ACCUEIL • Société
Pour un encadrement réussi à domicile/ Pohann Berthe (Psychopédagogue): Ce que doivent faire les parents et les élèves
Publié le : 22 septembre 2015 par Dominique Fadégnon

Pohann Berthe œuvre pour de meilleurs résultats en milieu scolaire (Photo DF)
La rentrée scolaire 2015-2016 démarre ce lundi 21 septembre 2015. Le recours au répétiteur est-il nécessaire ? Comment le recruter ?Quel encadrement doit recevoir l'enfant ? Mme Pohann Berthe, psychopédagogue répond, ici, à toutes ces questions et à bien d'autres.
- Partagez sur
En général, les parents d 'élèves sollicitent des maîtres de maison appelés répétiteurs, pendant l'année scolaire. Qu'en pensez-vous?
C'est tout à fait indiqué parce que, ce qu'un parent recherche, c'est la réussite de son enfant. Mais il ne faut pas prendre le maître de maison à la rentrée. On doit voir dans quelle matière l'enfant a réellement des besoins et prendre le maître de maison parce que l'enfant a des difficultés. Mais, il y a des parents qui sont prudents et qui prennent un maître de maison à titre préventif. Cela est une aide qui vient accompagner l'enfant, et c'est bien.
Entendez-vous par là que le maître de maison ne fait pas le cours à la place des enseignants ?
C'est juste. C'est pour cela que je préfère qu'on appelle le maître de maison, répétiteur. Il y a dans ce nom, le verbe répéter. Le répétiteur vient donc pour reprendre, renforcer ce que l'enseignant a fait, par des exercices notamment. Déjà, il commence par demander à l'enfant ce qu'ils ont fait à l'école, et ce qu'il n'a pas compris. C'est par rapport aux besoins de l'enfant que le répétiteur doit pouvoir cadrer son enseignement. Mais quand le répétiteur devient un maître bis ou même qu'il est en avance sur le programme, l'enfant ne suit pas en classe. Nous avons compris qu'il y avait un laisser aller. Il faut les former en leur montrant leur véritable rôle, et ainsi lutter contre l'échec scolaire ou le prévenir.
La prévention de l'échec part-elle du préscolaire, par le recrutement d'un répétiteur ?
Au préscolaire, il n'y a pas de connaissance à proprement dit, c'est juste pour mettre un savoir faire, un savoir être. L'enfant se prépare au scolaire. C'est à partir du primaire qu'on commence le véritable enseignement. C'est à partir de là qu'il faut prendre un maître de maison, pas au préscolaire. Et le répétiteur doit se former.
Pourquoi ?
Aujourd'hui, nous avons constaté qu'un enfant n'étudie que lorsque le répétiteur est là. Le maître de maison est une aide. L'enfant doit avoir ses heures de travail, sans maître de maison. Et quand le répétiteur vient, on met ensemble ce qu'il n'a pas compris pendant qu'il étudiait seul. Et le répétiteur tient compte de cela pour orienter le travail qu'il va faire. L'emploi du répétiteur mal compris ou mal utilisé, peut produire l'effet contraire. C'est-à-dire que l'enfant n'a plus cette réaction autonome d'étudier par lui même.
Est-ce la faute aux parents si l'enfant s'habitue aux répétiteurs ?
Concernant l'éducation des enfants, les parents ont démissionné. Ils ne savent pas comment faire parce qu'ils n'ont pas la psychologie de l'enfant. Mais ce qui est bien dans les études, c'est d'en donner la soif. Il faut créer le désir d'apprendre, en permettant à l'enfant de comprendre que par lui même, il doit être en phase avec les études. Quand un enfant aime étudier, il n'attend pas qu'on le lui dise. Il faut donc susciter en l'enfant le goût du travail.
Comment susciter ce goût du travail chez l'enfant ?
Il ne faut pas faire des études une obligation. Car, quand on oppose le travail et le jeu dont il a besoin, c'est comme si l'enfant est dans une anorexie intellectuelle. Il commence à rejeter tout ce qui est étude. Il ne faut pas faire des études un chantage affectif, et que les notes ne soient pas le seul élément de proximité avec l'enfant. Il faut alterner entre le travail, le temps de repos et le loisir.
En clair, quel doit être le programme d' un répétiteur qui arrive à la maison?
Le répétiteur doit travailler avec l'enfant pour établir un emploi du temps. Il doit discuter avec l'enfant pour identifier ses besoins.
A quel moment de la journée, le répétiteur doit il travailler avec l'enfant, et pendant combien de temps ?
Il faut tenir compte du fait que l'enfant se fatigue, et que son attention baisse. Pour un enfant du cours préparatoire, à partir de 15 à 20 minutes, il est fatigué. Il faut arrêter. C'est pour cela qu'en classe, on chante, on fait se lever les enfants... Il faut alterner les matières. Dans le secondaire, il faut faire entre 1h30mn et 2 heures mais pas la même discipline. C'est pour cela que l'enfant doit étudier avant l'arrivée du répétiteur, pour ne pas avoir à apprendre pendant que celui ci est là. Le répétiteur vient alors pour évaluer la révision solitaire de l'enfant, et ensuite la renforcer. Le parent ne doit pas donc tout attendre du répétiteur, il doit avoir un emploi du temps de travail avec son enfant. Il faut retenir que le répétiteur est différent du maître.
Est-ce donc un abus de langage de parler de maître de maison au lieu de répétiteur ?
Tout à fait, parce qu'ils n'ont aucune formation de maître de maison. Aujourd'hui, si tu as une connaissance psychologique de l'enfant à tous les niveaux, la connaissance de la stratégie pédagogique employée, que tu sais faire une fiche, une évaluation au moins, on peut dire que tu as une intuition de maître. Car, voyez-vous, cela évite ce que j'appelle la pollution intellectuelle.
La pollution ne consiste-t-elle pas pour le répétiteur à prendre plusieurs enfants à la fois, là maison ?
Le répétiteur ne doit pas prendre plusieurs enfants à la fois. C'est un enseignement personnalisé. Si ce sont plusieurs enfants d'une même maison, il faut les prendre séparément. Car l'enfant, par peur que les autres se moquent de lui, aura un blocage. On ne prend pas des élèves de niveaux différents sur la même table. Un répétiteur ne peut pas dire à un enfant qu'il ne vaut rien. C'est justement pour cela qu'on lui fait appel. Il faut avoir une conscience professionnelle. Il faut être dans le relationnel. Si vous faites, à chaque fois, des rapports sur l'enfant, aux parents, et que ceux-ci le battent, il n'aura plus confiance en vous.Il ne faut pas montrer le répétiteur à l'enfant comme une personne qui vient l'empêcher de jouer. Il faut montrer, pour les plus grands, des jours où l'enfant peut étudier tout seul. Et quand un enfant excelle dans une matière, il ne faut pas prendre de répétiteur en attendant, parce que l'enfant veut vous montrer que tout seul, il excelle dans cette matière. Et surtout, il faut prendre le répétiteur uniquement en cas de besoin. Tout le monde ne peut pas être répétiteur parce que si vous ne suivez pas, par exemple, la méthodologie enseignée en classe, il y aura un blocage au niveau de l'enfant.
Cela ne constitue-t-il pas un autre blocage que de demander au répétiteur de chicoter l'enfant ?
C'est un manque de responsabilité que de faire cette recommandation. Comment un parent peut-il aller transmettre une violence qu'il refuse lui même de faire ? Un répétiteur ne doit pas frapper l'enfant. Si on le prend, c'est pour faire face à une difficulté à laquelle l'enfant est confronté. Les maîtres d'écoles ont la pratique pédagogique.
Pensez-vous alors qu'il est bon de recruter le maître de l'enfant comme répétiteur ?
S'il y a un blocage en classe, on ne peut pas prendre le maître d'école de l'enfant pour être son répétiteur. Car, si l'enfant a des difficultés de compréhension, c'est peut être dans la manière d'enseigner du maître. En prenant un répétiteur autre que le maître d'école, cela peut permettre à l'enfant de comprendre. Il faut donc faire attention en prenant un répétiteur si ce n'est pas un enseignant parce qu'il y a une pédagogie à avoir avant de pouvoir enseigner un enfant. Et c'est ce que nous leur apprenons. Il faudrait, si ce ne sont pas des enseignants, chercher des répétiteurs qui ont reçu une formation avec un certificat. Nous allons apprendre aux répétiteurs à faire des fiches. Car, il faut qu'un répétiteur prépare ce qu'il va faire avec l'enfant. Nous allons leur donner la connaissance psychologique, pour qu'ils tiennent compte de certains facteurs d'apprentissage. Nous allons surtout leur montrer des stratégies pédagogiques. Car, il faut faire une situation d'apprentissage, d'évaluation… Nous irons dans les domiciles pour voir comment ils transmettent ce qu'ils ont appris. Comment ils rentrent en relation éducative avec l'enfant...
Dans quel cadre et pour quel objectif va se faire la formation des répétiteurs?
L'objectif, c'est de renforcer les capacités. Nous voulons encadrer ceux là qui donnent l’enseignement aux enfants, pour qu'ils puissent avoir de bons résultats. Car, il faut qu'ils tiennent compte de plusieurs facteurs d'apprentissage dont l'humeur, la relation socio-affective, l'ambiance dans laquelle travailler. Un répétiteur doit se faire accepter. Il doit discuter avec l'enfant sur des choses extrascolaires, de sorte à donner à l'enfant l'envie de le revoir pour une chose qui n'a pas forcément à voir avec le travail. Quand il se fait accepter, ne serait-ce que pour le revoir, l'enfant sait qu'il doit travailler. Alors, cela devient une motivation. L'éducation est une proximité. Quand on apprécie un professeur, on aime travailler dans la matière qu'il enseigne, pour lui faire plaisir. Il doit avoir de l'autorité et être accepté par l'enfant. Car l'animation, la manière dont on fait que l'autre s'approprie ce qu'on veut, est différente d'un enseignant à un autre. Je voudrais dire à tous ceux qui veulent être répétiteur, de se former parce que quand on a des éléments de base, on est à l'aise soi-même et le résultat que les parents attendent, sera palpable.
Entretien réalisé par Dominique FADEGNON
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites
Recevez le résumé quotidien de l’info en Côte d’Ivoire
La newsletter est gratuite et vous pouvez vous désinscrire à tout moment ! Profitez du meilleur de Linfodrome dans votre boite mail !
DONNEZ VOTRE AVIS SUR LE SUJET

Dominique Fadégnon
Journaliste Reporter
LINFODROME NE VIT QUE DU SOUTIEN DE SES LECTEURS
Abonnez-vous à partir de 1€ et soutenez le premier quotidien en ligne 100% indépendant, sans financement public ou privé.