20 mars 2007/ RDR : Alassane Dramane Ouattara (ADO) prépare un coup

Aussi, depuis quelques jours, ne manque-t-il pas d’occasion pour interpeller ses collaborateurs proches ou lointains sur la nécessité pour eux d’être attentifs quant à la grogne de plus en plus grande des militants de base.

Samedi dernier, dans un grand hôtel de la place, il a réuni toute la nomenclatura de son parti. Secrétariat général, ministres, députés affiliés, présidents de Conseils généraux, maires, secrétaires départementaux. Avec plus de trois cent (300) cadres de son parti, ADO a échangé, exposé sa vision des choses et fustigé l’égoïsme et le manque de solidarité des cadres envers les militants de base. Ce qui a naturellement provoqué une démobilisation de ceux-ci.

Chose d’autant plus préjudiciable qu’elle empêche le parti de Ouattara de prendre véritablement ses marques. Ainsi, le discours de samedi, très corsé avec des mots incisifs à la limite du ras-le-bol, est-il révélateur du grand ménage que M. Ouattara entend faire au sein de son parti. Rentré d’une mission très capitale (parti le 14 mars) qu’il n’a pas voulu médiatiser, le patron du RDR a décidé de crever l’abcès devant tout le gotha de son parti.

Dans la foulée, Alassane Ouattara forme un nouveau cabinet. Il choisit un jeune, en la personne de Sidi Touré, pour en être le chef.

Selon lui, l’attitude de des cadres placés à des hauts postes de l’Administration frise l’ingratitude envers les militants qui ont consenti des sacrifices pour faire du RDR ce qu’il est aujourd’hui. « Ils (les militants) se plaignent de plus en plus de ceux ou celles qui ont des responsabilités (dans l’Administration ou mairies, conseils…) grâce au parti. Ils vous trouvent distants. Ils ont le sentiment d’être oubliés. Nous devons entendre leur cri de détresse » a conseillé le président Ouattara aux cadres de son parti, samedi dernier. de tous les ministres à la formation du nouveau gouvernement.

Ceux-ci devront descendre de leur piédestal pour investir désormais le terrain. Ils auront à capitaliser les atouts acquis pendant leur passage au gouvernement (deux ans pour les uns et quatre ans ou cinq ans pour les autres). De la place sera faite à d’autres cadres respectant des critères précis, conformément aux objectifs à court, moyen et long terme.

De même, le leader du RDR compte mettre un accent particulier sur les cotisations en vue de renflouer les caisses du parti. Un plan global de financement est en train d’être concocté par ses services compétents. « Et les moyens ? Me direz-vous ! Vu l’ampleur de la tâche, il en faudra beaucoup et nous y travaillons » a rassuré Ado.

Enfin, les cadres et les responsables de base seront soumis à une obligation de résultats. L’inspection générale du parti veillera à ce que les objectifs soient atteints. En fait, le changement que Ouattara entend insuffler à son parti procède d’une réalité frappante de l’état du RDR quand il est revenu d’exil le 18 janvier 2006.

Face à un parti mal en point, une direction gagnée par l’immobilisme, une base coupée de la direction ; des militants désarçonnés et démotivés. Ado décide de prendre le taureau par les cornes. Il convoque un Bureau politique des 4 et 5 mars 2006, qui a l’air d’une convention. Au terme de ce bureau politique, il décide de remettre la base au centre de son action de redynamisation du parti.

La décision est prise de procéder à l’élection des secrétaires départementaux. Dans la foulée, il forme un nouveau cabinet. Il choisit un jeune, en la personne de Sidi Touré, pour en être le chef. Au sein du secrétariat à la communication, une cellule d’opinion est créée qui fonctionne comme une structure de renseignement et d’éveil.

Elle est conduite par Mme Arnaud Bamba Sogona. Toujours dans le cadre du renforcement du volet communication, M. Ouattara fait appel à l’expertise de Mlle Masséré Touré, spécialiste des relations publiques, anciennement en poste dans un cabinet à Paris. Comme on le voit, Alassane Ouattara est en train de mettre peu à peu sa machine électorale en place. Il ne reste que des hommes et femmes dévoués pour qu’il atteigne l’objectif qu’il s’est fixé c’est-à-dire gagner la prochaine présidentielle et les autres scrutins.

Ibrahima B. Kamagaté

Soir Info, 20 mars 2007