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Opération de réhabilitation de la voirie de Yamoussoukro : Des commerçants en pleurs, des propriétaires de maisons crient à la trahison
Publié le : 11 novembre 2019 par Pauquoud Charles Noël

Les propriétaires de maisons expriment leur consternation
L’opération de réhabilitation de la voirie de Yamoussoukro, qui a été récemment lancée par le président de la République, Alassane Ouattara, est entrée dans sa phase active, depuis la semaine dernière. Toutefois, sa mise en exécution suscite des grincements de dents, notamment au sein des commerçants.
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C’est le cas de Kouamé N’dri, restauratrice à la gare d’Attiégouakro. « Ils ont cassé tous les maquis. C’est avec ces maquis que nous nous débrouillons. Ils ne nous ont pas indiqué un autre lieu pour nous recaser », s’est-elle offusquée. Konan Thimoté, responsable d’une société de transport située à quelques encablures de la mosquée sénégalaise qui, elle-même, a été détruite, ne croit pas ses yeux face à ce qui lui est arrivé. L’opérateur économique a révélé que le délai d’avertissement a été court. « Quand ils sont venus avec les machines, ils ont commencé les travaux. Et une semaine après, ils nous ont donné trois jours pour déguerpir », a-t-il souligné.
Au marché Mo Fêtai où des bulldozers et autres camions de ramassage sont entrés en action, un décor lourd se présente aux commerçants qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ce marché est systématiquement détruit, leurs conteneurs, étales, magasins et autres outils de travail jonchent le sol. Le déguerpissement est placé sous la haute surveillance des éléments des forces de l’ordre et de sécurité.
Des maisons d’habitation bâties sur trois lots jouxtant le marché Mô Fêtai ont été détruites sous les yeux de leurs propriétaires, impuissants. Ces populations, désormais sans abri, sont livrées aux intempéries et crient à la trahison. « Nous, propriétaires de terrains jouxtant le site du marché Mô Fêtai, nos bâtiments ont été détruits, le jeudi 24 octobre dernier à 3 h du matin. Nous avons tout perdu lors de cette opération de déguerpissement. Nous n’avons pu sauver aucun bagage. Nous dormons dans la rue, sur des tables, sous la pluie et le soleil. Nous demandons pardon au gouvernement de se pencher sur notre situation. Nous ne savons plus désormais à quoi nous en tenir ? », a plaidé Traoré Moussa, l’un des propriétaires de cour. Massendjé Bakayoko, locataire de l’une des maisons de Traoré Moussa, n’a pas pu retenir ses larmes. « Ils sont venus nous réveiller à 3 h du matin. Nous ne savons plus où dormir. Mon fils, en classe de terminale, a perdu toutes ses fournitures scolaires. Le gouvernement n’a qu’à faire quelque chose pour nous. Nous dormons dehors », a-t-elle lâché.
Fofana Ibrahim, un autre propriétaire de cour a dénoncé un vice de procédure dans cette opération. « Ils sont venus à 3 h du matin pour nous demander de sortir des maisons. Même pour faire déguerpir un locataire, on lui donne au moins trois mois. Notre préoccupation, actuellement, est de rentrer en possession de nos cours. Nous demandons seulement à l’État de réparer ce préjudice », a-t-il revendiqué.
Pauquoud Charles Noël (Correspondant régional)
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Pauquoud Charles Noël
Journaliste Correspondant
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