Algérie/Santé du président Bouteflika: Le grand mystère

Le pouvoir algérien semble avoir verrouillé l'information concernant la santé d'Abdelaziz Bouteflika. Depuis le 27 avril 2013 où le président algérien a été victime d’un AVC dit mineur, très peu d’informations officielles ont été données sur l’évolution de son état.

A Alger, cette absence totale d’informations donne libre cours aux rumeurs les plus folles. Dimanche, « Mon Journal », un hebdomadaire algérien a titré à la Une que le président est dans un état comateux. L’information a fait l’objet de censure, car les lecteurs n’ont pu avoir accès au journal.

Hichem Aboud le patron de ce canard qui séjourne depuis quelques jours à Paris, fait l’objet de poursuite par le parquet d’Alger pour « atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale, à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions.» Interrogé par une chaîne française, le responsable du journal a laissé entendre que ses sources sont proches de l’entourage du président. Il a mis au défi les autorités algériennes de montrer au moins les images du chef de l’Etat algérien dans sa chambre d’hôpital comme ce fut le cas en novembre 2005.

Cette année, le président algérien avait séjourné dans le même Val-de-Grâce où il a été soigné d’une hémorragie gastrique. Ce silence qui entoure la santé de Bouteflika aujourd’hui âgé de 77 ans et au terme de son troisième mandat, laisse penser que l’homme qui dirige l’Algérie depuis 14 ans, ne pourra plus briguer un autre mandat, le quatrième. Dès lors on pense de plus en plus à sa succession à la tête de l’Etat. Mais avant cela, il faut que le Conseil Constitutionnel propose au parlement de déclarer l’état d’empêchement du président, au cas où celui-ci est atteint d’une maladie grave et durable, l’empêchant totalement d’exercer ses fonctions. Est-ce le cas actuellement ?

A en croire certaines informations, des fonctions vitales de l’organisme du malade seraient atteintes. Si cela est vérifié, c’est le président du Conseil de la Nation, (le Sénat) qui prendra les rênes du pouvoir pendant 45 jours. Cette vacance devra être comblée 60 jours après par l’organisation de nouvelles élections.

Dans le pays, la situation politique et sociale est tendue. Pendant que les grèves se multiplient, notamment dans les hôpitaux et à Air Algérie, l’opposition elle dénonce le manque de publication de bulletin de santé du président.Certains demandent déjà l’application de l’Article 88 de la Constitution sur l’ «empêchement» du président. L’entourage de Bouteflika semble avoir été court-circuité par la brusque dégradation de son état de santé. En effet, il se donnait encore un an, c’est-à-dire jusqu’au terme de son mandat actuel, pour décider de son remplacement ou non.

Charles d’Almeida