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Croissance économique : Comment la CEDEAO a pu maintenir le cap ?
Publié le : 08 février 2025 par DJOMANDE Aziz

DES LIASSES DE BILLET DE BANQUE (PH:DR)
L’Espace CEDEAO, composé désormais de 12 États membres, a connu des performances économiques contrastées entre 2010 et 2022. La doyenne des organisations interafricaines, a pu se maintenir dans le concert de l’économie mondiale et a appris des leçons qui lui serviront de boussole pour le devenir.
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Malgré
une reprise post-COVID-19 en 2022, l’inflation et la dépréciation des monnaies
locales ont pesé sur les économies. Cet article explore les tendances
économiques de la région, en mettant en lumière les pays qui ont tiré leur
épingle du jeu et ceux qui ont lutté pour maintenir leur croissance.
Une croissance
économique en dents de scie
Entre 2010 et 2022, la croissance économique de la CEDEAO a été marquée par des hauts et des bas. Le taux de croissance du PIB réel, qui était de 5,2 % en 2011, a chuté à 0,6 % en 2016 en raison de l’épidémie d’Ebola. Une légère reprise en 2018 (2,9 %) a été suivie d’une contraction de -0,1 % en 2020 due à la pandémie de COVID-19. En 2022, la région a enregistré une reprise avec une croissance de 3,9 %, mais cette performance reste fragile.
« La CEDEAO a montré une résilience face aux chocs externes, mais les défis internes persistent », explique un analyste économique.
L’inflation a été un problème récurrent dans la région, atteignant un pic de 17,3 % en 2022. Cette hausse est attribuée à la dépréciation des monnaies locales, à l’augmentation des prix des produits alimentaires et aux effets persistants de la pandémie. « Les politiques monétaires strictes des grandes banques centrales ont exacerbé la pression sur les monnaies de la CEDEAO », souligne un expert financier.
Parmi
les pays les plus touchés par l’inflation figurent le Ghana (13,6 %), la Guinée
(11,6 %) et la Sierra Leone (14,1 %). En revanche, des pays comme le Cap-Vert
et ceux de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont maintenu
des taux d’inflation bas, grâce à des politiques économiques prudentes.
Les moteurs
économiques de la CEDEAO
Le
Nigéria, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont les principaux contributeurs à la
croissance régionale. Le Nigéria, à lui seul, représente 68,2 % du PIB de la
CEDEAO, suivi du Ghana (9,3 %) et de la Côte d’Ivoire (7,8 %). « Ces trois
pays sont les piliers économiques de la région, mais leur dépendance à l’égard
des ressources naturelles reste un défi », commente un économiste.
En 2022, la Côte d’Ivoire a affiché une croissance remarquable de 6,7 %, grâce à des programmes d’intervention économique et sociale. Le Nigéria, quant à lui, a enregistré une croissance de 3,0 %, tirée par la hausse des prix du pétrole et la reprise des secteurs des services et de la manufacture. Cependant, l’insécurité dans les régions productrices de pétrole a limité cette croissance.
Le
secteur tertiaire domine l’économie de la CEDEAO, représentant 51,3 % du PIB
réel en 2022. Le Nigéria est le plus grand contributeur à ce secteur avec 76,2
%, suivi du Ghana (6,0 %) et de la Côte d’Ivoire (5,9 %). « Le secteur
tertiaire, notamment les services, est devenu le moteur de la croissance
régionale », explique un analyste. En revanche, le secteur secondaire, qui
inclut l’industrie, a vu sa contribution diminuer, passant de 24,4 % en 2010 à
21,0 % en 2022. « Cette baisse reflète le faible niveau de transformation
structurelle des économies de la CEDEAO », ajoute-t-il.
Performances
contrastées des États membres
Certains
pays ont réussi à maintenir une croissance solide malgré les défis. Le Cap-Vert
a enregistré une croissance spectaculaire de 17,7 % en 2022, grâce à la reprise
du tourisme. Le Niger a également performé, avec une agriculture revitalisée
par de bonnes récoltes. « Ces pays montrent que des politiques adaptées
peuvent stimuler la croissance même dans un contexte difficile », souligne
un expert.
D’autres, comme le Ghana et le Sénégal, ont vu leur croissance ralentir en 2022. Le Ghana a été affecté par des politiques monétaires strictes et une dette publique élevée, tandis que le Sénégal a souffert de la mauvaise performance de ses secteurs primaire et secondaire.
La
CEDEAO a fait preuve de résilience face aux chocs économiques mondiaux, mais
les défis internes, notamment l’inflation et la dépendance aux ressources
naturelles, persistent. Les performances contrastées des États membres montrent
que des politiques économiques adaptées et une diversification des secteurs
sont essentielles pour une croissance durable. « L’avenir de la CEDEAO
dépendra de sa capacité à transformer ses économies et à réduire sa
vulnérabilité aux chocs externes », conclut un analyste.
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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