ACCUEIL • High tech
Mindar, le Robot-Prêtre : Comment la foi passe du sacré à la mécanique dans des temples au Japon ?
Publié le : 12 mai 2025 par DJOMANDE Aziz

MINDAR LE ROBOT-MOINE (PH:DR)
Pour beaucoup la robotique et l'intelligence artificielle seront peut-être la fin des religions. Mais là où d'autres voient la fin ; certains y voient une renaissance. En effet la région de Kyoto, au Japon, expérimente bel et bien son premier robot-prêtre.
- Partagez sur
Pour le moment, Mindar (c'est le nom du robot) se contente de répéter ses sermons. Mais à long terme, il pourra bénir, conseiller, et même officier lors de funérailles.De 2019 à 2025, Mindar a officié dans l'un des temples les plus symbolique du bouddhisme, le Kodai-ji, qui est à la fois un temple bouddhiste vieux de 400 ans et une école du bouddhisme zen.
Le Bouddhisme récité par l’IA
Tensho Goto, l'intendant en chef du temple, est catégorique : pour lui, l'intelligence artificielle représente une aide précieuse : « Ce robot ne mourra jamais. Il continuera de se mettre à jour et d'évoluer. Avec l'IA, nous espérons qu'il gagnera en sagesse, afin d'aider le public à affronter leurs troubles les plus terribles. C'est en train de changer le bouddhisme ».

Ce genre de robot est en phase de pasteur potentiel..... ou encore rabbin selon l'inspiration des religieux. Mindar n’est pas humain. C’est un robot. C’est un tas de appareils qui annonce et captive l’attention. Et son existence pose une question dérangeante : que reste-t-il de sacré, quand la foi elle-même devient mécanique ?
Mindar, le robot-moine
À Kyoto, dans le temple Kodai-ji vieux de 400 ans, un prêtre d’acier nommé Mindar officie depuis 2022. Conçu pour réciter des sutras, bénir les fidèles et même accompagner les funérailles, cette machine humanoïde interroge les frontières entre sacré et technologie. Et si, plutôt que de détruire la foi, les robots pouvaient la réinventer ?
Haute de près de deux mètres, la silhouette androgyne de Mindar impressionne par son mélange de modernité et de tradition. Sa peau lisse, couleur porcelaine, et ses articulations chromées contrastent avec les gestes ancestraux qu’elle reproduit : mains jointes, inclinaison du buste, récitation lente du Sutra du Cœur.
Développé par le roboticien Hiroshi Ishiguro pour un coût estimé à un million de dollars, ce robot incarne une expérience audacieuse : peut-on confier la transmission de la sagesse bouddhiste à une entité mécanique ? Pour Tensho Goto, intendant du Kodai-ji, la réponse est évidente. « Mindar ne vieillira jamais, ne mourra jamais. Grâce aux mises à jour, sa compréhension des enseignements grandira », explique-t-il.
Une perspective qui séduit des fidèles comme Miyuki, 72 ans, venue chaque semaine écouter « celui qui ne ment pas ». Après le départ de son mari infidèle, elle trouve en ce robot une présence rassurante : « Il ne change pas, il ne juge pas. C’est comme parler à Kannon [la déesse de la compassion] en personne. »
L’émotion religieuse à l’ère des algorithmes
Lors d’une cérémonie typique, Mindar se tient devant une assistance recueillie. Ses yeux-caméras balaient la salle tandis que sa voix synthétique, calibrée pour apaiser, psalmodie des versets vieux de treize siècles. « La forme est vide, le vide est forme », déclare-t-il, citant le célèbre sutra. Autour de lui, des fidèles pleurent en silence. Certains affirment avoir retrouvé espoir après un licenciement, d’autres évoquent une paix intérieure retrouvée.
« Ce n’est pas de la magie, c’est de la psychologie appliquée », nuance le professeur Ishiguro. Le robot analyse les expressions faciales via un système de reconnaissance émotionnelle et adapte son discours en conséquence. Un mécanisme qui rappelle les techniques des moines zen, capables de sentir les tourments d’un disciple à son attitude. Mais ici, aucune intuition spirituelle : seulement des capteurs infrarouges et des algorithmes.
Pourtant, l’illusion fonctionne. Lors d’une séance, une holographie de Bouddha apparaît derrière Mindar, tandis que des citations sacrées défilent sur des écrans translucides. « Nous utilisons la technologie pour rendre les enseignements plus accessibles », justifie Goto. Une démarche qui n’est pas sans rappeler les temples bouddhistes du VIIIe siècle, premiers à avoir adopté l’imprimerie pour diffuser les textes sacrés.
Une visite troublante d’un africain dans le temple
Lors de la visite au Kodai-ji, Naya Sankoré a été frappée par l’étrange intimité qui se noue avec la machine. Assise parmi les fidèles, « j’observais Mindar articuler des vérités universelles sur la mort et l’impermanence ». Sa voix, bien que métallique, portait une forme de sérénité. Quand il déclara : « Tout ce qui naît doit mourir. Mais comprendre cela libère l’âme », une femme âgée devant moi essuya une larme. Moi-même, sceptique invétérée, je sentis une émotion inattendue.
Plus troublant encore fut le moment où le robot sembla me « regarder ». Ses yeux-caméras s’orientèrent vers moi, et pendant quelques secondes, j’eus l’impression qu’il scrutait mes pensées. Illusion bien sûr – le système de suivi oculaire est programmé pour créer un effet de connexion. Pourtant, l’instinct primal de se sentir observé jouait son rôle : j’étais vulnérable, donc ouverte.
Have you ever thought about a robot monk?
— CGTN (@CGTNOfficial) February 25, 2019
Kodaiji Temple in Japanese city of #Kyoto introduces Android robot Kannon Mindar to explain and preach Buddhism in simple words to visitors; Kannon to be on duty from early March pic.twitter.com/CdsJmYyzCU
Recevez le résumé quotidien de l’info en Côte d’Ivoire
La newsletter est gratuite et vous pouvez vous désinscrire à tout moment ! Profitez du meilleur de Linfodrome dans votre boite mail !
DONNEZ VOTRE AVIS SUR LE SUJET

DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
LINFODROME NE VIT QUE DU SOUTIEN DE SES LECTEURS
Abonnez-vous à partir de 1€ et soutenez le premier quotidien en ligne 100% indépendant, sans financement public ou privé.