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République « Post-Jammeh » : Les Députés Gambiens boycottent le 3e round de la Constitution
Publié le : 10 juillet 2025 par DJOMANDE Aziz

DIFFICULTE DE RELECTURE CONSTITUTIONNELLE EN GAMBIE (PH:DR)
Impossible dans R pour l’Exécutif Gambien. Les législateurs continuent d’imposer leur diktat à la nouvelle loi fondamentale. L’ère post-Jammeh présente encore ses printemps avec le nouveau boycott de l’adoption de la Constitution de la 4e République. L'Assemblée nationale de Gambie est composée de 58 députés. Parmi eux, 53 sont élus au suffrage universel direct, tandis que les 5 autres sont nommés par le président de la République.
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La Gambie, plus petit pays d’Afrique continentale avec une population d’environ 2,6 millions d’habitants, continue de faire face à des défis institutionnels en matière de gouvernance et de développement. Classée parmi les pays les moins avancés selon l’Indice de développement humain (IDH), elle occupe la 174e place sur 189 pays en 2021. Depuis son indépendance en 1965, suivie de la proclamation de la République en 1970, la Gambie a connu plusieurs évolutions constitutionnelles, notamment en 1965, 1970 et 1997.
L’actuelle Constitution, adoptée en 1997, a notamment permis à Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1994, de consolider son emprise sur ce pays anglophone enclavé dans le Sénégal, à l’exception d’une étroite façade côtière. Depuis la transition démocratique amorcée en 2017 avec l’élection d’Adama Barrow, la question d’une réforme constitutionnelle est au cœur des débats politiques.
Un projet de réforme constitutionnelle plusieurs fois renvoyés
La Commission de révision constitutionnelle, mise en place en juin 2018, avait présenté un premier projet en novembre 2019. Ce texte, qui visait à limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, incluait une clause rétroactive qui aurait empêché le président Adama Barrow de briguer un troisième mandat. Ce point avait suscité une forte opposition au sein de l’Assemblée nationale, qui avait rejeté le projet en 2020.
Quatre ans plus tard, le gouvernement a tenté de relancer le processus avec un nouveau projet, retirant cette clause rétroactive. Cette modification aurait permis à Adama Barrow, en fonction depuis 2017, de se présenter pour deux mandats supplémentaires à partir de l’adoption de la nouvelle Constitution. Malgré cette concession, le texte a de nouveau été rejeté lors d’un vote à l’Assemblée nationale en juillet 2025.
Lors de la deuxième lecture, le projet n’a pas obtenu la majorité qualifiée requise : 35 voix pour, 21 contre et un absent, alors que 44 voix étaient nécessaires pour passer à l’étape suivante. Le ministère de la Justice a qualifié ce rejet de revers pour les efforts visant à doter la Gambie d’un cadre constitutionnel rénové, capable de renforcer la démocratie, l’Etat de droit et la justice transitionnelle après des décennies de gouvernance autoritaire.
De nouvelles voies en vue pour la réforme
Malgré ce nouvel échec, le gouvernement a réaffirmé son engagement à poursuivre la réforme constitutionnelle, en insistant sur la nécessité d’un processus fondé sur la justice, la responsabilité et la souveraineté populaire. Le communiqué officiel souligne que d’autres options seront explorées, notamment des amendements à la Constitution actuelle ou l’organisation d’un référendum. Le processus de révision constitutionnelle a débuté en 2017 avec la création de la Commission de révision constitutionnelle (CRC), qui a mené des consultations à l’intérieur du pays et auprès de la diaspora.
Ce travail a bénéficié du soutien d’organisations locales, ainsi que de partenaires internationaux et des personnalités telles que Goodluck Jonathan et Mohamed Ibn Chambas. Les discussions ont porté sur plusieurs innovations majeures, dont la limitation des mandats présidentiels à deux, une mesure largement soutenue par les citoyens gambiens. Le projet visait également à renforcer la bonne gouvernance, à améliorer la transparence et à consolider la démocratie et l’état de droit dans le pays.
Un pays en quête de renouveau démocratique
La réforme constitutionnelle est perçue comme une étape importante pour la Gambie, qui cherche à tourner la page d’une période marquée par l’autoritarisme et l’instabilité. La limitation des mandats présidentiels est un sujet sensible, qui touche directement à la pérennité du pouvoir en place et à la crédibilité du système démocratique.
Le rejet du projet par l’Assemblée nationale témoigne des tensions politiques qui traversent le pays. Certains députés craignent que la suppression de la clause rétroactive ne permette au président Barrow de prolonger son mandat au-delà des limites initialement prévues, ce qui pourrait alimenter les divisions.
Pour autant, le gouvernement insiste sur le fait que la réforme vise à instaurer un cadre plus solide pour la gouvernance, en tenant compte des fragilités du pays identifiées lors d’une évaluation en 2021. La nouvelle Constitution devait également renforcer les mécanismes de contrôle et de responsabilité, afin d’éviter les dérives passées.
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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