Page triste / Sénégal : Mamadou Camara, président du Conseil constitutionnel est décédé ce jeudi à Dakar

On se rappelle encore que c'est ce juge de classe exceptionnelle qui a obligé Macky Sall à retenir à bonne date l'élection présidentielle du 24 mars 2024 pour question conformité constitutionnelle et de respect de la règle de courtoisie en matière de compteur de mandat. La nouvelle du décès est tombée en milieu de matinée et s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux où des vagues d’hommage saluaient la mémoire d’un magistrat d’une rare rigueur, au moment même où le Sénégal s’engage dans des réformes institutionnelles profondes. Via les réseaux sociaux, de nombreuses personnalités ont exprimé leur tristesse et ont rendu hommage à ce grand serviteur de l’État.

Une série d’hommages

Le journaliste Madiambal Diagne a écrit sur X (anciennement Twitter) : « De Dieu nous venons, à Dieu nous retournons. Nous venons d’apprendre le décès de Mamadou Badio Camara, ce matin à Dakar. Il était Président du Conseil constitutionnel. Nos condoléances à sa famille et à toute la compagnie judiciaire. Paix à son âme. »

Le député Cheikh Ahmed Tidiane Youm a également salué la mémoire du défunt : « Le Sénégal vient de perdre un éminent juriste. Je m’incline devant sa mémoire et prie pour le repos éternel de son âme. Mes sincères condoléances à la famille éplorée et à l’ensemble de la nation sénégalaise. »

Un parcours exemplaire au service de la justice

Mamadou Badio Camara a consacré près de cinq décennies à la magistrature. Diplômé de l'École nationale d’administration et de magistrature (ENAM) en 1977, il a débuté comme substitut du procureur au parquet de Dakar. Il a ensuite été procureur de la République à Kaolack et Ziguinchor avant d’occuper divers postes au sein de la Cour d’appel, de la Cour de cassation et de la Cour suprême.

Nommé Premier président de la Cour suprême en 2015, il a ensuite accédé à la présidence du Conseil constitutionnel en 2022, une fonction très côté dans la stabilité institutionnelle du Sénégal. Il y a exercé avec autorité et discrétion, incarnant l’indépendance de la justice. Il a aussi été expert pour les Nations Unies et l’Organisation internationale de la Francophonie, ainsi que vice-président du Comité de l’ONU contre les disparitions forcées.

Le Conseil constitutionnel orphelin de son Président

Le décès de Mamadou Badio Camara laisse un vide institutionnel important dans l’appareil d’Etat sénégalais. En tant que président du Conseil constitutionnel, il était le garant de la régularité des élections et de la conformité des lois à la Constitution. Sa disparition survient à un moment clé, alors que le pays traverse une phase de transition politique et de rupture.

La nomination de son successeur, dans ce contexte sensible, sera observée de près. Elle devra non seulement assurer la continuité du travail engagé, mais aussi réaffirmer l’indépendance de cette institution essentielle à la démocratie sénégalaise. Jusqu’à présent, les autorités n’ont pas encore réagi officiellement. Aucun communiqué n’a été diffusé par la présidence ou le gouvernement, bien que plusieurs sources proches du Palais confirment la triste nouvelle.

J’ai appris avec tristesse le décès du Président Mamadou Badio Camara. Président du Conseil constitutionnel, il fut le Premier Président de la Cour suprême.

Je salue le parcours d’un grand serviteur de l’État et adresse mes condoléances à sa famille, à ses proches et à… pic.twitter.com/8zDBGSrRJ9

— Bassirou Diomaye Faye (@PR_Diomaye) April 10, 2025