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Espace CEDEAO : Le Ghana, une Économie au bord de l’asphyxie (inflation, dette, terrorisme)
Publié le : 15 février 2025 par DJOMANDE Aziz

NANA AKUFFO-ADDO ANCIEN PRESIDENT DU GHANA (PH:DR)
Selon les modèles macroéconomiques de Trading Economics et les prévisions des analystes, le PIB du Ghana devrait atteindre 78,97 milliards USD d'ici la fin 2024. À long terme, le PIB du Ghana devrait évoluer autour de 82,52 milliards USD en 2025 et 86,56 milliards USD en 2026, selon nos modèles économétriques.
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La dette extérieure du Ghana a été en moyenne de 15 260,09 millions USD de 2007 à 2024, atteignant un sommet historique de 31 023,88 millions USD au deuxième trimestre de 2024 et un niveau record de 2 310,06 millions USD au premier trimestre de 2007. Le Ghana, longtemps présenté comme un modèle économique en Afrique de l’Ouest, traverse une crise sans précédent.
C’est l’hémorragie financière au Ghana
Selon un rapport de la Commission de la CEDEAO (2023), la croissance du PIB réel, qui culminait à 14 % en 2011, s’est effondrée à 3,1 % en 2022. Un déclin vertigineux qui contraste avec la moyenne régionale (4,4 % en 2022). « Le pays a perdu son statut de locomotive. La pandémie et la guerre en Ukraine ont aggravé des vulnérabilités structurelles », analyse Dr Kwame Addo, économiste à la CEDEAO.
Le déficit budgétaire, déjà à 4,7 % du PIB en 2019, a bondi à 11,7 % en 2020 sous l’effet des dépenses sanitaires et sociales liées au COVID-19. Malgré une légère amélioration (8,3 % en 2022), il reste bien au-dessus de la cible légale de 5 %. Conséquence : la dette publique a explosé, passant de 21,8 % du PIB en 2013 à 36,69 % en 2022. Les paiements d’intérêts absorbent désormais 45 % des recettes publiques, paralysant l’État. « Le service de la dette étouffe les investissements vitaux comme l’éducation ou les infrastructures », déplore Ama Serwah, experte financière à Accra.
En 2022, l’inflation annuelle a atteint 31,5 %, avec un pic à 54,1 % en fin d’année – un record depuis 30 ans. La dépréciation du cedi (monnaie locale), les prix du pétrole et les perturbations des chaînes d’approvisionnement ont plongé les ménages dans une précarité inédite. « Un sac de riz coûte deux fois plus cher qu’en 2021. Les salaires ne suivent pas », témoigne Kofi Mensah, commerçant à Kumasi. La Banque du Ghana, sous pression, a engagé un resserrement monétaire drastique, mais l’inflation devrait encore frôler 29,5 % fin 2023.
Plan de sauvetage du FMI : Ultime recours ou fuite en avant ?
Avec un accord de 3 milliards de dollars signé en 2023, le FMI impose une cure d’austérité : réduction du déficit à 7,1 % du PIB en 2023, restructuration de la dette et réforme du secteur financier. Les projections tablent sur une croissance timide (2,9 % en 2023, 4,9 % en 2025), loin des 6,8 % d’avant la pandémie.
« Sans discipline budgétaire, le Ghana risque un défaut de paiement », alerte un responsable du FMI sous couvert d’anonymat. Mais la restructuration de la dette intérieure, essentielle, fragilise les banques locales. « Si l’État ne recapitalise pas les établissements, le système financier pourrait s’effondrer », prévient Yaw Boateng, directeur d’une banque à Accra.
Si le Ghana reste un îlot de stabilité dans une région secouée par les coups d’État (Mali, Burkina Faso, Niger), la menace terroriste se rapproche. Les groupes jihadistes, en progression vers les pays côtiers, exploitent les frontières poreuses et le sous-développement du Nord. « Les régions septentrionales, marginalisées, sont une poudrière. Le chômage des jeunes les rend vulnérables au recrutement terroriste », explique le colonel Issahaku Ahmed, expert en sécurité.
Jeunesse désœuvrée et instabilité politique : Un cocktail explosif
Avec un taux de chômage des jeunes atteignant 19,7 % en 2023, les frustrations sociales montent. Les récents putschs dans la CEDEAO alimentent les craintes d’une contagion. « Les difficultés économiques et le manque de perspectives créent un terreau fertile pour les troubles », souligne Efua Sutherland, sociologue.
Entre austérité imposée par le FMI, le Ghana navigue en eaux troubles. « La priorité est de restaurer la confiance des investisseurs et de relancer l’emploi. Sans cela, même l’accord du FMI ne suffira pas », insiste Dr Addo. Alors que 2025 s’annonce critique, le pays doit éviter à tout prix de basculer dans le chaos qui frappe ses voisins. C’est l’une des premières missions de la nouvelle Administration Dramani.
Ghana’s GDP is around $65 billion and if this stolen wealth could be recovered, it would be a historic patriotic act!
— Scott (@scottbolshevik) February 11, 2025
You can’t mention Africa’s most corrupt and wicked leaders without Nana Addo—just like you can’t omit Sani Abacha and Mobutu! pic.twitter.com/66BYzssqtR
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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