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Effacer les traces du passé : Le Liberia a détruit de plus de 105 000 armes en 03 jours
Publié le : 09 juillet 2025 par DJOMANDE Aziz
DESTRUCTION DES ALPC (PH:DR)
Sur le site poussiéreux de la caserne Edward Binyah Kesselly, dans le comté de Margibi, le Liberia a vu partir en fumée un pan de son histoire récente. Plus de 105 400 armes, munitions et explosifs ont été détruits, sous l’œil attentif de représentants nationaux et internationaux.
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Ministère de la Défense, Commission nationale libérienne sur les armes légères (LiNCSA), CEDEAO, PNUD, ONUDA, RECSA, société civile et chefs traditionnels : tous étaient réunis pour assister à cette opération d’envergure, menée sous la bannière du projet OCWAR-T (Crime Organisé : Réponse de l’Afrique de l’Ouest au trafic d’armes).
Les cicatrices de la guerre civile
Pour Teklo Maxwell Grigsby, président de la LiNCSA, ce moment symbolise l’engagement du Liberia à tourner la page de la violence. « Vous ne pouvez pas imaginer le nombre d’armes à feu dans le pays. C’est un moment important dans notre chemin vers une paix durable », a-t-il confié, la voix empreinte d’émotion. Louis Kuukpen, du PNUD Liberia, a quant à lui salué la démarche, y voyant une preuve de transparence dans la gestion des stocks d’armes. Le soutien du PNUD, via OCWAR-T, se traduit par un accompagnement technique et logistique, mais aussi par des actions de renforcement des institutions locales.
Le Liberia n’a pas oublié les quatorze années de guerre civile, de 1989 à 2003. Un conflit qui a coûté la vie à près de 250 000 personnes, jeté des millions d’habitants sur les routes de l’exil et laissé derrière lui des infrastructures en ruine. Malgré la fin de la mission de maintien de la paix de l’ONU en 2018, le spectre de la violence plane encore, alimenté par la circulation persistante d’armes légères.
OCWAR-T, projet régional, s’emploie à épauler les pays membres de la CEDEAO et la Mauritanie dans leur lutte contre le crime organisé transnational. Son action s’articule autour du renforcement des structures sécuritaires, de l’appui aux poursuites judiciaires, du contrôle des armes et de la lutte contre la traite des êtres humains.

Des cas non-isolés
En Afrique de l’Ouest, les armes légères et de petit calibre (ALPC) demeurent un fléau. Associées aux conflits, au banditisme et aux tensions communautaires, elles circulent en nombre : près de 8 millions d’unités seraient détenues par des acteurs non étatiques dans la région. Frontières poreuses, contrôles insuffisants, prolifération d’armes artisanales, le phénomène continue d’avoir la peau dure.
Au Nigeria, une part notable des saisies provient de la fabrication locale, preuve que la demande ne faiblit pas, portée par les conflits entre agriculteurs et éleveurs, le banditisme et la méfiance envers les autorités. Depuis 1998, la CEDEAO a instauré un moratoire sur les ALPC, devenu en 2006 une convention juridiquement contraignante. Mais la mise en œuvre reste inégale, freinée par des moyens limités et des contextes nationaux variés.
Il faut renforcer la coopération régionale
Ailleurs sur le continent, d’autres pays s’engagent sur la même voie. En Côte d’Ivoire, plus de 23 000 ALPC auraient été détruites depuis 2011, selon les autorités. Le ComNat-ALPC ivoirien collabore avec l’Union africaine et les agences onusiennes pour mener à bien ses programmes de collecte et de destruction. La réussite de telles initiatives repose sur la coordination entre communautés, autorités locales et États. Les campagnes communautaires, les zones sans armes, témoignent d’une volonté citoyenne de réduire l’impact des armes sur le quotidien.
Mais sans implication réelle des pays exportateurs et sans contrôle rigoureux du commerce légal, les efforts locaux risquent de rester lettre morte. Le marché mondial des armes, peu transparent, échappe encore largement à la régulation. Les ONG rappellent que la majorité des ALPC en Afrique proviennent d’achats autorisés détournés ou d’opérations illicites tolérées. OCWAR-T, par son approche inclusive, propose une plateforme de coopération régionale. Le chemin vers un espace sécurisé en Afrique de l’Ouest reste semé d’embûches, mais chaque initiative, à l’image de la destruction massive d’armes au Liberia, contribue à dessiner un avenir plus serein pour la région.
Cette arme est fabriquée à Kigali, au Rwanda ! Avec l'autorisation de l'Israël. L'arme s'appelle Galil ACE 52, avec viseur Mepro X4.
— Rodriguez Katsuva (@Katsuva_R) June 2, 2025
Détails sur l'ACE 52 fabriqué à Kigali :
L'ACE 52 est une version modernisée du fusil Galil d'IWI (Israelian weapons industry), chambré en 7,62… pic.twitter.com/pq6iZYNOJE
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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