Ni Ivoirien, ni Français : Thiam, le petit-fils d’Houphouët devenu apatride ? - Chronique

Oui, Houphouët, le Père de la Nation, l’Ivoirien par essence, n’en revient pas : son petit-fils, Tidjane Thiam, radié de la liste électorale pour "manque de nationalité".

Qui Tidjane ? Tidjane le surdoué, le banquier des banquiers, l’homme de l’élite, le seul qui, selon ses fans, pouvait regarder Ouattara dans les yeux sans ciller.

Un homme sans pays

Le PDCI avait trouvé en lui un remède à son vieillissement politique. Et voilà que la justice vient de lui administrer un vaccin expéditif : article 48 du Code de la nationalité. Une piqûre sèche. Effets secondaires immédiats : radiation, inéligibilité, embarras général.

La juge a tranché net : en s'inscrivant sur la liste électorale en 2022, le requérant était  français depuis 1987, date de sa naturalisation. Alors Thiam a perdu sa nationalité ivoirienne depuis cette date donc ne devrait figurer sur la liste électorale à cette date.

Voilà trente-huit ans plus tard, ça refait surface, comme un vieux reçu d’impôt qu’on pensait perdu. Les avocats du PDCI crient à l’horreur, affirmant que Thiam est né binational, brandissent des papiers, des actes, des preuves... Peine perdue. La juge, elle, a fermé le guichet.

Résultat : un homme qui a perdu ses droits dans ces deux pays même si c'est pour le temps d'un contentieux électoral. Ni ivoirien, ni français. Appartenant désormais à la République universelle des Apatrides de Haut Standing. Une nouveauté dans le paysage politique ivoirien : l’apatride présidentiable.

Dans l’au-delà, Houphouët grogne : « Comment mon sang, ma chair, mon héritier de Yamoussoukro peut-il se faire radier comme un vulgaire fraudeur ?! »

Pas même l’ADN

Pendant ce temps, ici-bas, le RHDP sourit en coin. Gbagbo, Soro, Blé Goudé : écartés. Maintenant Thiam puisqu'il lui faudra une nouvelle RLE pour espérer être à nouveau sur la liste électorale. Le championnat présidentiel se résume à un match amical du RHDP contre RHDP, sous le regard résigné d’une opposition désarmée. 

Et Thiam dans tout ça ? Il promet : « Je serai candidat. Il n’y aura pas de plan B. »

C’est bien, c’est brave. Mais la loi, elle, répond : « Tu n’as même pas de carte d’électeur. Tu veux faire comment ? »

L’histoire retiendra donc ce moment lunaire : le descendant d’Houphouët-Boigny, fondateur de la République, récalé... pour défaut de nationalité à une époque.

Et dire qu’on nous avait vendu Thiam comme l’ami de Macron, l’ivoirien global, le candidat diplomatiquement intouchable… À Abidjan, la politique ne respecte décidément rien, pas même l’ADN.