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Fêtes de fin d'année: Danger sur l'approvisionnement des marchés en volailles

Publié le : 09 novembre 2015 par Irene Bath

Le manque de poussins actuellement pourrait impacter l'approvisionnement des marchés pendant les fêtes de fin d'année. (Photo : DR)

L'approvisionnement du marché en volailles, à quelques semaines des fêtes de fin d'année, est un réel sujet de préoccupations pour des acteurs du secteur avicole.

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En effet, une visite dans certaines fermes à Bingerville et à Songon, route de Dabou, permet de constater le désarroi de certains éleveurs qui, jusque-là, ont des difficultés pour s'approvisionner en poussins. Dans la plupart de ces exploitations avicoles, il n'y a pas de poussin de chair en engraissement. Toute chose qui fait peser un danger sur l'approvisionnement en volailles des différents marchés pendant les fêtes de Noël et du nouvel an. A Songon Bimbresso, plus précisément au quartier appelé ''l’Antenne'', le bâtiment de 3 000 poussins construit par Koné Siaka est désespérément vide. Une situation qui, de l'avis de ce dernier, dure depuis près de trois semaines. En colère, il confie qu'il a passé sa commande de poussins depuis le mois de septembre, mais que jusque-là, rien ne pointe encore à l'horizon. Le drame, poursuit-il, c'est que son fournisseur lui a demandé de patienter jusqu'au 19 novembre prochain avant de pouvoir recevoir des poussins. Très embêté, Koné Siaka se demande comment il arrivera à faire face à la commande de certains clients. « La plupart des revendeurs de poulets des marchés à Yopougon viennent s'approvisionner chez moi. Avec cette situation, je me demande bien comment je m'en sortirai », s'inquiète-t-il. Cet éleveur n'est pas seul à avoir des insomnies, puisque juste à proximité de sa ferme, se trouve un autre éleveur, Koffi Raymond, qui vit la même angoisse que lui. Petit fermier dans la même zone de Songon Bimbresso, il doit lui aussi attendre jusqu'après les fêtes de Noël et de nouvel an pour recevoir sa commande de poussins passée pourtant à la fin du mois d'octobre dernier. Fort heureusement, dit-il, il a été prudent en ne vendant pas toute sa bande de poulets qui a atteint les 45 jours. « Lorsque j'ai vu la situation pointer à l'horizon, j'ai décidé de garder une centaine de têtes de poulets que je vais continuer d'engraisser pour les vendre beaucoup plus cher pendant les fêtes de fin d'année », se console Koffi Raymond. A Bimbresso village, précisément au quartier ''Cimetière'', Kouassi Mesmin n'a pas de souci. Depuis le mois de septembre, il a acheté ses poussins qu'il a engraissés jusqu'aujourd'hui et qu'il compte garder encore jusqu'aux fêtes de fin d'année pour les vendre au prix fort. « Avec la mesure d'interdiction de poussins d'un jour, suite à la détection de foyers de grippe aviaire dans des pays voisins, il fallait s'attendre à ces difficultés d'approvisionnement de la Côte d'Ivoire en poussins », confie-t-il. Puis de confesser que c'est avec beaucoup d'appréhension qu'il a quand même continué son exploitation, ''puisqu’avec la confirmation de foyers de grippe aviaire à Bouaké et sur la route de Grand-Bassam, je redoutais qu'on vienne nous parler aussi d'éventuels foyers de grippe aviaire dans la zone de Songon''. Toujours dans la commune de Songon, au quartier appelé ''Chez Mme Djo'', un autre éleveur qui dispose de trois bâtiments pouvant accueillir plus de 2 000 poussins, n'a pu faire le plein que d'un seul bâtiment. Tout comme les autres éleveurs, on lui demande aussi de patienter jusqu'après les fêtes pour pouvoir disposer de la totalité de sa commande. Du côté de Bingerville, le tableau est le même.

Plusieurs investissements réalisés à cause d'Ebola

La rupture de poussins est réelle et des fermiers sont obligés d'attendre des mois pour être servis. Hien Ibrahim, un jeune homme que nous avons rencontré sur une ferme située à Adjamé Bingerville, relate les mêmes souffrances que les autres éleveurs de Songon. « Les fêtes de fin d'année sont considérées comme des moments de grande traite pour nous. Malheureusement, cette année, avec l'apparition de foyers de grippe aviaire, ça sera un peu difficile », déplore-t-il. A proximité de cette ferme se trouve un autre éleveur qui se plaint aussi du manque de poussins. Ce dernier qui se dit de ceux qui ressentiront plus cette situation confie qu'il a réalisé plusieurs investissements dans le secteur avicole. « Avec la menace d'Ebola et l'interdiction de la consommation de la viande de brousse, c'est clair que les consommateurs se tournent aujourd'hui vers d'autres ressources animales, en l'occurrence la volaille, et singulièrement les poulets. J'ai investi beaucoup d'argent pour la réalisation de plusieurs bâtiments devant accueillir des poussins. Si au moment de la grande traite, il n'y a pas de poussin, c'est vraiment à désespérer », s'indigne cet acteur de la vie économique. Autant de propos tenus par ces éleveurs et d'inquiétudes exprimées par ces derniers et qui font craindre des risques d'approvisionnement des différents marchés de la ville d'Abidjan en volailles. En effet, l'on se souvient qu'en mai 2015, le gouvernement ivoirien avait été informé de la suspicion de l'existence du virus de la grippe aviaire dans une basse-cour à Bouaké, à l'intérieur du pays. En attendant les conclusions des analyses de prélèvements sur des volailles de cette basse-cour, un Conseil des ministres avait arrêté les mesures conservatoires ci-après : l'interdiction jusqu’à nouvel ordre, de toute importation, commercialisation et distribution d’oiseaux vivants, de viandes de volailles, de poussins d’un jour, d’œufs à couver, d’ovo produits et de plumes originaires du Burkina Faso et du Niger, le renforcement de la surveillance et du contrôle vétérinaires aux frontières ferroviaire, terrestre, portuaire et aéroportuaire et la réactivation du Comité national de lutte contre la grippe aviaire. Depuis le 11 juin 2015, les analyses effectuées en Côte d’Ivoire et dans un laboratoire de référence en Italie ont confirmé la détection du virus de type A/H5N1 responsable de la Grippe aviaire hautement pathogène (Gahp). En conséquence, le gouvernement a autorisé la mise en place, en urgence, d’un plan d’action en vue de circonscrire la maladie et de lutter efficacement contre sa propagation sur tout le territoire national. La première étape de ce plan vise, entre autres, les objectifs suivants : le renforcement des capacités d’analyse des laboratoires nationaux et des techniques de traçabilité, l’équipement des services vétérinaires, la mise en place de campagnes de communication. Toutes ces mesures ont mis un terme à l'importation de poussins de certains pays qui approvisionnaient régulièrement la Côte d'Ivoire, d'où la situation de crise constatée aujourd'hui.

Irène BATH

Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites


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Article rédigé par

Irene Bath

Journaliste Reporter

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