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Sortie de livre/ Blé Goudé évoque sa prison avec Dibopieu et Jean-Noël Abéhi

Publié le : 01 avril 2016 par Kisselminan Coulibaly

Entre deux lignes, Charles Blé Goudé apprend qu’à la Dst, il arrivait que le commandant Jean-Noël Abéhi donne des cours bibliques.

« De l’enfer, je reviendrai ». Le livre de Charles Blé Goudé, fraîchement publié chez les « Editions du moment », mêle témoignage personnel, inventaire et réflexions sur la vie.

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L’ouvrage de 173 pages est écrit à la première personne du singulier. Mais, pour des raisons probablement liées à la situation de détenu de Charles Blé Goudé, il prend la forme d’une série d’entretiens réalisés par l’avocat ivoiro-belge, Zokou Séri. L’ex-leader des jeunes patriotes embarque le lecteur pour un long périple d’Accra à La Haye via Abidjan. Le bouquin grouille d’anecdotes impliquant des personnalités connues, telles Jean-Noël Abéhi et Jean Yve Dibopieu, ou non, à l’instar d’un certain Mohamed Abu Mustapha. Charles Blé Goudé relate sa rencontre, à la Direction de la surveillance du territoire (Dst), avec l’ancien patron de l’escadron blindé d’Agban, Abéhi et l’ex-leader estudiantin, Dibopieu. « Il est vrai qu’on m’avait discrètement soufflé que Dibopieu et le commandant Abéhi avaient été arrêtés au Ghana, mais je les croyais à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour Dibopieu et à la maison d’arrêt militaire d’Abidjan (Mama) pour le commandant Abéhi. Je leur apprends que je suis désormais leur nouveau voisin. Etant surveillés, nous ne pouvons rien nous dire de sérieux. Nous attendons la nuit pour communiquer à travers le petit trou en bas de nos portes blindées (…) Après quelques jours, nous pouvons échanger. Nous ne boudons pas notre plaisir ! », consigne Blé Goudé. Aux pages 144 et 145, l’ex- bras droit de Laurent Gbagbo, évoque, avec une pointe de soulagement, le « couloir du bonheur », celui qui lui permettait d’engager des « analyses politiques » avec quelques co-détenus. Charles Blé Goudé raconte, perçoit, admet ce qu’il a pu sous-estimer, philosophe même : « Quand notre moral était au sous-sol, ce qui veut dire dans le jargon propre aux prisonniers que le moral était très bas, on s’encourageait avec des phrases inspirées de la pensée de Jean-Jacques Rousseau du genre : chacun gagne l’équivalent de tout ce qu’il perd. Pour dire qu’il nous fallait accepter de souffrir maintenant pour mieux savourer notre bonheur de demain. Nous prisions grandement ces moments, tant ils nous donnaient le sentiment d’exister encore un peu ». Entre deux lignes, l’enfant de Kpogrobré (Guibéroua) apprend qu’à la Dst, il arrivait que le commandant Jean-Noël Abéhi donne des cours bibliques. « L’approche spirituelle est une arme qui permet de supporter l’insupportable », se résout à croire le patron du Cojep (P. 146). Jean-Noël Abéhi est encore celui qui a accolé à Jean-Yve Dibopieu, titulaire d’une maîtrise de philosophie, le sobriquet de Jean Jacques Rousseau. De Dibopieu, Charles Blé Goudé dit qu’il lui parlait souvent de certains grands penseurs comme Emmanuel Kant, Platon et…bien évidemment Rousseau.

Rencontre avec un « djihadiste »

L’ex-leader des jeunes patriotes fait le récit de sa rencontre avec un « djihadiste », Mohamed Abu Mustapha. Il est parvenu à échanger avec ce dernier, un co-détenu qui, un jour, lui aurait soufflé : « Monsieur le ministre, votre voisin de la cellule d’en face est un jeune mauritano-marocain, c’est un djihadiste, il s’appelle Mohamed ». Et lui, Blé Goudé, aurait eu cette réaction de grand étonnement : « mais frère, dis-moi, que peut bien faire un djihadiste ici ? ». Le co-détenu de répondre, dans un style typiquement ivoirien : « Monsieur le ministre, prends ça comme ça. Laisse affaire, affaire va te laisser. Moi, j’ai juste voulu que tu saches qui est ton voisin. On ne sait jamais ».

L’ex-leader estudiantin revient sur les péripéties liées à ses auditions par la justice ivoirienne ainsi que le feuilleton des photos. Courant 2014, Charles Blé Goudé, en détention à Abidjan, avait été au centre d’une énième polémique : des images le montrant chétif dans une cellule avaient inondé la toile et étaient reprises par la presse. Ces photos ont jeté l’émoi au sein d’une partie de la population et chez certains défenseurs des droits de l’Homme. Quelques jours après, la télévision nationale montrait un Charles Blé Goudé vêtu dignement, souriant et vraisemblablement en bonne santé. Dans son nouveau livre, l’ex-collaborateur de Laurent Gbagbo rapporte que les images du Blé Goudé chétif ont « bel et bien été prises » dans sa cellule. « Elles n’ont pas été prises dans une intention de nuire. Celui qui les a diffusées sur les réseaux sociaux l’a certainement fait à titre interpellatif », mentionne le « général » de la rue, sur un ton de commisération. Il ajoute que les images diffusées à la télévision nationale étaient le « fruit d’une manipulation ». « Je n’ai aucunement l’intention de remuer le couteau dans une plaie cicatrisée », énonce l’auteur de « Ma part de vérité ». De sa vie à la Cour pénale internationale, il ne dira pas presque rien : règlement de la Cour oblige.

Kisselminan COULIBALY

Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.


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Article rédigé par

Kisselminan Coulibaly

Journaliste Reporter

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