qg abritait encore le personnel de l'Onuci. Seuls vestiges des treize années de présence des Casques bleus en ce lieu, la couleur bleu-blanc du mur et les barbelées qui le ceinturent, en guise de protection. Le parking, mitoyen, d'ordinaire plein de véhicules, est tristement vide. La guérite y donnant accès est, elle aussi, vide. L'intérieur est jonché de détritus, dont une bouilloire laissée à l'abandon. De part et d'autre, la broussaille verdoyante, comme si la nature avait repris ses droits en l'absence des maîtres des lieux. A notre passage, un cargo du Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo) s'est pointé à l'entrée pour y déposer des éléments des forces de sécurité.
Quand nous tentons d'accéder à l'intérieur avec notre véhicule, nous sommes stoppés net par des gendarmes en tenue en faction sur le site. "Vous ne pouvez pas entrer. Le site est maintenant un patrimoine de l'Etat de Côte d'Ivoire. A ce titre, il est géré par la Sopie (Société de gestion du patrimoine immobilier de l'Etat). Allez prendre une autorisation de la Sopie avant qu'on vous laisse entrer", nous fait savoir un agent des forces de l'ordre en civil. Quand nous revenons à la charge, cette fois à pied, un groupe de gendarmes et éléments en tenue, estampillées "CCdo", nous accoste.
L'un d'eux nous explique qu'il n'y a plus aucun agent de l'Onuci sur le site, depuis qu'il y a été organisé, la veille, la cérémonie marquant le départ définitif des Casques bleus de la Côte d'Ivoire, après treize années passées sur le sol ivoirien. "Il ne sont plus là. Ils sont partis depuis hier. C'est nous qui sommes déployés ici depuis que les derniers agents ont commencé à faire leurs valises. Nous sommes venus remplacer les vigiles pour éviter le vol de matériel et équipement restés sur place", nous fait savoir un gendarme. Et d'ajouter: " Les derniers qui sont partis d'ici sont installés à l'hôtel du Golf. Si vous voulez les voir, c'est là-bas que vous devez vous rendre". Après quelques minutes passées sur les lieux, nous décidons de partir, laissant derrière nous cet hôtel où règne un silence pesant, lui donnant un air de cité fantôme.
C'est que la veille de notre déplacement sur le site, a eu lieu la cérémonie de descente du drapeau de l'Onuci, marquant le départ définitif de cette opération de maintien de la paix de la Côte d'Ivoire. A l'occasion, le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, a salué l'action de l'Onuci. « Votre mission en Côte d'Ivoire a été un succès. Notre pays a retrouvé la paix », a-t-il lancé à l'endroit d'Aïchatou Mindaoudou, la cinquième représentante du secrétaire général des Nations unies à avoir dirigé l'Onuci, après Albert Tévoédjrè, Pierre Schori, Young-Ji Choi, Bert Koenders.
En réponse, celle-ci a soutenu que « ce succès serait impossible sans l'engagement du gouvernement et de l'ensemble des populations à aller à la paix ». Le même jeudi 29 juin 2017, à l'occasion d'un hommage que les femmes, membres du gouvernement, ont tenu à rendre à Aïchatou Mindaoudou, la ministre de la promotion de la Femme, de la famille et de l'enfant, Mariatou Koné, a révélé que la présence de l'Onuci en Côte d'Ivoire aura coûté 3900 milliards Fcfa en 13 ans et coûté la vie à 150 Casques bleus. Une mission, dont la résolution 2284 de l'Onu a fixé la fin au vendredi 30 juin 2017.
Assane NIADA
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Assane Niada
Journaliste Reporter
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