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CMAE 2025 : Assahoré Konan Jacques plaide pour une stratégie africaine du marché carbone

Publié le : 18 juillet 2025 par Linfodrome CI

À l’occasion de la 20e session de la Conférence des Ministres Africains de l’Environnement (CMAE), ouverte le mercredi 16 juillet 2025 à Nairobi, au Kenya, le Ministre de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique, M. Assahoré Konan Jacques, a invité l’Afrique à faire du marché du carbone un pilier central de son financement climatique. 

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Tenue autour du thème : « Quatre décennies d’action environnementale en Afrique : retour sur le passé et vision de l’avenir » , cette session coïncide avec le 40e anniversaire de l’organe panafricain, coordonnée cette année par l’État libyen.

Un potentiel climatique à sous-exploité

Intervenant en qualité de vice-président du bureau de la CMAE, le ministre Assahoré a souligné que l’Afrique dispose de ressources naturelles majeures capables de générer des crédits carbone : forêts, mangroves, savanes, énergies renouvelables ou encore pratiques agricoles sobres en carbone. 

Pourtant, ces atouts restent sous-exploités. « Le continent regorge de potentiels de réduction et de séquestration d’émissions. Tous ces actifs peuvent être valorisés dans des projets générateurs de revenus », a-t-il martelé.

Malgré cet avantage naturel, l’Afrique peine à accéder pleinement au marché du carbone. Selon M. Assahoré, les pays africains sont freinés par des contraintes techniques, institutionnelles et économiques.

De plus, le sujet est encore trop peu intégré dans les stratégies politiques nationales. « Le financement climatique est trop souvent limité aux fonds publics, multilatéraux ou bilatéraux. Ils sont complexes, insuffisants et assortis de conditionnalités restrictives », a-t-il déploré.

Le modèle ivoirien : un exemple de réussite

Pour illustrer la faisabilité de la démarche, le ministre a mis en avant l’expérience de la Côte d’Ivoire. Entre 2020 et 2021, le pays a réduit 7 millions de tonnes de CO₂, ce qui lui a permis de bénéficier, via le Fonds de Partenariat pour le Carbone Forestier (FPCF) de la Banque Mondiale, d’un financement total de 50 millions de dollars. 

Un premier décaissement de 35 millions a été effectué en juin 2024, suivi d’un second de 15 millions en juin 2025. Fait notable : 50 % de ces fonds ont été reversés directement aux communautés locales engagées dans les projets d’agroforesterie.

Vers une feuille de route africaine

Dans une perspective proactive, Assahoré Konan Jacques a proposé à l’AMCEN d’intégrer la question du marché carbone comme axe prioritaire de sa feuille de route. A cet effet, Il a proposé la mise en place d’un cadre d’intervention clair et cohérent à l’échelle du continent, articulé autour de quatre leviers majeurs.

Notamment l’élaboration d’une feuille de route africaine sur le marché du carbone, qui serait pleinement alignée sur l’article 6 de l’Accord de Paris, Cette feuille de route permettrait de doter les États africains d’une vision commune, de repères techniques partagés et de mécanismes concertés pour faciliter leur accès aux financements carbone. 

De plus M. Assahoré a insisté sur « l’importance d’un forum continental annuel sur le marché carbone africain », qui servirait de plateforme d’échanges entre gouvernements, experts, investisseurs, institutions techniques et communautés locales. Il a enfin souligné la nécessité de « mobiliser un appui technique panafricain structuré » afin d’accompagner les États dans la conception et la mise en œuvre de projets carbone certifiables.

Une vision de leadership environnemental

À travers cette démarche, le ministre ivoirien appelle l’Afrique à bâtir une souveraineté climatique responsable, fondée sur ses ressources propres et une approche collaborative. 

Il plaide pour une Afrique actrice, et non spectatrice, de l’économie verte mondiale. Son appel, lancé à Nairobi, pourrait bien initier une nouvelle ère où les crédits carbone africains deviendraient un levier stratégique de développement et de résilience.

Othniel KOUASSI 


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Article rédigé par

Linfodrome CI

Journaliste Stagiaire

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