"Chair à canon juridique"
Par ailleurs, a poursuivi l'avocat, « ceux et celles qui ont mis ces hommes dans ce merdier ne répondront jamais de ce qu'ils ont fait ». La force française Licorne était alors déployée en Côte d'Ivoire, pays en guerre civile, sous un mandat de l'ONU qui ne lui permettait pas de remplir correctement sa mission. "Affaire d'exception", a également plaidé Me Alexis Gublin, avocat du colonel Burgaud, mais jugée pour la première fois par une juridiction entièrement de droit commun, puisque le tribunal aux armées a été supprimé au 1er janvier dernier. L`avocat a dit avoir "l`intime conviction" que le général Henri Poncet, le supérieur d`Eric Burgaud, lui avait "donné l`ordre" de tuer Mahé.
L`avocate générale elle-même a dit ne pas savoir si le général, qui nie et a bénéficié d'un non-lieu, avait donné cet ordre. Or, pour la défense, ce "simple doute" doit bénéficier à l`accusé. "Le temps suffit à punir ceux qui portent le remords", a estimé l`avocat, qui a aussi évoqué "le défilé de généraux" ayant tenu devant la cour d`assises "des discours de salon".
"Vous avez vu ici toutes les catégories de l'armée française, du plus courageux au moins courageux", a également constaté Jean Balan, avocat du brigadier-chef Schnier.
Il y a les accusés. Il y a aussi des "courageux de la dernière heure", qui ont fait montre de "l'hypocrisie la plus totale". "Et les généraux --c'est formidable, les généraux!-- ils ont répondu tout le temps avec beaucoup d`aplomb, mais toujours à côté de la plaque", a estimé Me Balan. "Qu`est-ce qui se passe sur le terrain? Les soldats exécutent l`ordre et si ça se passe mal, qui va payer les pots cassés? Des gens comme ça", a-t-il lancé en direction des accusés. Si le brigadier chef est condamné, "les soldats deviennent de la chair à canon juridique, ils n`ont plus aucune possibilité de se défendre!", a-t-il estimé.
AFP