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Le commandant des Forces françaises en Côte d'Ivoire dit tout, évoque le cas de Blé Goudé
Publié le : 23 octobre 2019 par Cyrille Djedjed

Le Colonel Gauthier, commandant des Forces françaises en Côte d'Ivoire ; a échangé hier, avec la presse nationale et internationale.
Dans sa base militaire de Port-Bouët, une commune du district d'Abidjan, le nouveau commandant des Forces françaises en Côte d'Ivoire (Comfor) se dévoile. Le colonel Frédéric Gauthier veut «savoir» et aussi «se faire connaître». Dans un échange «franc» avec la presse nationale et internationale, dans la ''salle Afrique'' dudit camp, lundi 21 octobre 2019, le commandant des Forces françaises en Côte d'Ivoire, en poste depuis la mi-juillet 2019, en remplacement du colonel Philippe Du Chaxel, répond à toutes les questions des journalistes. Les missions des Forces françaises en Côte d'Ivoire, la lutte contre le terrorisme, les relations avec les Forces armées de Côte d'ivoire (Faci), la prochaine visite du président français en Côte d'Ivoire, la présidentielle de 2020, les événements de novembre 2004… tout est passé au peigne fin, pendant près d'une heure, entre le colonel Gauthier et ses invités.
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Ce n'est pas la première fois que ce militaire foule le sol africain. Le colonel Gauthier a été chef de corps de régiment à Djibouti dans l'Est de l'Afrique. Mieux, c'est son deuxième séjour en Côte d'Ivoire. De 2003 à 2005, cet officier supérieur de l'armée de terre française était en fonction sur les bords de la lagune Ebrié. En tant que chef de bureau des opérations, il a vécu les événements de novembre 2004 à Abidjan. Il s'en souvient sans vraiment entrer les détails. Et évoque même le cas de Charles Blé Goudé, l'ancien chef des jeunes patriotes, actuellement en liberté sous condition à La Haye, au Pays-Bas, après son acquittement par la Cour pénale internationale (Cpi) le 15 janvier 2019 de toutes charges de crimes contre l'humanité prétendument perpétrées en Côte d'Ivoire en 2010 et 2011, quand on lui demande. Le dernier ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo faisait régulièrement des sit-in «pacifiques» aux abords de l'ex-43e Bataillon d'infanterie de marine d'Abidjan (Bima). «Quand j'étais ici il y a quinze ans, le chef de corps, c'est un ami. Il occupait le bureau que j'occupe aujourd'hui. A plusieurs reprises, on a reçu M. Blé Goudé dans le bureau. Les circonstances étaient différentes. Généralement, ça s'est très bien passé. On a eu des discussions. On n'était pas d'accord sur tout mais je pense qu'il ne s'est jamais senti menacé en entrant dans ce bureau. Il en est toujours resorti dans de bonnes conditions. Et c'est la vie», se rappelle l'officier de l'armée française.
Avec 900 militaires déployés, les Forces françaises en Côte d’Ivoire (Ffci) s’articulent autour de quelques emprises principales, essentiellement centrées sur Abidjan : le camp de Port-Bouët ; l’emprise de La Bourgerie sur l’aéroport d’Abidjan ; le Détachement d’intervention lagunaire (Dil) à Port-Bouët et le complexe de tir de Lomo nord à Toumodi. «On se déplace en Côte d'Ivoire en fonction des activités que l'on coordonne avec les Forces armées de Côte d'Ivoire (Faci) de façon à répondre à leur besoin», indique l'officier français. «On peut accueillir en fonction de la situation de renforcement. Que ce soit pour des exercices ou parce que la situation se dégrade, on peut rajouter 500 éléments. soit au total 1500», précise le successeur du colonel Philippe Du Chaxel, estimant que les relations avec les Forces armées de Côte d'ivoire sont actuellement au beau fixe. «Au quotidien, on ne se sent pas menacé. Quand je suis arrivé, je suis allé voir le directeur général de la police nationale, le patron de la gendarmerie nationale. On a été formé dans la même école», ajoute-t-il.
Mais le colonel Gauthier brandit tout de suite la menace au cas ou l'armée française se sentirait menacée. «La préoccupation de chaque soldat, c'est d'employer la force le plus tard possible et au plus bas niveau de violence possible de façon à ce qu'on maîtrise en toute circonstance la force. Quand on sent qu’un de nos soldats va être physiquement menacé, là, on va faire cesser la menace. On est dans dans une logique ponctuelle», fait-il savoir.
Présidentielle 2020. A un an de la présidentielle de 2020, le Comfor refuse de se prononcer sur ce scrutin qui captive les Ivoiriens. «Pas de commentaire sur les élections », répond-t-il. «Dans une famille, il y a des moments où s'entend bien et il y a des moments où on est un peu fâché. A un moment donné, il y a eu des passages difficiles mais aujourd'hui, la situation est plutôt favorable. Ici, je suis propriétaire de rien mais responsable de tout. J'ai un chef, c'est le chef des armées », poursuit-t-il. Pour lui, les relations entre la France et la Côte d'Ivoire sont «bonnes». Raison pour laquelle, il botte en touche la question relative à «l'arrestation de l'ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo» en 2011. «En 2011-2012, je n'étais pas là. Ce n'est pas à vous que je vais apprendre même si on pense quelque chose, celui qui vous lit ou vous écoute peut penser autre chose», coupe-t-il court par la suite.
Par contre, il en sait un peu plus sur la prochaine visite du président français, Emmanuel Macron, en Côte d'Ivoire. «C'est un voyage officiel. Il y a que le président Ouattara est venu en voyage officiel en France et il a invité le président Macron à venir en voyage officiel en Côte d'Ivoire. Le but du voyage, ce n'est pas de venir voir les Ffci. Il vient voir le président Ouattara, la Côte d'Ivoire. Dans cette affaire, on sera sans doute l'épaisseur du trait dans le programme du président Macron. Actuellement, il y a des discussions entre les cabinets des deux chefs d’État pour définir le programme de la visite. Je ne me fais pas de soucis, ce sont de grands garçons. Quand ils auront besoin de nous, la partie française sera là», éclaire-t-il sans donner de date précise.
Missions des Ffci. Par leur positionnement géographique, la qualité de leurs infrastructures portuaires et aéroportuaires et les capacités de leurs emprises, les Ffci constituent une plateforme stratégique, opérationnelle et logistique majeure sur la façade ouest-africaine aussi appelée base opérationnelle avancée (Boa). En tant que Boa, les Ffci sont en mesure de soutenir les opérations dans la zone en facilitant notamment les mouvements des forces (acheminements, désengagements, relèves humaines et matérielles) et/ou en contribuant au soutien pétrolier. «Parmi les volets de la mission, il y a la protection des intérêts français dont nos ressortissants. S'il est nécessaire de faire l'évacuation de nos ressortissants vers un autre pays, on peut nous demander de la faire. Je rappelle que l'évacuation de ressortissants est une décision politique. On est déjà prêt, on sera prêt et on regardera la situation pour remplir notre mission en cas d'urgence», précise le Comfor. L’autre volet de la mission des Ffci consiste à mettre en œuvre la coopération militaire bilatérale avec la République de Côte d’Ivoire, et animer la coopération régionale avec les forces partenaires de la sous-région. Sans oublier de réaliser des actions civilo-militaires au profit de la population ivoirienne. «Les Ffci sont présentes ici à la demande des autorités ivoiriennes. Depuis 1962, cela a toujours été comme ça. C'est une longue relation. On est ici à la demande des autorités ivoiriennes. Cette demande a été de nouveau formalisée en 2012 quand on a signé un nouveau partenariat relatif à la défense. Cet accord témoigne de la volonté de nos autorités à Abidjan comme à Paris de marcher ensemble dans le domaine de la défense», explique le colonel Gauthier.
La lutte contre le terrorisme a été également l'un des sujets évoqués par les différentes parties. «Nous, on suit ce qui se passe en bande sahélo-sahélienne. Mais ma compétence, c'est la Côte d'Ivoire. La lutte contre le terrorisme en Côte d'ivoire, c'est la responsabilité exclusive des autorités ivoiriennes. Nous, les Ffci, on a aucune action», souligne le patron des Forces françaises en Côte d'Ivoire.
Cyrille DJEDJED
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Cyrille Djedjed
Journaliste Reporter
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