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PME : 05 choses à savoir de la nouvelle stratégie de développement pour la PTI
Publié le : 10 juillet 2025 par DJOMANDE Aziz

La petite transformation industrielle (PTI) en Côte d’Ivoire fait face à des défis importants. Contrairement aux entreprises de taille moyenne ou aux grandes sociétés, les petites structures peinent à accéder aux financements. Elles manquent souvent de garanties suffisantes, évoluent dans un écosystème peu favorable et sont fréquemment exclues des marchés publics, faute d’être formalisées.
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Une large part de ces entreprises évolue dans l’informel, ce qui limite leurs perspectives de développement, d’innovation et d’exportation. Les marges bénéficiaires sont faibles, et les opportunités de croissance quasi inexistantes. Les petites entreprises de transformation industrielle vivent donc dans des conditions précaires, avec peu de chances d’élargir leur activité ou de moderniser leurs outils. Cette réalité souligne l’importance d’une stratégie adaptée, qui prenne en compte les spécificités de ce secteur.
Une stratégie centrée sur la formalisation et l’accompagnement
L’étude menée par le cabinet Casa, en collaboration avec différents acteurs, souligne que des dispositifs de soutien existent déjà en Côte d’Ivoire, mais ils ciblent surtout les entreprises de taille moyenne et les grandes sociétés. La nouvelle stratégie vise à adapter ces dispositifs aux besoins particuliers des petites entreprises. Un des axes majeurs est la formalisation. Beaucoup d’entrepreneurs évoluent dans l’informel non par volonté de contourner la loi, mais faute d’accès au formel, qui demande des ressources et un accompagnement, spécifiques. La stratégie propose donc un point d’entrée unique, incarné par la Direction de la Compétitivité Industrielle (DCI), qui centralisera les demandes d’accompagnement et de financement.
Ce guichet unique permettra d’analyser les besoins techniques, financiers et en compétences, puis d’orienter les entrepreneurs vers les structures adaptées. L’accompagnement technique sera renforcé, avec un focus sur la montée en compétences, la modernisation des équipements et l’intégration de pratiques durables.
La question de la durabilité est essentielle : un petit transformateur d’huile de palme, par exemple, peut être contraint d’arrêter son activité faute de moyens pour traiter ses rejets polluants. De même, l’accès à l’énergie reste un défi majeur, notamment pour les entreprises éloignées des infrastructures électriques. La stratégie prévoit donc un soutien pour faciliter cet accès, sans que les entrepreneurs aient à supporter seuls les coûts.
Des ambitions établies pour la croissance et la compétitivité
L’étude met en avant plusieurs objectifs stratégiques. Le premier est le renforcement de la compétitivité des petites entreprises, notamment par la modernisation des outils de production et l’adoption de technologies innovantes. Ensuite, il s’agit de faciliter l’accès aux financements, en optimisant l’usage des fonds existants, comme ceux de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale ou d’autres partenaires.
La stratégie vise aussi à encourager la transition des entreprises de l’informel vers le formel, afin d’élargir la base fiscale et d’améliorer la participation au marché public. Aujourd’hui, environ 60% des entreprises industrielles évoluent dans l’informel, représentant près de la moitié du PIB industriel. Ce poids important souligne le potentiel de croissance que recèle la formalisation.
Enfin, la stratégie propose de mieux intégrer la petite transformation industrielle dans l’écosystème économique national, en assurant une gouvernance efficace et une coordination renforcée entre les différents acteurs. Le rôle de la DCI sera central dans cette organisation, en tant que « routeur » des demandes et coordinateur des interventions.
Un secteur concentré autour d’Abidjan et aux multiples facettes
La petite transformation industrielle regroupe principalement des PME opérant dans la transformation de produits agricoles, le textile, la chimie ou la métallurgie. Les secteurs purement artisanaux et l’extraction des matières premières sont exclus de cette définition. Sur le plan géographique, 80% des entreprises sont localisées à Abidjan et dans ses environs, ce qui révèle une faible pénétration du secteur dans le reste du territoire. Cette concentration pose un défi en termes d’aménagement et de développement régional.

Le secteur est capitalistique par nature, ce qui signifie que les investissements nécessaires sont souvent lourds. Or, les petites entreprises disposent de marges limitées et rencontrent des difficultés pour constituer des garanties bancaires. Par ailleurs, beaucoup d’entrepreneurs maîtrisent leur métier mais peinent à gérer les aspects financiers, administratifs ou technologiques. Cette situation souligne l’importance d’un accompagnement global et adapté.
Un investissement conséquent pour des retombées attendues
La mise en œuvre de cette stratégie est estimée à environ 280 milliards de francs CFA sur cinq ans. Ce budget vise à financer l’ensemble des actions, depuis l’accompagnement technique jusqu’au soutien financier, en passant par la coordination institutionnelle. Les retombées attendues sont multiples : création d’emplois, élargissement de l’assiette fiscale, amélioration de la compétitivité et développement d’un secteur industriel plus structuré et durable.
Le gouvernement, à travers le ministère du Commerce et de l’Industrie, est pleinement engagé dans ce processus, avec le soutien des partenaires techniques et financiers. Cette nouvelle stratégie pour la petite transformation industrielle en Côte d’Ivoire s’appuie sur une analyse approfondie des besoins et des contraintes du secteur présentée en atelier, ce jeudi 10 juillet. Elle propose des solutions concrètes pour accompagner les petites entreprises vers la formalisation, la modernisation et la durabilité, tout en renforçant leur accès au financement. Le défi reste de taille, mais les ambitions affichées ouvrent une voie prometteuse pour un secteur clé de l’économie ivoirienne.
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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