Demain, votre colis sera livré par un humanoïde : Amazon ouvre la voie à la livraison 2.0

Littéralement. Amazon, pionnier de la logistique moderne, lance des tests grandeur nature aux États-Unis pour utiliser des humanoïdes dans la livraison de colis. Une première étape vers une automatisation visible, tangible… et peut-être inévitable.

Des humanoïdes à bord des camionnettes électriques

D’après le média Electrek, Amazon prévoit de faire voyager ces robots dans ses fourgonnettes électriques Rivian, déjà déployées à plus de 20 000 exemplaires à travers le pays. Jusqu’ici, la livraison s’effectuait entièrement par un humain. Désormais, les humanoïdes descendraient du véhicule, prendraient un colis, le déposeraient devant la porte, puis remonteraient. Une révolution silencieuse.

Ce n’est pas une robotisation complète du processus, mais une hybridation : le robot assiste l’humain, avec en ligne de mire une future autonomie. Le dernier mètre celui qui sépare le véhicule de votre seuil est le plus coûteux et chronophage. Automatiser cette tâche pourrait transformer le modèle économique de la livraison.

Un centre d’entraînement digne d’un film de SF

Pour que ces humanoïdes soient prêts à affronter trottoirs, escaliers, flaques d’eau, chiens curieux ou paillassons glissants, Amazon a conçu un véritable centre d’entraînement indoor. Ce "parc humanoïde" comprend des parcours d’obstacles, des simulations de trajets et même un véhicule Rivian à l’arrêt. Objectif : évaluer la capacité des robots à se mouvoir dans un environnement réel, loin de la précision prévisible des entrepôts.

Mais Amazon pourrait bien être le premier à déployer ses humanoïdes à grande échelle, dans un cadre commercial concret. Car la livraison est un champ d’application direct, mesurable et immédiatement rentable.

Jusqu’ici, Amazon testait des robots dans ses centres logistiques des bras mécaniques pour trier, déplacer ou empiler des colis. Mais le monde extérieur, avec ses imprévus et sa complexité, représente un défi bien plus grand.

Une technologie made in China, et une IA maison

Fait marquant : pour cette expérimentation, Amazon fait appel au robot G1 de Unitree, une entreprise chinoise spécialisée dans la robotique quadrupède et humanoïde. Le G1, récemment vu en pleine démonstration de kickboxing, combine agilité, force et stabilité. D'autres modèles pourraient être intégrés au programme à terme.

Parallèlement, Amazon développe sa propre intelligence artificielle embarquée, mais s'appuie sur des modèles open source chinois, notamment ceux de DeepSeek et Alibaba. Une collaboration technologique transnationale qui illustre le rôle central de la Chine dans le développement de l’IA et de la robotique humanoïde.

Une course mondiale à l’humanoïde

L’enjeu est global. La Chine est actuellement en tête avec 50 à 60 entreprises actives dans la robotique humanoïde. Le pays ambitionne de produire plus de 10 000 humanoïdes dès 2025, soit plus de 50 % de la production mondiale. Une stratégie clairement assumée : pallier la pénurie de main-d’œuvre liée au vieillissement de la population.

Selon Citigroup, le marché mondial de la robotique humanoïde pourrait atteindre 7 000 milliards de dollars d’ici 2050, avec 648 millions de robots en activité. Des chiffres vertigineux qui confirment que cette transformation n’est plus une simple tendance mais un changement de paradigme.

Tesla, Figure AI : les challengers américains

Amazon n’est pas seul sur ce terrain. Tesla développe le robot humanoïde Optimus, présenté comme un assistant généraliste, capable de porter des charges, visser, trier ou marcher. De son côté, la startup Figure AI travaille à des robots autonomes capables d’assister dans les tâches quotidiennes.

Mais Amazon pourrait bien être le premier à déployer ses humanoïdes à grande échelle, dans un cadre commercial concret. Car la livraison est un champ d’application direct, mesurable et immédiatement rentable.

Quel avenir pour les livreurs humains ?

L’arrivée de robots humanoïdes dans la livraison pose des questions sociales cruciales. Si, dans un premier temps, ils viennent en renfort, rien ne garantit qu’ils ne finiront pas par remplacer progressivement les humains. Cela soulève des enjeux d’emploi, de reconversion, mais aussi de confiance : sommes-nous prêts à interagir avec des machines plutôt qu’avec des personnes ?

Dans un secteur déjà soumis à une pression constante sur les délais et les coûts, l’humanoïde apparaît comme une réponse technologique à une exigence économique. Mais cette mutation devra s’accompagner d’un débat éthique sur la place du travail humain dans un monde automatisé.

Une mutation industrielle en temps réel

Ce que met en place Amazon aujourd’hui est bien plus qu’une expérimentation technique : c’est la première brique visible d’un futur logistique automatisé. Si les tests s’avèrent concluants, ces robots pourraient débarquer dans nos villes, nos campagnes, et pourquoi pas, demain, dans nos immeubles.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez sonner à votre porte, ne soyez pas surpris si ce n’est pas un livreur en chair et en os… mais un humanoïde bien huilé, prêt à déposer votre colis avec une précision algorithmique.