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Procès sur l’assassinat du général Guéi: Mécontents, des avocats quittent la salle d’audience
Publié le : 16 février 2016 par Abraham KOUASSI

Une vidéo sur laquelle serait apparu Séka Séka a suscité une vive réaction de la défense du prévenu.
Une partie de l’audience tenue, le lundi 16 février 2016, dans le cadre du procès sur l’assassinat du général Robert Guéi, s’est déroulée sans 5 avocats de la défense.
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De fait, menés par Dirabou Mathurin, le plus ancien des conseils des prévenus, ils se sont retirés pour protester contre la diffusion d’une vidéo par le commissaire du gouvernement, Ange Kessy. Cette projection , à en croire le commissaire du gouvernement, visait à confirmer la présence de Séka Yapo Anselme alias Séka Séka à la Corniche, près de Cocody, le 19 septembre 2002. Chose que l’accusé a nié tout au long de la procédure. « Monsieur le président, le Commissaire du gouvernement a eu l’occasion de présenter cette vidéo pour confondre M. Séka. Il ne l’a pas fait. Nous ne comprenons pas pourquoi c’est maintenant qu’on va faire un montage pour venir le présenter au Tribunal », a déclaré Dirabou Mathurin. « La défense va se retirer », a-t-il ajouté quand, après une concertation expresse, le tribunal a autorisé la projection du film. Accompagné notamment de ses confrères Blédé Dehora et Bobré Félix, Me Dirabou n’a pu assister à la diffusion du film sur lequel Ange Kessy a présenté un homme vêtu d’un casque et d’un pantalon de couleur kaki, donnant des instructions, comme étant Séka Séka. « On le reconnaît assez bien monsieur le président, c’est Séka Séka. Comme les témoins l’ont dit, il était vêtu d’un pantalon kaki. C’est vrai qu’il était plus jeune mais, c’est bien lui », a martelé le commissaire du gouvernement. Sourire aux lèvres pendant la diffusion de l’élément où l’on voit également des militaires tenter de transporter la dépouille du général Robert Guéi, Séka Séka a, plusieurs fois, répété « non, non, non », en remuant la tête pour exprimer sa désapprobation avec les commentaires d’Ange Kessy. « Ce n’est pas moi, vraiment.. », a-t-il murmuré à ses voisins du box des prévenus. Appelé à la barre pour son « dernier mot » avant le début des réquisitoires et plaidoiries, l’ex-aide de camp de Simone Gbagbo a réitéré sa position face au juge Dembélé Tahirou. « Je viens de voir cet élément. Je n’ai pas pu me distinguer moi-même », s’est-il exprimé. Pour confirmer qu’il n’était pas sur les lieux où la scène a été filmée, le gendarme a déclaré que « c’est ici que j’ai su que des gens ont pris le corps du général Guéi ».
Avant cette phase, les derniers témoignages ont été entendus par le Tribunal. Présent le 19 septembre 2002 à la résidence du général Guéi, selon ses dires, le sergent Maniga Bi Gossé a donné sa version des faits. « Entre 12 h et 12 h 30, nous avons vu un Vab (Véhicule avant-blindé) de la gendarmerie, et un véhicule 4X4 blanc. Le colonel Dogbo est descendu, et ils ont demandé que tout le monde sorte. Le capitaine Fabien (Fabien Coulibaly, Ndlr) a envoyé le Lieutenant Tchègbè voir ce qui se passait. Il est revenu déshabillé. Il avait seulement le bas de sa tenue. Ils sont sortis, et je me suis caché sous un appatam derrière les cartons. De là, j’ai pu voir un peu ce qui se passait, a relaté le témoin. J’ai entendu Daléba Séry dire: ‘’on a tué le général. On a jeté son corps à la Pisam. On va tous vous tuer » ». Le témoin dit avoir attendu que tout soit calme avant d’escalader la clôture de la résidence, et de s’échapper.
L’audience d’hier a également été le lieu pour le tribunal, de rendre publics les différents rapports des autopsies pratiquées notamment sur Robert Guéi, son épouse et son aide de camp à l’époque, Fabien Coulibaly. A en croire le document signé du professeur Etté Hélène, lu par le greffier, l’ex-chef de l'Etat ivoirien a été atteint par 6 balles « tirées à distance moyenne ». Le rapport indique cependant que la mort du général a été causée par une balle qui l’a touché à l’abdomen, et qui a provoqué une hypovolémie (déficit de sang, plus précisément du plasma sanguin, dans le système circulatoire, Ndlr). Quant à l’ex-Première dame, elle a été touchée par deux projectiles. La balle responsable de la mort de calibre 7,62 mm s’est logée dans la tempe gauche. Pour ce qui est de Fabien Coulibaly, il a été touché par « plus d’une dizaine de balles » selon le rapport du médecin légiste. Présente dans la salle, comme depuis le début de l’audience, la mère de l’ex-aide de camp de Robert Guéi est restée tête basse et silencieuse au moment de la lecture du rapport décrivant les circonstances de la mort de son fils.
C’est en début d’après-midi que le juge-président a annoncé la suspension de l’audience, suite à une requête de la partie civile qui a souhaité commencer sa plaidoirie le mardi 16 février 2016.
Coulisses
Un gâteau pour Dogbo Blé
Dogbo Blé Bruno, accusé de complicité d’assassinat dans cette affaire, a bénéficié d’une belle attention. De fait, un gros gâteau a été apporté au général déchu, à la fin de l’audience. Emballé avec un ruban, il a été source de spéculations parmi les militaires commis à sa garde. Certains avançaient que le gâteau avait été offert au militaire à l’occasion de son anniversaire, quand d’autres indiquaient que c’était pour commémorer la Saint-Valentin.
Durand et « Tyson » confondus
Accusés d’avoir tenté d’enlever Guei Dro Michaël, l’un des fils du défunt général, Niamkey Ekolan alias Tyson, et Brou Serge Durand, ont été confondus par trois témoins de la scène, appelés, ce lundi, à la barre. Contrairement à ce qu’avaient affirmé les prévenus, les témoins ont assuré que ces derniers, en compagnie d’un autre militaire, avaient tenté d’emmener le fils de l’ex-chef de l'Etat. Chose à laquelle, les témoins ont indiqué s’être opposés à l’époque avec plusieurs autres soldats.
‘’Dernier mot’’ rapide
Appelés à la barre pour un éventuel dernier commentaire sur les faits, les prévenus n’ont guère perdu de temps. A l’exception de Séka Yapo Anselme, la dizaine d’accusés, y compris Dogbo Blé Bruno, a préféré ne pas commenter ce qui a été dit tout au long de l’audience.
Abraham KOUASSI
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Abraham KOUASSI
Journaliste Reporter
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