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Restrictions de visa : Boakai prend les devants pour éviter d’écorner l’image du Libéria

Publié le : 18 juin 2025 par DJOMANDE Aziz

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TRAVEL BAN USA-LIBERIA (PH:DR)

Le Libéria affiche déjà l’un des taux de refus de visa les plus élevés au monde pour les États-Unis. 78,2 % pour l’année 2023-2024. Une statistique qui s’explique, selon Washington, par des lacunes dans la capacité des demandeurs à prouver des « liens solides » avec leur pays d’origine, condition requise par la loi américaine sur l’immigration.

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Avec Donald Trump, Monrovia ne prendre aucun risque. Face à la pression de Washington, le Libéria accélère les réformes migratoires. Si les efforts ne sont pas jugés suffisants, les sanctions pourraient tomber rapidement. Et leur impact dépasserait le simple cadre des visas. Le Travel Ban peut causer comme dégâts des investissements ralentis, une image écornée du pays, isolement progressif…

La Maison Blanche sans caprices

Le Libéria jouerait gros. Sous la pression croissante des États-Unis, le président libérien Joseph Nyuma Boakai a mis en place une équipe de haut niveau pour éviter des sanctions migratoires susceptibles de peser lourd sur les relations entre Monrovia et Washington. Les pays qui ne renforcent pas le contrôle de leurs documents de voyage pourraient voir leurs citoyens frappés de lourdes restrictions d’entrée sur le territoire américain. Le Libéria, cité dans une note confidentielle du Département d'État américain, fuit désormais l'ombre d'une interdiction de visa qui pourrait affecter durablement ses ressortissants.

Face à cette perspective, le président Boakai a personnellement pris la main. Le 17 juin, depuis l’Executive Mansion, il a présidé la première réunion d’une task force spéciale interinstitutionnelle. Cette structure, composée des ministères de la Justice, des Affaires étrangères, de la Santé, de l’Intérieur, ainsi que de la police nationale, de l’Agence de sécurité nationale et du Bureau du conseiller à la sécurité, a pour mission de répondre, rapidement et concrètement, aux exigences américaines.

Aux côtés de Boakai, la ministre des Affaires étrangères, Sara Beysolow Nyanti, assure la coprésidence de l'équipe. Selon une note officielle, un plan de travail conjoint a déjà été défini. Il prévoit un suivi rigoureux et une évaluation régulière des efforts, dans le but de renforcer la coopération avec les États-Unis. L’engagement pris est sans détour de livrer dans les délais un programme crédible, appuyé par des preuves concrètes d’application.

Un ultimatum de 60 jours

La pression s’est intensifiée après la fuite d’un mémo interne du Département d’État, rendu public par le Washington Post. Le document place le Libéria sur une « liste jaune » regroupant 36 pays exposés à des sanctions migratoires. La note donne un délai de 60 jours, à compter de la mi-juin, pour mettre en œuvre des mesures correctives.

Faute de quoi, le Libéria pourrait basculer vers un statut plus restrictif : soit une « liste orange » aux visas sévèrement limités, soit la « liste rouge » qui correspondrait à une interdiction totale. Les conséquences d’un tel classement seraient majeures. Les étudiants, les familles, les hommes d’affaires et même les officiels seraient freinés dans leurs déplacements, avec des répercussions directes sur les échanges humains et économiques entre le Libéria et sa diaspora.

Une administration sous surveillance

Dans les documents transmis aux autorités libériennes, les Américains pointent également du doigt les failles du système d’état civil, la fraude aux passeports et le manque de coordination dans la gestion des identités. L’administration Boakai a tenté de réagir en lançant un décret sur les pièces d’identité biométriques, qui doit permettre à terme une meilleure traçabilité des individus. Mais pour les partenaires américains, les engagements doivent désormais se traduire en actes concrets.

Lors de la réunion du 17 juin, le président Boakai a insisté sur la transparence du processus. Il a ordonné que des mises à jour régulières soient partagées avec la population. « Notre administration est pleinement engagée en faveur de la bonne gouvernance, de l’État de droit et du renforcement de notre partenariat avec les États-Unis », a-t-il déclaré à l’ouverture des travaux.

Des diplomates proches du dossier estiment toutefois que la marge de manœuvre est étroite. Pour répondre aux attentes de Washington, les autorités libériennes devront accélérer les réformes administratives, renforcer les contrôles aux frontières et améliorer le partage d’informations avec les services de sécurité américains. Les sanctions pourraient tomber rapidement et leur impact dépasserait le simple cadre des visas : investissements ralentis, image écornée, isolement progressif… Le Libéria jouerait gros.


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Article rédigé par

DJOMANDE Aziz

Journaliste Reporter

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