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Côte d’Ivoire : Comment le pays veut freiner la consommation de la drogue « Kadhafi » et protéger la jeunesse
Publié le : 03 octobre 2023 par Elvis GOUZA
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Un carton de "tramadol" saisi par la police
La consommation de la drogue nommée « Kadhafi » a pris de l’ampleur en Côte d’Ivoire. Elle touche toutes les couches sociales et plus particulièrement la jeunesse. L’Etat ivoirien, les médias, les organisations non gouvernementales (ONG), bref, tout le monde mène des actions pour freiner ce fléau qui détruit la jeunesse ivoirienne à petit feu…
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L’année académique 2023-2024 a débuté le lundi 11 septembre 2023 partout en Côte d’Ivoire. Quelques jours avant la reprise des classes, une nouvelle drogue abusivement nommée "Kadhafi" a inondé les milieux des jeunes ivoiriens. Ses conséquences sont catastrophiques.
La drogue « Kadhafi » et ses conséquences sur les usagers
La drogue que les jeunes consommateurs ivoiriens appellent « Kadhafi » est en réalité un mélange de comprimés de Tramadol dosés à 250 mg et la boisson alcoolisée "Vody" dosée à 18% d’alcool. Le Tramadol existe sous forme de comprimés. À l’origine, il est prescrit exclusivement dans le traitement des douleurs modérées ou sévères.
Quant au "Vody", c’est une boisson énergisante alcoolisée. C’est un concentré d’acide pantothénique, d’arômes, de niacine, de vitamine B6 et B12. C’est donc le cocktail molotov obtenu du mélange de ces deux entités que les jeunes Ivoiriens, à la recherche de sensations fortes, ont baptisé « Kadhafi ».
Ces jeunes oublient ou ne savent peut-être pas qu’en consommant cette drogue, ils s’exposent à de graves problèmes de santé, notamment la somnolence, les vertiges, les vomissements, les convulsions, les hallucinations et l’anxiété, prévient le Capitaine Kobé Bohi, responsable de la cellule de lutte contre ces types de médicaments à la direction des stupéfiants et des drogues.
« Le prix du comprimé varie entre 500 et 1 000 francs CFA. Un seul suffit pour sentir son effet. C’est un nouveau concept qui attire les jeunes. Mais la drogue "Kadhafi" est vraiment forte, elle a des effets néfastes sur le consommateur » insiste-t-il.
Les conséquences de la drogue « Kadhafi » se voit dans de courtes vidéos postées sur les réseaux sociaux où ces jeunes consommateurs dorment tout en étant debout, ils dorment assis, le regard hagard, quelques fois, certains d’entre eux peinent à trouver leur latin.
Après quelques investigations, il ressort que les jeunes Ivoiriens ont été incités à la consommation de cette drogue après la diffusion sur un réseau social d’une chanson du groupe « 100 Papo », et dont le refrain est « Je veux wôrô mon Kadhafi ». Ce bout phrase, tiré de l’argot ivoirien, « le nouchi » signifie en français, « Je veux me défoncer au Kadhafi ». Les images et les vidéos devenaient de plus en plus inquiétantes, l’opinion s’alarmait et interpellait les autorités qui n’ont pas tardé à réagir.
Offensives et saisies de la police nationale
Après les différentes publications et messages de détresse de l’opinion, la police ivoirienne, a décidé de passer à l’offensive. En effet, la police nationale a procédé à des saisies les 6 et 12 septembre 2023 à Abidjan, à Ferkessédougou et à San Pedro. « Nous avons tous été témoins des nombreuses publications sur les réseaux sociaux indiquant la mise sur le marché d’une nouvelle drogue en Côte d’Ivoire nommée "Kadhafi".
C’est donc dans l’optique de lutter contre ce stupéfiant que le Directeur Général de la Police nationale, l’administrateur de police, Youssouf Kouyaté, a instruit le préfet de police et la police des stupéfiants en vue de mener des opérations d’envergure pour mieux cerner le phénomène et procéder à des saisies » a révélé la commissaire principale, Touré Atchet Mabonga, directrice de la police des stupéfiants et des drogues (DPSD).
A San Pedro, 927 kg de comprimés taxés de « qualité inférieure » ont été saisis le 12 septembre à San Pedro (sud-ouest) et 16 000 comprimés ont également été saisis à Ferkessédougou, chef-lieu de la région du Tchologo, au nord de la Côte d’Ivoire. Quelques jours après, la police nationale a fait une descente musclée dans le célèbre marché « Roxy » d’Adjamé pour procéder à la fermeture du compartiment de commercialisation de médicament.
Visites inopinées de la police dans des marchés du district d'Abidjan
Il faut savoir que quelques jeunes viennent s’approvisionner en "Tramadol" et en "Vody" dans ce marché. Des sources au sein de la police nationale ont révélé que des visites inopinées sont menées dans les principaux marchés de Treichville, d’Abobo, d’Adjamé, de Port-Bouët, etc. Ces policiers fouillent les coins et recoins, fouillent dans les bassines des commerçantes pour s’assurer que ces dernières ne cachent pas de drogues destinées à être vendues aux jeunes gens et plus particulièrement ceux exerçant dans le transport en commun.
« C'est presque toutes les catégories de jeunes qui consomment cette drogue. Ça peut être des chauffeurs, des conducteurs, les habitants de nos différentes communautés... », explique le capitaine Olivier Dosso, commissaire principal de police, chef de district de police d’Abobo.
Les parents exhortés à jouer leur rôle
Dr Tia, bio-anthropologue au Programme National de Lutte contre le Tabagisme, l'Alcoolisme, la Toxicomanie et les autres Addictions (PNLTA) a exhorté les parents à ouvrir les yeux, à fouiller les cartables de leurs enfants si possible afin d'éviter qu'ils transportent la drogue. De plus, il appelle à un dialogue entre les parents et leurs enfants. Selon lui, en plus des actions de répressions entamées par les forces de l'ordre, il est utile d'associer les parents à cette lutte contre la drogue "Kadhafi". Il serait également idéal d’associer des artistes dans la lutte contre la consommation de la drogue.
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