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De retour d'exil : Des vérités jamais dites par Doumbia Major sur IB, Ouattara, Gbagbo, Soro et Blé Goudé, ce qu'il promet...

Publié le : 26 janvier 2018 par Félix D. Bony

"Le pays fait peur et je pense qu’il y a des choses à changer", selon Doumbia Major

"Le pays fait peur et je pense qu’il y a des choses à changer", selon Doumbia Major

Anciennement Secrétaire à l'Organisation du Bureau exécutif national de la Fédération estudiantine de Côte d'Ivoire (Fesci), Doumbia Major, de son vrai nom, Soumaïla Doumbia, a fait 17 ans en exil, depuis 2002, peu avant l'éclatement de la rébellion ivoirienne. De retour au pays, fin décembre dernier, celui qui est à la tête aujourd'hui du Congrès africain pour le renouveau (CPR), une formation politique, n'y va pas du dos de la cuillère dans ses critiques contre le régime actuel. Dans cette interview-vérité, il dévoile tout, sur son passé, ses relations avec Guillaume Soro, feu Ibrahim Coulibaly, etc....

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M. Doumbia Major, vous rentrez en Côte d'Ivoire après 17 ans d’exil en Europe. Peut-on revenir sur le mobile de cet exil ?

Aujourd’hui, je suis engagé dans une dynamique de paix, de réconciliation et de combat pour la démocratie dans mon pays. C’est bon d’évoquer les questions qui m’ont amené en exil. Mais, je pense que dans la dynamique dans laquelle je suis présentement, ce n’est peut-être pas opportun de revenir sur ces éléments du passé. Je suis parti en exil pour préserver mon intégrité physique, ma vie et je pense que cela fait partie du passé désormais, et la dynamique nouvelle, c’est celle de la réconciliation, de la fraternité, de la paix dans mon pays. Quand on veut faire des choses nouvelles, souvent il faut faire une sorte d’oublies des choses passées.

 

Aviez-vous attendu que certaines conditions soient réunies pour marquer ce retour au pays?

 

Pour rentrer dans son pays, on n’a pas besoin de condition particulière. Aujourd’hui j’estime qu’il est temps de rentrer chez moi. J’ai fait 17 ans à l’extérieur, les jeunes que j’ai laissés au pays, qui avaient un an, en ont aujourd’hui 18 ans. A un moment donné, on fait le bilan, on se dit que malgré les conditions d’insécurité, il faut rentrer. Vous savez à quel point il y a l’insécurité dans notre pays avec les armes de guerre qu’on découvre ici et là, et les menaces. Vous savez clairement que je suis l’objet souvent de menace publique, des personnes ont cherchées à me déporter, à m’extrader du Congo où j’ai certaines de mes affaires. Vous avez suivi dans les journaux. Certains m’accusant même de préparer l’assassinat de Ouattara et de plusieurs autres personnes. Sur la base d’un de ces mensonges fabriqués, ils on estimé qu'il fallait me déporter et me mettre en prison ici et que je n’ai même plus la possibilité de me défendre. Tout ça, ce sont des faits du passé, et j’ai dit que je rentrais dans mon pays. Je vis comme un Samouraï, quelqu’un qui a accepté de mourir pour ce en quoi il croit. J’ai dit que je me battrai pour le bien-être des populations de mon pays, pour la redistribution équitable des ressources, pour l’unité de mon peuple, l’unité des masses contre les discours tribaux. Je pense que les causes sont suffisamment fortes pour qu’on puisse accepter de mourir pour elle et surtout accepter de vivre pour elle. Je pense qu’on ne sera pas confronté à des histoires de violence. J’espère que les uns et les autres ont compris que la démocratie n’a pas forcement besoin de se faire en éliminant ceux qui sont considérés comme des adversaires.

 

Doumbia Major aurait-il vu la crise de 2002 venir au point de la fuir juste avant qu’elle éclate ?

 

Les conditions d’une guerre était réunies en Côte d’Ivoire avant mon départ. Mes prises de position étaient connues, parce que j’ai été le représentant du Syndicat des étudiants au niveau de la commission consultative et constitutionnelle. J’ai vu que le discours qui était tenu, le discours ambiant et le discours dominant qui circulait au niveau de cette commission, et de manière générale, n’était pas un discours d’unité, de paix. C'était un discours d’exclusion, d’ostracisme et les conditions de guerre était en train d’être préparées en Côte d'Ivoire. J’ai démissionné de cette commission, et j’ai fait démissionner le syndicat estudiantin. Pour cela, on m’a accusé de tous les noms. Je voulais faire en sorte que les organisations apolitiques ne se mêlent pas des conflits politiques, et je suis parti. Dire que j’ai vu les choses venir, ce serait trop dire, mais nous avons vu les prémisses, et ce qui est arrivé est arrivé. Les Ivoiriens ne doivent pas rester sur ça. Les Ivoiriens doivent se réconcilier, voir l’intérêt supérieur de la nation, et c’est sur cette base que moi-même j’ai donné l’exemple. Je suis allé à la Haye, j’ai vu le président Laurent Gbagbo. Par la même occasion, j’ai discuté avec eux (Blé Goudé et Gbagbo, Ndlr) fraternellement, et c’est de cette fraternité et de cette union dont nous avons besoin au niveau de tout le pays. C’est dans cette dynamique que je viens demander la libération des prisonniers de la crise politique, demander que les conditions de la démocratie soit réunies dans notre pays, qu’il y ait une équité au niveau de la justice afin qu’on ne poursuive pas ce qui n’ont pas d’arme pendant qu’on laisse les gros bornés en liberté. Pour nous, c’est la bataille pour la véritable démocratie qui ne peut se faire que dans un environnement de paix, d’unité nationale et de réconciliation nationale.

 

Voulez-vous insinuer qu’il y a une justice à double vitesses ?

 

Je pense que ça c’est une évidence aujourd’hui en Côte d'Ivoire. Nous venons de traverser une situation de guerre, et dans cette situation il y a eu des exactions. Il y a eu des rapports des organismes des droits de l’Homme qui établissent qu’il y a eu des exactions de toutes parts. Le président Ouattara lui-même a fait faire une enquête par Mme Paulette Badjo (ex-présidente de la Commission nationale des droit de l'Homme) qui a dit qu’il y a eu des extractions de toute part. Même si cette commission d’enquête rattache 700 morts à peu près sur 3000 morts aux partisans de Ouattara, mais ce sont 700 vies ivoiriennes, et ça nécessite que les auteurs puissent être aussi jugés. Quand ceux qui sont poursuivis ne sont que d’un seul camp, parce qu’ils sont des perdants d’une guerre, on peut parler de justice des vainqueurs, justice à deux vitesses. Nous ne voulons pas de cela. Nous voulons que les Ivoiriens se réconcilient, parce que dans des guerres comme la nôtre, chacun pense avoir raison, et il n’y a même pas de culpabilité. La justice normalement a pour objet de dissuader d’autre personne de reproduire les mêmes choses, de faire payer une peine à quelqu’un qui reconnaît sa faute. Mais, dans ces conflits de masse comme ceux-là, on ne reconnaît jamais sa faute, donc ce qu’il y a à faire, c’est de pardonner, de donner la chance à la nation de renaître de ses cendres et de ses divisions.

 

Etes-vous de l’avis de ceux qui propose une loi d'amnistie générale pour tourner la page?

 

 

C’est une décision de sagesse. Cette décision, certains ont demandé avant moi, mais j'en ai fait échos car l'amnistie générale permettra à Ouattara lui-même de se libérer de la menace perpétuelle de la justice qui plane contre les seigneurs de guerre qui l’ont défendu ou ses partisans qui ont commis des exactions et sur la tête desquelles plane l’épée de Damoclès de la justice toujours au cas où il quitterait le pouvoir. C’est ce qui est dangereux, parce que ces personnes, tant qu’il n'y a pas d’amnistie, elles diront qu'elles se battront pour prendre le pouvoir pour s'en servir comme protection. Du coup, elles deviennent un danger pour la démocratie, parce que leur survie dépend de la prise du pouvoir, et elles seront prêtes à prendre le pouvoir par tous les moyens, y compris par la violence. Une loi d’amnistie, qui enlève les risques de poursuite contre ces personnes, peut ramener la paix dans notre pays. Il faut aussi libérer les prisonniers de la crise politique qui sont de l’autre côté, et qui sont aussi dans une dimension de rancune et de rancœur. Ça va libérer les rancœurs et c’est comme ça la nation pourra être rassemblée, unie. Ainsi, on pourra regarder dans la même direction. Vous ne trouvez pas choquant que lorsqu’il y a un événement national, il y a un match de foot, lorsqu’il y a des invités par exemple des étrangers qui viennent en Côte d'Ivoire autour des grands événements, il y a une partie des Ivoiriens qui souhaitent que ce soit un échec. Ça signifie qu’il y n'y a pas la paix, il n’y a pas la réconciliation. Or nous devons être unis, comme un même peuple qui pleurons ensemble nos souffrances et qui saluons ensemble nos victoires. C’est ce que nous voulons, et c’est pourquoi nous demandons cette loi d’amnistie et même une organisation de journée de concorde nationale ou il y aura une repentance collective pour que le peuple renaisse de ses cendres, et par un phénomène de catharsis, se soigne de ses blessures.

 

 

Avez-vous l’impression que le résident Ouattara n’est pas engagé dans la réconciliation ?

 

La réconciliation arrange certains et elle n’arrange pas d’autres personnes. Il y a des gens qui ont tout intérêt à ce que les Ivoiriens restent diviser, parce qu'ils prospèrent sur la division des Ivoiriens. Des gens ont un intérêt à ce que les Ivoiriens soient en conflit par ce que la division des masses, la division des pauvres permet de les prendre en otage comme un bouclier de protection à l’abri duquel on pille les ressources du pays. Ce sont ces mêmes pauvres-là qui deviennent nos défenseurs. Mais, si le pays est réconcilié et que ces populations qui vivent dans la misère prennent conscience de leur situation, de leur oppression, des injustices dont elles sont victimes, ça voudrait dire qu’elles vont s’unir pour réclamer plus de justice, égale répartition des ressources à des individus organisés dans un clan qui, eux, ont tout internet à ce que la division des masses continue. C’est pour vous dire que quand le peuple est uni, quand il n’a pas de division au niveau tribal, ça gène les individus, les médiocres qui ne peuvent prospérer et être à des postes que par ce qu’il y a un contexte de confrontation où leur posture où leur compétence dans la violence devient une raison de revendiquer des postes. Des gens qui ne sont pas méritant plus que d’autres citoyens, mais parce que organisés dans des structures politiques, deviennent des leaders de la société, alors qu’ils sont incompétents. Ces confrontations, ces violences, ce manque de réconciliation arrange les individus généralement les plus médiocres, les plus violents et des gens qui ne veulent que le pouvoir pour le pouvoir pour piller les ressources de la nation. Il faut que les Ivoiriens se réconcilient. Si on se réconcilie, le prix du pain lorsqu’il augmentera, qu'on soit Bété ou Yacouba, on comprendra que le prix du pain a augmenté, et quand on n’a pas les moyens, on se met ensemble pour revendiquer ce qui va dans le sens de nos intérêts. Mais, divisé, on est exploité et ceux qui nous exploitent se servent de nous pour les défendre. Il faut que ça s’arrête. Je ne fais plus le conflit de quelqu’un, la bataille que je mène aujourd’hui c’est la bataille pour les masses, pour le peuple. Il s'agit de poser les problèmes du peuple et j’invite tous ceux qui aiment vraiment le peuple, tous ceux qui veulent la démocratie, tous les progressistes, à rejoindre notre combat pour une Côte d'Ivoire nouvelle.

 

 

Parlant de réconciliation, il y a un pan du problème don on ne parle pas. Il s'agit de la mort de Major Ibrahim Coulibaly dit ''IB'' . Il semblerait que vous étiez très lié à lui....

 

 

Tout le monde a eu de très bons liens avec Ibrahim Coulibaly. A commencer par le président Ouattara dont il a été le garde du corps et le garde de protection des enfants. Ensuite, le président Laurent Gbagbo avait de bonnes relations avec lui, idem pour le général Robert Guéi, et Guillaume Soro qui a fait l’exil avec lui. Tous ceux-là avaient de bonnes relations avec IB que moi, j’ai connu à Akouédo. Quand j’avais été arrêté sous le régime de Robert Guéi et gardé par le capitaine Katé Gnatoa, IB est venu me voir en prison à la demande du Général Guéi pour me faire libérer et m’entendre à Akouédo sur les conflits entre étudiants. Voilà comment nous nous sommes connus. Donc, je n’ai pas de rapport particulier avec le sergent-chef IB. Et quand je me suis retrouvé en exil en 2000 et que la rébellion a éclaté, c’est IB qui m’a contacté pour me dire qu’il était celui-là même qui voulait faire ce qu’il considérait comme une révolution. Il avait besoin de cadres, d’intellectuels, ou des gens qui avaient une certaine expérience dans l’organisation pour l’aider. Etant en exil, et chassé par ceux qui était au pouvoir, je me suis dit que, s’il y avait un changement, au moins je rentrerai chez moi. Voilà comment je me suis retrouvé dans une situation où j’ai apporté un soutien discursif en restant en Europe face à ce qui se passait en Côte d’Ivoire. Je ne suis jamais allé sur le terrain pour prendre des armes pour aller combattre autrui. J’étais à Paris, inscrit à l’Université Paris 12, j’écrivais et j’expliquais, je défendais, et j’ai constaté à un moment donné que IB lui-même a été trahi par ses amis. Certains l’ont fait partir en France et une fois là-bas, ils l’ont fait arrêter comme quoi il projetait d’assassiner le président Gbagbo. Après, Laurent Gbagbo lui-même a compris que c’était de la manipulation. On dit qu’un chef rebelle, qui organise une rébellion, veut tuer Laurent Gbagbo, et une partie de cette rébellion reste en de très bons termes avec ceux qui ont arrêté ce chef rebelle. Eux, ils voyagent librement, donc quelque part, ça m’a intrigué, et je me dis qu’il y a un complot quelque part. Alors je demande aux Français de le libérer, parce que c’est le même groupe. C’est-à-dire qu’on ne peut pas protéger les gens d’un groupe et faire arrêter les membres du même groupe. Cela veut dire qu'il y avait un problème. J’ai donc demandé sa libération. Je me suis battu pour sa libération. Je l’ai fait ensuite héberger chez un ami parce qu’il avait besoin d’une adresse pour obtenir une liberté provisoire et un contrôle judiciaire. Lorsqu’il est sorti, il a mis en place un parti politique dont je n’ai pas été membre, parce que j’avais mon parti. Il a suivi sa voie et moi la mienne. En 2010 je crois qu’il est venu mettre en place le commando invisible, et je n’ai aucun contact ni aucune information sur ce commando invisible. Donc, on a eu des destins et des cheminements différents. Donc je ne suis ni l'héritier, ni le vengeur de IB. A ceux qui voudraient m’accoler cette étiquette pour justifier mon assassinat, je répète que je ne suis pas l’héritier de IB. Si vous les cherchez, allez-y les chercher. Moi, je me bats avec mon discours, ma plume, mon clavier et aujourd’hui, je me bats pour la réconciliation des Ivoiriens.

 

Restons toujours sur la réconciliation. De l’extérieur et maintenant de l‘intérieur, comment voyez-vous la gestion de Ouattara ?

 

Je suis arrivé cela fait maintenant environs 2 semaines (L'interview a lieu, le vendredi 12 janvier). J’ai eu le temps de descendre dans les marchés, discuter avec les jeunes, faire le tour des pharmacies pour voir si la Couverture maladie Universelle (CMU) était effective et qu’on donnait des médicaments à nos parents qui viennent avec leurs ordonnances, parce que c’est cela la CMU. Les soins sont gratuits, les médicaments aussi. Je suis allé constater que ça n’existait pas. Je suis aussi aller constater qu’on parle de financement de la santé, mais sur le terrain il n’y a aucun dispositif de prévention même de la maladie. Dans mon pays, ce sont les publicités de l’alcool, du tabac qui prolifèrent. Et vous verrez que la mention ‘’abus dangereux pour la santé’’ est inscrite en petit caractère, parce que la loi n’oblige pas ces structures qui vendent le tabac et l’alcool à l’inscrire grandement, et ce avec la complicité de l’Etat.

Le droit à la vie de nos populations n’est pas respecté. Il y a un mépris même de la vie de nos compatriotes qu’on laisse se détruire avec l’alcool, sans prévenir, les jeunes, etc. On prend même les artistes pour vendre l’image des structures d’alcool. Jusqu’à ce matin, j’en ai vu. Voyez-vous, ce n’est pas sérieux dans un pays.

Je suis encore venu où j’ai vu l’alloco que tout le monde mange aux abords des rues, et il n’y a même pas un petit plastique comme protection. On n’exige même pas aux dames de porter des gants pour servir la nourriture. Donc, avec des possibilités de transmettre des maladies à l’échelle nationale par une transmission manu-portée. On a l’impression qu’il n’y a même pas d’institut d’hygiène dans ce pays. Je suis allé au CHU de Treichville, au service des maladies infectieuses où il n’y a même pas de solutions hydro-alcoolisées. Dans un CHU, vous entrez, des gens saluent des malades, ils prennent des infections qu’ils rapportent dans la ville. Voyez-vous c’est un désordre organisé.

J’ai vu encore des marchés publics qui sont passés de gré à gré. On me dit que ça c’est pour tel personne et un tel autre pour la même personne. Voyez-vous, il y a la corruption. Des policiers encore, la corruption. Le pays fait peur et je pense qu’il y a des choses à changer. L’indiscipline, oui, il faut éduquer les gens à la propreté et à la citoyenneté, au respect des lois, mais aussi il faut soi-même donner l’exemple en respectant les lois.

 

 

Avez-vous le sentiments que les lois ne sont pas respectées en Côte d'Ivoire?

 

Voyez-vous des députés de Côte d’Ivoire qui sont encore des PDG de certaines structures comme de la place, alors que la loi l’interdit. L’exemplarité même qui fonde la politique n’existe pas. On fait des lois qu’on ne respecte pas. C’est un désordre organisé. L’annexe fiscale 2018 qui viendra pour augmenter le coût de la vie sans augmentation des salaires, du Smig, etc. On ne peut pas prendre des décisions comme ça. Augmenter le coût de la vie et le Smig qui est normalement un salaire minimum interprofessionnel de croissance ne s’aligne pas sur l’augmentation de la vie.

Je vois un pont en pleine ville, où il faut payer pour le passage. Nous vivons tous en Europe et c’est la première fois que je vois ce genre de chose et ce n’est pas sérieux. On m’a dit que ce pont coûte 150 milliards mais le budget présidentiel d’urgence, il est de plus de 150 milliards. Nous préférons acheter ce pont une fois pour de bon à Bouygues pour que tous les citoyens qui veulent passer sur ce pont puisse le faire sans condition de ressource. Parce qu’un pont qui est payant cela veut dire qu’il y a certains citoyens qui en sont exclus alors que nous avons les moyens de payer un pont et permettre à tous les citoyens d’y passer et y compris les pauvres. Ce sont des aberrations.

C’est le chômage endémique que j’ai constaté. Certains de mes camarades que j’ai laissés ici n’ont toujours pas d’emploi et iront bientôt à la retraite sans avoir jamais eu à cotiser de leur vie. Toujours, nos pauvres paysans qui on bâti l’économie de cette nation qui n’ont toujours pas de mutuelle santé. Toujours pas d’allocation retraite, pourtant ils cotisent, et c’est sur leur travail que le droit unique de sortie est prélevé. A plus de 60 ans, lorsque ces paysan vont à la retraite, ils ne perçoivent même pas d’allocation retraite pour qu’ils puissent s’acheter un sac de riz. Ce sont des aberrations de ce genre que nous constatons dans le pays.

 

Quid des infrastructures réalisées ?

 

Nous saluons, ces actes. C’est une bonne chose. Mais ma vision c’est l’Ivoirien d’abord. Cela veut dire qu’il ne faut bas prioritairement donner l’exécution de ces travaux à des structures étrangères qu’on enrichi. Ce qui fait que l’argent, au lieu de circuler entre les Ivoiriens circule aux mains des grands groupes étrangers. Pour moi ça ce n’est pas sérieux. Vous avez, à l’époque le pont sur le fleuve Lindsay en Chine. Lorsque Mao construisait le pont sur le Lindsay, il avait la possibilité de le faire avec des occidentaux où la Russie. Ils lui ont fait des propositions, mais Mao a préféré que ce soit les enfants de la Chine qui construisent ce pont, et il leur a dit : « construisez-moi ce pont ». Ce sont les enfants de la Chine qui ont construit ce pont sur le Lindsay. Lorsqu’ils ont mis les premiers caissons pour faire couler le béton et autres, il y a eu des pluies et tout est partis. Mais, Mao a dit : « reprenez ! » Nos enfants doivent construire nos ponts, apprendre de leurs erreurs car, c’est parce que les Chinois ont appris de leurs erreurs qu’ils ont pu construire d’autres ponts. Alors, quand on veut construire des ponts ou d’autres infrastructures, il faut permettre à nos enfants de le faire pour acquérir la technicité qu’ils peuvent reproduire. Il y a eu des travaux, nous saluons cela mais ce sont des travaux où les marchés sont partagés dans un clan fermé où, je ne citerai pas de nom mais tout le monde les connaît. Que ce soit dans le BTP, dans les services, dans tous les domaines, ils sont des spécialistes partout. Ce n’est pas sérieux qu’on enrichisse des individus uniquement d’un clan et que l’argent circule à l’intérieur d’un clan. Et les autres Ivoiriens, nos autres entrepreneurs qui sont-ils ? Aujourd’hui, l’autorité nationale de régulation des marchés publics (ANRMP), qui est une structure rattachée à la présidence de la République, note elle-même qu’il y a plus de 60 % des marchés publiques qui sont passés de façon irrégulière. Ce n’est pas sérieux dans une République. On met en place des institutions pour embellir les façades, des institutions cosmétiques pour faire de la politique cosmétique et faire croire que tout va bien. On donne des chiffres, mais en réalité la situation est effarante.Tout ça, c'est de la politique cosmétique qu'on fait.

 

Interview réalisée par Félix D.BONY

Coll : Kelly Kouassi

Méledje Trésore

Philomène Yaï


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    Article rédigé par

    Félix D. Bony

    Journaliste Reporter

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