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Émergence de l'Afrique/ Dr. Daniel Etounga-Manguelle (économiste): « Beaucoup de dirigeants africains émergent par décret »
Publié le : 22 mars 2015 par Hermance K-N

Dr. Daniel Etounga-Manguelle est un expert en économie qui a vécu une quinzaine d'années en Côte d'Ivoire (Photo : H.K-N)
En marge de la clôture de la Conférence internationale sur l’Émergence de l'Afrique qui s'est déroulée du 18 au 20 mars 2015, à Abidjan, Dr. Daniel Etounga-Manguelle, président de la Société de africaine d’études, d'exploitation et de gestion, s'est ouvert à Soir Info. L'homme affirme que les dirigeants africains doivent aller au-delà de simples déclarations.
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Docteur qu'entendez-vous par « Peut-on émerger par décret ? »
Dr. Daniel Etounga-Manguelle : C'est un thème qui est un peu provocateur. En Afrique, on connaît la force des décrets dans nos systèmes. Toutefois, je voudrais dire que les Africains ne peuvent pas se dire qu'il suffit de proclamer des choses, même si c'est un décret qui le dit, pour que ça se réalise. Au fond, il y un certain nombre de changements importants dans la société, dans le fonctionnement de nos systèmes politiques, dans nos valeurs pour que l'émergence soit une réalité.
A vous entendre, on suppose que le message que vous voulez faire passer est que les dirigeants africains font des déclarations sans suite.
Je ne suppose pas. Je constate, j'affirme et je confirme qu'il y en a et qu'il y en a eu beaucoup chez nos dirigeants africains. Il y a beaucoup trop de déclarations. Au vu du calendrier, on devait avoir par exemple la santé pour tous en l'an 2000, ce n'est pas arrivé. Il y a un certain nombre d'engagements qui ont été pris avec la population et les résultats qui n'ont pas été mis à niveau. Cette fois, je suis optimisme parce que je sens qu'il y a une volonté politique à Abidjan avec cette Conférence internationale.
Parlez-vous de la Côte d'Ivoire ?
Oui je parle de la Côte d'Ivoire. J'ai beaucoup d'optimisme aussi pour l’ensemble des autres pays africains parce que, pour une fois, cette approche consiste à amener tous les pays à réfléchir sur quelque chose qui est important. Ce processus de changement social dans lequel les pays veulent s'engager est la marque que quelque chose de positif est en train d'arriver.
Si l'émergence ne doit pas se faire par décret, par quoi devait-elle commencer ?
Elle doit commencer par le changement de mentalité. Cela débute par le changement de mentalité des individus, le changement du mode de fonctionnement de la gouvernance. Désormais, la gouvernance doit devenir plus responsable. Elle doit rendre compte. Elle doit considérer que l’État devient un partenaire. Ce n'est plus l’État qui redistribue tout, mais en même temps, il a un rôle énorme à jouer. C'est l’État qui fixe le cadre dans lequel toutes les évolutions socio-économiques vont se passer. Et, c'est quelque chose d'important dont il faut tenir compte.
Est-ce qu'au niveau de la Côte d'Ivoire, il y a des signes encourageants dans ce sens ?
Oui. Il y a des signes qu'on observe. Je suis dans le domaine des infrastructures économiques. Je peux parler du troisième pont, le prolongement de l'autoroute et un certain nombre de choses. Les infrastructures routières font partie des actions qui véritablement marquent le changement de cadre dans un tissu économique, un tissu social. J'ai le sentiment que le programme, le plan national de développement, mis en œuvre par le gouvernement ivoirien peut permettre d'atteindre l'émergence sauf en cas d'accident historique.
Pouvez-vous être plus explicite ?
Je suis de l'Afrique centrale. Nous avons Boko Haram, c'est du terrorisme. C'est un véritable accident historique parce qu'on ne voit pas à quoi ça correspond. C'est un fondamentalisme qui vise à revenir au moyen âge.
Quel est le pas de plus que pourraient faire les gouvernants ivoiriens dans le sens d'une émergence comme vous l'entendez ?
Je sais que de manière officielle, le gouvernement ivoirien a engagé un certain nombre d'actions qui sont soutenues. Et, ce qui est intéressant, c'est que la Côte d'Ivoire associe les autres pays. C'est ce qui explique la tenue de cette Conférence internationale. Avec cette conférence, Abidjan est devenue la capitale de l'émergence. Finalement, on se rend compte que tout seul, on ne peut pas partir. On ne peut pas avancer. Je pense que c'est la bonne méthode.
Voulez-vous dire que l'émergence est atteinte avec l'intégration des économies ?
C'est l'intégration. Il faut tous les jours plus d'intégration. Véritablement, nous n'avons aucune raison de rester divisés. On doit pouvoir évoluer. Autant l'économie se mondialise autour de nous, autant la mondialisation doit commencer par le continent africain.
La Côte d'Ivoire prend-elle des décrets pour émerger ?
La Côte d'Ivoire prend les décrets qu'il faut et mène les actions qu'il faut pour atteindre l'émergence qu'elle souhaite. La Côte d'Ivoire est dans la bonne direction.
Entretien réalisé par Hermance K-N
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Hermance K-N
Journaliste Reporter
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