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Relations avec les décideurs, non-respect des mesures étatiques,… Doukoua Godé, Président de la Fédération des associations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Fac-Ci)...
Publié le : 21 mars 2018 par Alassane SANOU
Dans cette interview qu’il nous a accordée en marge de la célébration de la Journée mondiale des droits des consommateurs le 15 mars 2018, le président de la Fédération des associations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Fac-Ci), Doukoua Godé s’exprime sur les relations associations de consommateurs - décideurs, le non-respect des mesures prises par l’Etat, les attentes des consommateurs, …
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La Côte d’Ivoire célèbre à l’instar des autres pays du monde la Journée mondiale des droits du consommateur. Quelle est l’opportunité d’une telle journée ?
Cette journée a pour objectif de commémorer les 8 droits du consommateur. C’est une journée commémorative qui a son histoire parce que les 4 premiers droits du consommateur ont été votés par le congrès américain le 15 mars 1962. C’est en souvenir de ce vote que depuis 1983 les droits des consommateurs sont célébrés tous les 15 mars. On choisit un thème sur lequel, au plan mondial les organisations de consommateurs se prononcent pour sensibiliser les pouvoirs publics, les opérateurs privés mais également les consommateurs sur la nécessité de protéger nos droits.
En Côte d’Ivoire, on ne sent pas un grand engouement pour cette célébration. A quoi cela est-il dû selon vous ?
Cela est dû au fait que les consommateurs eux-mêmes ne sont pas très sensibilisés à la promotion et à la protection de leurs droits. A l’implication de l’autorité publique. Je vous el disais que c’est depuis 1983 que cette journée est célébrée et en Côte d’Ivoire c’est depuis 1999 que la première journée a été célébrée en Côte d’Ivoire. L’un dans l’autre, les gens n’ont pas encore compris l’importance de cette journée pour leurs droits.
Que faites-vous pour les y impliquer réellement ?
Il nous revient de sensibiliser les populations, de leur dire l’intérêt que comporte cette journée pour leurs droits parce que comme je me plais à le dire, nous sommes tous des consommateurs.
Justement, les associations de consommateurs ont la réputation fausse ou non, vous me direz, d’être plus au service de leurs responsables qu’autre chose. Concrètement comment défendez-vous les intérêts des consommateurs ?
C’est un faux procès. Cela provient d’une méconnaissance de la mission noble que s’est fixée les associations de consommateurs qui en fait, font du bénévolat au profit de l’intérêt public. Tout ce que nous faisons c’est pour l’intérêt des populations. Je disais tantôt que nous sommes tous des consommateurs. La lutte que nous menons profite à tous les consommateurs. Alors je pense que ce sont de mauvaises langues, ils ne savent pas ce que nous faisons. Autre chose c’est qu’il n’y a pas beaucoup de communication autour de tout ce que nous faisons. Tout ce que vous faites s’il n y a pas de communication, vous consentez avec moi que ceux qui sont en face de vous ne connaissent pas ce que vous faites, on ne fait que porter un mauvais jugement. Et c’est ce qui se passe. Sinon les organisations de consommateurs appartenant à une société, il y a dans cette société des bons et des mauvais grains mais forcément, je pense qu’il y a plus d’organisations de consommateurs sérieuses que d’organisations qui ne pensent autre chose que la protection des intérêts des consommateurs.
Pour vous qui êtes l’une des premières organisations de consommateurs en Côte d’Ivoire, quel regard portez-vous sur le respect des droits des consommateurs en Côte d’Ivoire ?
Nous pensons qu’il y a une évolution. Parce qu’à l’époque le cadre juridique même n’existait pas. La notion de consommateur n’existait pas, on parlait de client. Le travail que nous faisons nous a amené à aboutir, après plusieurs années, à la prise d’une loi depuis 2016 portant code de la consommation. Cette loi permet aujourd’hui aux associations de consommateurs d’ester en justice lorsqu’un consommateur a ses droits qui sont bafoués. Même l’Etat a mis en place des structures qui n’existaient pas. Il y a un Conseil national de lutte contre la vie chère qui a été créé. Cela veut dire que l’Etat même à travers le ministère du Commerce, s’implique profondément dans l’intérêt des consommateurs. Don il y a une évolution. Nous n’avons aps encore atteint ce que nous voulons mais nous pensons que nous sommes sur une bonne voie et que dans les années à venir, les droits du consommateur seront suffisamment protégés en Côte d’Ivoire.
Pour un citoyen lambda qui comme vous l’avez dit est automatiquement un consommateur, c’est quoi la procédure pour vous interpeller sur une question relative aux droits des consommateurs ?
Elle est toute simple. Lorsque vous savez que vos droits sont bafoués, vous pouvez faire un courrier pour porter plainte e ce courrier vous l’adressez à l’association des consommateurs. Dans cette plainte vous expliquez les difficultés que vous avez eu avec soit un opérateur public ou privé. L’organisation se saisit de cette plainte ‘l’analyse et va vers l’opérateur mis en cause prou lui poser la préoccupation du consommateur. Lorsqu’une solution à l’amiable n’est pas trouvée, en tant qu’organisation d consommateur légalement constituée ayant la personnalité et la capacité juridiques, nous pouvons ester en justice au nom de ce consommateur afin que le préjudice qui lui est causé puisse être réparé.
Da façon générale quelles sont les difficultés qui vous sont remontées par les consommateurs ?
Elles sont de plusieurs ordres. La défense des droits des consommateurs vise plusieurs intérêts. Il y a les intérêts économiques, les intérêts physiques et les intérêts juridiques. Ce qui revient très souvent, ce sont les intérêts économiques c’est-à-dire le fait qu’un consommateur se sente grugé par un opérateur économique qui n’a pas respecté le prix d’un bien ou d’un service. Il nous revient également que ce soit pour son intérêt physique. Cela porte sur la qualité du produit ou du service qui oui est offert. Donc de façon générale, les plaintes portent sur la qualité et le coût des biens et services.
En Côte d’Ivoire, on dénonce régulièrement La difficile application des décisions prises par le gouvernement notamment la récente mesure de plafonnement des prix et l’ensemble des décisions en faveur des consommateurs. Vous en tant que président d’une organisation de consommateurs, quelles pourraient être les solutions pour une meilleure mise en œuvre de ces décisions ?
Déjà concernant la mesure de plafonnement des prix, nous aurons voulu à la place un blocage. Parce que le plafonnement vous indique une fourchette de prix pour un produit, cela ne nous arrange pas. Alors que le blocage des prix fixe clairement le prix des biens.
Deuxièmement, il est important que ces décisions qui sont prises soient respectées. Mais pour amener au respect de ces décisions, il y a des autorités qui sont en charge de faire les contrôles. Il faut que les contrôles soient faits de manière efficiente et efficace. Il revient à l’autorité régalienne de mener des contrôles systématiques et de punir les contrevenants. Il faut que chacun fasse sa mission de telle sorte que les bonnes décisions qui sont prises pour protéger les consommateurs profitent aux consommateurs et que les opérateurs véreux ou ma ; intentionnés n’en profitent pas pour s’enrichir illicitement. Mais il revient également au consommateur d’être plus vigilant et de dénoncer quand ils le savent.
Vous l’avez dit chacun a un rôle à jouer pour la mise en œuvre effective de ces mesures. Au niveau de la Fac-Ci spécifiquement, qu’est ce qui est fait dans ce sens ?
La Fac-Ci a mis en place une stratégie qui consiste en la sensibilisation et en la formation de nos membres parce qu’il va falloir que nos membres connaissent leurs droits et leurs obligations. C’est important. Nous communiquons régulièrement avec les autorités en charge des contrôles. Nous les saisissons de tous les mauvais comportements que nous constatons au niveau des opérateurs économiques. Par ailleurs nous faisons des propositions concrètes au gouvernement sur certains aspects de la protection des droits des consommateurs de telle sorte que les décisions qui sont prises puissent atteindre leurs objectifs. Parce que prendre de bonnes décisions et que ces décisions ne soient pas respectés, la problématique de la cherté de la vie continuera de perdurer et les intérêts des droits des consommateurs continueront d’être bafouées. Nous appelons les consommateurs à la vigilance. Il va falloir que nous saisissions cette capacité de nous plaindre.
Quel est à ce jour, l’état des relations entre les associations de consommateurs et les décideurs ?
Beaucoup ont compris les missions que mènent les associations de consommateurs. Beaucoup ne l’ont pas encore compris mais à partir du moment où une grande majorité commence à adhérer à cette vision de la protection des intérêts des consommateurs c’est appréciable. L’Etat dans ses missions a également une mission sociale. Celle d’apporter un mieux-être économique et social aux populations. Nous avons les mêmes objectifs même si nous ne représentons pas les mêmes entités.
Ce qui nous rassure aujourd’hui c’est que le gouvernement, au plus haut niveau, a pris à bras le corps cette bonne collaboration parce que le gouvernement a compris aujourd’hui que c’est dans cette collaboration que nous pourrions ensemble trouver des solutions aux problématiques qui se posent aux consommateurs. Notamment la problématique endémique de la vie chère en Côte d’Ivoire.
Nous sommes à une sorte de journée bilan pour réfléchir à l’amélioration de la protection des droits de consommateur. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’Etat en vue d’une meilleure prise en charge des difficultés du consommateur ivoirien ?
Nos attentes sont que l’Etat garantisse une très bonne collaboration avec les organisations de consommateurs. Ce qui est déjà fait et qui peut être amélioré. L’Etat qui prend des textes doit aussi veiller à la bonne application de ces textes. Malheureusement de très bons textes mais qui pêchent dans leur application et quand c’est ainsi, ces textes n’atteignent pas leurs objectifs.
Il est important également que tous les démembrements de l’Etat aient la même compréhension de la protection des intérêts des consommateurs. Parce que certains ministères ont bien compris et d’autres pas encore. Pourtant la société civile que nous représentons devient aujourd’hui, un pilier à la tête de la bonne santé de l’économie mais également de la protection des intérêts des populations.
Ce serait quoi votre mot de fin?
Mon mot de fin serait de souhaiter une bonne fête des consommateurs et que tout ce qui a été dit en cette journée ne reste pas lettre morte. Qu’à partir de cette journée, il y ait davantage de protection pour les intérêts des consommateurs en Côte d’Ivoire, de garantie qui sont offertes aux consommateurs dans le sens de la protection de leurs intérêts économiques, juridiques et politiques. Je souhaite également une très bonne collaboration avec les autorités étatiques de sorte qu’on vienne à bout de cette problématique de la cherté de la vie qui n’a que trop durer.
Entretien réalisé par Alassane SANOU
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Alassane SANOU
Journaliste Reporter
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