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Coopération : Le Sénégal libéré de son allégeance militaire envers la France

Publié le : 18 juillet 2025 par DJOMANDE Aziz

ELEMENTS FRANCAIS QUITTENT LE SENEGAL (PH:DR)

La restitution des dernières installations françaises scelle définitivement le nouveau chapitre. Le 7 mars 2025, la France a commencé à restituer au Sénégal les premières infrastructures militaires dans le cadre de son retrait progressif du pays de la Téranga où elle était présente depuis 1960. Cette démarche, annoncée par l’Ambassade de France au Sénégal, a pris un tour cognitif en juillet avec la remise officielle des deux dernières installations à Ouakam et Rufisque, lors d’une cérémonie marquante tenue le 17 juillet.

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Le retour aux autorités sénégalaises des camps Geille, aéroport militaire et de quatre villas à Plateau parachève le retrait complet de l’armée française, qui devrait être achevé en septembre. Le ministre de la Défense sénégalais, il s’agit de passer d’un modèle de présence traditionnelle à « un partenariat rénové » fondé sur la coopération équilibrée, sans bases territoriales permanentes. Le départ officiel des troupes françaises entraîne aussi l’arrêt des contrats liés aux personnels sénégalais employés dans ces bases, plus de 160 salariés directs et jusqu’à 500 indirects via sous-traitants, avec un impact économique sur les communautés locales.

Un dispositif désormais relégué à l’histoire

Le général Pascal Ianni, commandant des forces françaises en Afrique, a admis « la fin d’une ère » et l’impératif pour la France de « repenser son engagement dans une Afrique en pleine mutation, où les nouvelles générations portent d’immenses espoirs ». Il a aussi insisté sur la poursuite des relations bilatérales, fondées cette fois sur les échanges et la formation, sans présence militaire permanente.

Implantée à Dakar depuis 2011, date de création des Éléments français au Sénégal (EFS), cette force d’environ 350 militaires, issus de treize nationalités, avait pris la relève des anciennes Forces françaises du Cap-Vert. Le dispositif s’articulait autour du quartier « colonel Frédéric Geille », de l’arsenal « contre-amiral Protet », ainsi que de plusieurs emprises dont l’aire militaire de l’aéroport Senghor, le parc de Hann et la station de Rufisque.

Le commandement était assuré par un officier général français, directement rattaché au chef d’état-major des armées, coordonnant la coopération et l’appui aux forces sénégalaises et régionales par le biais des détachements d’instruction opérationnelle. Au fil des années, les EFS sont devenus un creuset où la formation et le partage d’expérience poursuivaient la modernisation des armées des pays voisins.

Une nouvelle stratégie d’engagement pour redompter l’Afrique

Ce retrait profond n’est pas un acte de rupture, mais plutôt l’expression d’un changement d’approche plus large pour la France, qui, depuis plusieurs années, réévalue sa présence militaire en Afrique. Après avoir quitté le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Gabon, la France met fin à sa présence permanente en Afrique de l’Ouest et centrale. Les dispositifs de coopération se tournent désormais vers des « camps partagés » et la formation, avec un accent mis sur l’autonomie des forces locales et la coordination régionale.

Cette évolution est dictée par les attentes des États africains, plus désireux de souveraineté et de partenariats égalitaires que de bases étrangères sur leur sol. Au Sénégal, la décision se réfère également dans un contexte politique national favorable à cette « nouvelle ère » des relations franco-sénégalaises, où le président Bassirou Diomaye Faye porte un discours de partenariat renouvelé, éloigné des présences militaires à durée indéterminée.

Un événement symbole pour les relations bilatérales

La cérémonie de restitution des installations militaires a réuni des personnalités civiles et militaires de haut rang des deux pays. Elle symbolise le passage d’une coopération militaire historique à une relation plus moderne, centrée sur la formation, la sécurité partagée et le développement commun. Le général Mbaye Cissé, chef d’état-major sénégalais, a qualifié cet instant de « jalon dans le partenariat entre nos armées », tout en réaffirmant la volonté sénégalaise de renforcer la stabilité régionale avec ses homologues africains et européens.

La coordination étroite avec la France, certes sans présence permanente, reste un élément centrale de la stratégie de défense. Dans son allocution, le général Ianni a aussi rappelé que les défis contemporains appellent à des modes nouveaux d’action, privilégiant la coordination, la rapidité d’intervention et l’appui mutuel sans attaches matérielles prolongées.


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Article rédigé par

DJOMANDE Aziz

Journaliste Reporter

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