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Mali : Le féticheur Daouda Yattara qui avait dit non à Dieu, et est resté fidèle à lui-même jusqu’à sa mort

Publié le : 04 septembre 2024 par DJOMANDE Aziz

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UNE CHAINE DE WEB TELE RETRANCANT LE PARCOURS DE DAOUDA YATTARA APRES SA MORT (PH:DR)

UNE CHAINE DE WEB TELE RETRANCANT LE PARCOURS DE DAOUDA YATTARA APRES SA MORT (PH:DR)

Issu d'une famille modeste installée dans le Bélédougou au Mali, Daouda Yattara, originaire de la région de Gao, est une figure complexe de Bamako, connue sous le nom de « Satan » ou « Sitane ».

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Le maitre du Boli en pays Bamanan et féticheur de renom a grandi avec un sentiment de révolte face à l’injustice et l’oppression, qu’il attribue aux riches musulmans dominants. Ce ressentiment a façonné sa trajectoire, le poussant à s’opposer radicalement aux institutions religieuses traditionnelles et à la structure sociale en place.

La montée en puissance de « Satan »

Le parcours de Yattara est marqué par son appropriation de la figure de Satan, un choix symbolique qui défie ouvertement les normes religieuses. Son surnom, affiché fièrement sur son véhicule, et son siège situé à la lisière sud de Bamako, sont devenus des lieux de pèlerinage pour des centaines de personnes.

Musulmans, chrétiens, et animistes se rendent à « Sitanébougou » pour solliciter ses services. Là, Yattara rend la justice, punit les voleurs et anime des rituels avec les chasseurs, dont les chants glorifient à la fois les « boli » (puissances occultes) et Satan.

La popularité de Yattara s’est nourrie de la politique de patrimonialisation de la tradition bamanan par l’État malien, qui a organisé des festivals et érigé des monuments en l’honneur des chasseurs. Cependant, dans les quartiers périphériques de Bamako, cette valorisation de la tradition a pris une tournure explicitement politique. Des « meetings » de chasseurs y sont organisés, avec des discours virulents dénonçant l'oppression musulmane et prônant un retour à une société préislamique, plus égalitaire.

Un héritage controversé

En 2005, Daouda Yattara a été arrêté pour complicité de meurtre et trafic d’organes humains, et est toujours incarcéré à la prison de Bamako. Son arrestation a rapidement pris une dimension politique, suscitant des tensions entre les défenseurs de l'Islam et ceux qui perçoivent l’État comme complice des riches contre les pauvres. Les cassettes de ses discours, écoutées en secret dans les quartiers populaires, témoignent de l’influence persistante de Yattara, même derrière les barreaux.

Yattara incarne un mouvement difficile à cerner. Contrairement aux mouvements religieux traditionnels, il ne propose pas de salut spirituel ni ne cherche à structurer un collectif stable. Sa référence à un "village de la tradition" semble autant relever de la nostalgie que de la provocation. Pourtant, son discours trouve un écho chez ceux qui se sentent exclus du système, qu’ils soient pauvres ou puissants, musulmans ou non. Ils voient en Yattara une figure de contestation qui, dans l’ombre, défie les autorités religieuses et étatiques, tout en exprimant un besoin universel de justice et de reconnaissance.


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Article rédigé par

DJOMANDE Aziz

Journaliste Reporter

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