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Afrodescendantes :  Comment forger une identité entre 2 continents ? Ama Tanoh explique

Publié le : 16 juillet 2025 par DJOMANDE Aziz

AMA TANOH COMMUNICATRICE INTERNATIONAL (PH:DR)

Célébrée chaque 25 juillet, la Journée internationale des femmes et filles d’ascendance africaine prend, à ses yeux, une importance particulière. Elle donne une tribune à des figures emblématiques, d’Angélique Kidjo à Bozoma Saint John, réaffirmant la portée mondiale des talents africains souvent méconnus. Cette journée des afrodescendantes vise à reconnaître, célébrer et promouvoir les contributions des femmes et filles d'ascendance africaine dans le monde, ainsi qu'à lutter contre le racisme, la discrimination et les inégalités qu'elles peuvent subir. 

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Patriarcat, racisme, inégalités salariales, violences basées sur le genre, et surtout la question identitaire fragilisée par la colonisation et la mondialisation. Autant d’obstacles à reconsidérer. Canaliser ces défis suppose une réappropriation des langues, rites et esthétiques propres à chaque communauté. Linfodrome prend langue avec l’ivoirienne Ama Tanoh, issue de plusieurs nationalités : Cap-Vert, France, Martinique, Sénégal.

Comment fait leur intégration ?

Ama Tanoh illustre à merveille la richesse des origines africaines et afro-descendantes. Issue d’un métissage culturel large, elle puise dans ses racines ivoiriennes, guinéennes, sénégalaises, cap-verdiennes et martiniquaises une singularité qui n’a cessé d’enrichir son parcours personnel et professionnel. Née et élevée en Côte d’Ivoire, elle baigne depuis l’enfance dans un environnement mêlant langues, musiques et traditions diverses, de Baoulé au créole portugais, en passant par le wolof ou le zouk.

Cette diversité a favorisé son aisance à évoluer dans différents milieux et cultures. Son arrivée en 2015 à United Bank for Africa (UBA) à Lagos n’est pas un hasard : ses affinités linguistiques et culturelles lui ont ouvert des portes, notamment dans un groupe à forte identité nigériane. Ce fort lien culturel s’est confirmé par son voyage en Martinique, terre de ses ancêtres paternels, où elle a été accueillie chaleureusement, ressentant cette continuité entre Afrique et Caraïbes.

Des expériences variées au service d’une ambition affirmée

Ama Tanoh a construit sa carrière entre les États-Unis et le Nigeria, deux pays qui ont marqué son identité professionnelle et humaine. Arrivée en Floride à 17 ans pour ses études, elle s’imprègne de l’esprit dynamique du monde anglophone, adoptant la maxime « The sky is the limit » comme mantra. Le Nigeria a confirmé ce lien profond, tant culturel que professionnel. À Lagos, elle occupe son premier poste managérial, côtoyant des figures majeures comme Tony Elumelu et Kennedy Uzoka.

Impliquée dans des projets phares tels que « Customer First » ou le Forum de l’entrepreneuriat de la fondation Tony Elumelu, elle découvre un leadership inclusif prônant la parité, porté par des femmes comme Bola Atta, dirigeante de la Fondation UBA. Au fil de 17 ans, elle a aussi piloté des campagnes de communication reconnues, placée parmi les premières femmes du comité de direction à UBA Côte d’Ivoire. Son engagement s’est étendu jusqu’à sa contribution récente à la commission communication de l’Africa CEO Forum, renforçant la visibilité d’un événement économique emblématique.

Le rôle des femmes africaines : Moteur de transformation

Pour Ama Tanoh, les femmes d’ascendance africaine sont au cœur du changement. Traditionnellement porteuses de valeurs par l’éducation, elles jouent aujourd’hui un rôle décisif dans tous les secteurs, portées par l’accès aux outils numériques et la multiplication des réseaux sociaux. Ces plateformes permettent d’amplifier leurs voix, de briser les silences et d’influencer les politiques publiques, ouvrant ainsi la voie à une transformation profonde des sociétés africaines.

Au sein des grandes institutions internationales, comme la Banque mondiale ou les Nations Unies, leur présence apporte aussi une dimension nouvelle. Elles veillent à ce que les projets retombent concrètement sur les populations, donnant une place centrale aux enjeux sociaux. Une femme à la tête d’une institution bouleverse souvent les modes traditionnels de gouvernance, réorientant vers plus d’inclusion.

Un parcours de combat pour la femme et la jeune fille

Ama Tanoh conjugue sa carrière avec un engagement soutenu, notamment à travers le mentorat et le coaching auprès de jeunes femmes. Elle explique que la formation est une clé majeure de l’émancipation. Sans formation, difficile d’accéder aux financements, aux marchés ou aux postes de responsabilité. Une femme formée est en mesure de choisir et d’agir, avec impact.

Elle recommande que les jeunes Africaines s’affirment pleinement en valorisant leur identité culturelle. Dans un monde où la globalisation tend à uniformiser, l’originalité culturelle devient un avantage stratégique. Pour réussir à l’international, maîtriser l’anglais et développer un réseau solide sont des leviers indispensables.

Sur le plan politique, elle soutient fermement l’instauration de quotas pour garantir une meilleure représentation des femmes dans les institutions et partis politiques. Cet engagement s’inspire de figures historiques africaines, comme La Reine Ashanti Abla Pokou ou Nzinga Mbande, et de leaders contemporaines telles qu’Ellen Johnson Sirleaf ou Samia Suluhu Hassan, qui incarnent une tradition féminine de pouvoir.

Communication au service de l’action

La communication n’est pas qu’un métier : c’est pour elle un outil d’impact social. En 2010, elle a mené une collecte de dons pour les femmes en situation précaire à Abidjan, mobilisant réseaux sociaux et campagnes digitales, démontrant ainsi que bien conduite, une communication peut générer des changements concrets. Cette conviction anime son engagement, qui s’appuie aussi sur l’idée que le futur des femmes africaines est porteur. Malgré les défis, elles continuent de peser sur les évolutions économiques et sociales et bénéficieront d’un accès accru à la formation, à la technologie et aux financements.

À l’occasion de la Journée internationale des femmes et filles d’ascendance africaine, Ama Tanoh invite toutes à affirmer leur unicité et à investir dans la connaissance et la valorisation de leur culture. Le développement des grandes nations a été pensé à travers leurs paradigmes culturels ; l’Afrique doit, elle aussi, renouer avec cette force intérieure pour s’ériger en puissance mondiale, portée par ses femmes.


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Article rédigé par

DJOMANDE Aziz

Journaliste Reporter

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