Sommet de l’Otan à La Haye : Les Alliés face à la hausse des dépenses militaires

Le sommet de l'OTAN, qui réunira à La Haye les chefs d'État et de gouvernement des 32 membres de l'Alliance atlantique, intervient dans un contexte de tension durable sur le continent européen. L’agenda est dense. Mais un point domine largement les discussions celui de l'adoption d'une nouvelle cible budgétaire commune, poussée notamment par les États-Unis.

Volodymyr Zelensky pourrait faire le déplacement aux Pays-Bas la semaine prochaine. C'est ce qu'indique une source au sein de la présidence ukrainienne qui précise que la décision finale interviendra à la veille du sommet. Le président ukrainien entend profiter de cette tribune pour continuer à porter l'idée d'un cessez-le-feu dans le conflit qui s'oppose à son pays à la Russie.

L'exigence américaine des 5 %

Depuis plusieurs mois, la question des dépenses militaires est revenue avec insistance dans les échanges entre Alliés. En début d'année, Donald Trump, alors président élu mais non encore investi, a renouvelé sa position sur le fait que les pays européens contribueront au moins 5 % de leur produit intérieur brut à la défense s'ils veulent maintenir le soutien américain.

Son administration a transformé cette posture en proposition formelle à travers la voix de Mark Rutte. Le secrétaire général a annoncé que les Alliés devraient se prononcer, à La Haye, sur un objectif à 5 %, bien supérieur au seuil actuel de 2 %, en place depuis 2014.

Face aux réticences de plusieurs capitales, une formule d'équilibre a été proposée. L'effort demandé se décomposerait en deux volets dont 3,5 % du PIB consacré aux dépenses militaires directes ( équipement, personnel, entraînement ) et 1,5 % dédié à des éléments de sécurité plus larges , tels que la cybersécurité ou le renforcement des infrastructures nationales. Les aides aux industries de défense pourraient également entrer dans cette catégorie.

Une marche encore haute pour de nombreux pays

Ce nouveau seuil budgétaire s'annonce ambitieux. Selon les dernières données de l'Alliance, huit pays sur trente-deux sont encore en dessous des 2 % en 2024, malgré les engagements pris il ya une décennie. Seule la Pologne dépasserait déjà la barre des 3,5 %, avec un effort évalué à 4,12 % de son PIB. La France, pour sa part, atteint 2,06 %, tout juste au-dessus du plancher fixé en 2014.

Mais les pressions extérieures renforcent l'argument des partisans d'un effort accumulé. Le secrétaire général de l'Otan n'exclut pas une éventuelle confrontation militaire avec la Russie dans un horizon de cinq ans. Une hypothèse qui pousse les dirigeants européens à envisager sérieusement une montée en puissance coordonnée de leurs moyens de défense.

Au-delà de la question budgétaire, le sommet pourrait aussi servir de tribune politique pour les Alliés, alors que le soutien à l'Ukraine reste un marqueur fort de leur unité. La présence annoncée mais encore incertaine de Volodymyr Zelensky donnera à cette réunion un relief particulier. Le sommet de La Haye sera suivi, dès le lendemain, d'un Conseil européen à Bruxelles, où les Vingt-Sept aborderont à de nouveaux les sujets de défense, notamment sous l'angle industriel et budgétaire.

L'OTAN ne peut pas être une alliance dans laquelle chaque membre s'en va visiter le bureau ovale pour s'assurer de sa validité. Le prochain sommet de l'OTAN doit être l'occasion de repenser la place et les responsabilités des États européens en son sein à mesure qu'ils… pic.twitter.com/goF8EMwIOg

– Pierre-Romain Thionnet (@PR_Thionnet) 18 juin 2025