ACCUEIL ARCHIVE DU JOUR

ARCHIVE DU JOUR

26 mai 2007/ Elections présidentielles : Le syndrome de juillet 2000 guette Alassane Ouattara

Publié le : 26 mai 2025 par Mominé COULIBALY

ALASSANE OUATTARA, PRESIDENT DE COTE D'IVOIRE (PH:DR)

Juillet 2000. Une nouvelle Constitution vient d’être adoptée par référendum en Côte d’Ivoire. Tous les partis politiques appellent à voter cette loi fondamentale, y compris le Rassemblement ivoirien des républicains (Rdr).

  • Partagez sur

Ironie du sort, Alassane Ouattara, le leader du Rdr sera écarté de la course aux présidentielles par deux dispositions de cette nouvelle constitution. Depuis lors, le pays ne connaît plus de répit. Tout est pourtant parti du 29 décembre 1999. Cinq jours après le coup d’Etat militaire qui a entraîné le renversement du régime Bédié en Côte d’Ivoire, Ouattara rentre de son exil parisien.

Il reçoit un accueil triomphal dès son arrivée à l’aéroport international FHB d’Abidjan. Le lendemain, le général Guéi, le nouvel homme fort d’Abidjan, le reçoit ; au sortir de cette rencontre, Ado laisse éclater sa joie : « La Côte d’Ivoire est en train de faire sa révolution des œillets ».

Il devait déchanter cinq mois plus tard, puisque le général propose, au mois de mai de cette même année de soumettre la Constitution ivoirienne à un vote référendaire. Dès la mi-juillet, les états-majors politiques sont sur le terrain pour faire campagne. Le Rdr appelle ses militants à voter par le « oui » cette loi dont la dernière mouture a été publiée dans le journal gouvernemental. Mais contre toute attente, le général Guéi, président du Cnsp, modifie de façon unilatérale une disposition de cette loi.

« Il y a eu un vrai coup de théâtre, quatre jours avant le référendum, Laurent Gbagbo convainquait le général Guéi de réintroduire la notion d’ivoirité dans la nouvelle constitution ».

Alassane Ouattara, lui ne donne aucune consigne contraire de vote à ses hommes sur le terrain. C’est l’erreur fatale ! Le 23 juillet, la nouvelle loi est votée à plus de 86% de suffrages exprimés. L’ancien Premier ministre ivoirien vient de voir son rêve de participer pour la première fois aux élections présidentielles en dix années de présence sur l’échiquier politique ivoirien, s’écrouler comme château de cartes. Mais Ado voit la main de son ancien allié politique du Front républicain derrière ce tripatouillage des textes fondamentaux.

« Il y a eu un vrai coup de théâtre, quatre jours avant le référendum, Laurent Gbagbo convainquait le général Guéi de réintroduire la notion d’ivoirité dans la nouvelle constitution », charge Ouattara dans l’interview accordé à Hacène Belmessous (journaliste-écrivain algérien) dans « Réflexion d’un proscrit ». Il ajoute que « la clause exigeant que pour être éligible, tout candidat doit être Ivoirien de père ET de mère, fut inscrite en ce moment (…) ». 

Le Oui mais d’ADO

A la question de savoir pourquoi dans ce cas il n’a pas donné les consignes claires pour un vote contraire, Ouattara avance l’argument qui suit : « Nos militants faisaient campagne depuis une semaine en faveur du OUI ». Sept années après ce douloureux épisode, pour certains militants du Rdr, Alassane Ouattara ne semble toujours pas avoir tiré des leçons de cette première mésaventure.

Ceux-là ne cachent pas leur crainte d’assister à un remake de Juillet 2000. Alors que l’accession de l’ex-dirigeant fasciste à la Primature devrait constituer un verrou de sûreté supplémentaire pour la famille des républicains, c’est à tout le contraire que l’on assiste. Le rapprochement Soro-Gbagbo, est loin d’être aujourd’hui un avantage politique pour le patron des républicains qui, paradoxalement a dit à Soro au cours de la rencontre du samedi avec l’ancien leader de la rébellion, qu’il n’attend pas qu’il lui « fasse de faveur ».

Du côté des alliés du G7, des voix plus autorisées comme celles de la présidente de l’Ufpáci, ont dénoncé l’imposture. « C’est un accord flou », a averti Mme Salimata Dao il y a quelques jours de cela. Les autres leaders du G7 qui ne veulent pas se laisser surprendre, n’écartent plus l’hypothèse de rompre les amarres avec Guillaume Soro. Mais le « Bravetché » n’entend pas les choses de cette oreille. Mieux, il veut jouer les prolongations en demandant aux alliés du Rhdp (coalition des houphouétistes) de mettre balle à terre.

Au moment où se tenait la rencontre de Daoukro avec la presse le samedi dernier pour remettre le sujet de l’alliance au sein G7 sur le tapis, le père présumé de la rébellion lui essayait de convaincre le Sg des Forces nouvelles de mettre un peu d’eau dans son vin, au cours rébellion lui essayait de convaincre le Sg des Forces nouvelles de mettre un peu d’eau dans son vin, au cours d’un dîner qu’il lui a offert. Par courtoisie, HKB a accepté d’ajourner la réunion du bureau politique du Pdci. Au risque de ronger les freins.

Surtout que les supputations vont bon train sur l’efficacité de la stratégie d’Ado qui consiste à ménager le chou et la chèvre rebelle. Au point que du côté de la Rue Lepic l’on redoute fort que le mentor du Rdr ne soit encore sinon un outsider du moins un des tocards à la prochaine course à la présidentielle par la faute de ses « alliés naturels » de la rébellion. Cette hypothèse qui n’est plus à écarter, fait son petit bonhomme de chemin au sein de la classe politique ivoirienne. 

Firmin YOHA, L’Inter, le 26 mai 2007


Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de linfodrome.com, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.

Recevez le résumé quotidien de l’info en Côte d’Ivoire

La newsletter est gratuite et vous pouvez vous désinscrire à tout moment ! Profitez du meilleur de Linfodrome dans votre boite mail !

DONNEZ VOTRE AVIS SUR LE SUJET


Article rédigé par

Mominé COULIBALY

Journaliste Stagiaire

La Question
Du Jour

À votre avis quelles sont les causes des nombreux divorces qu'on constate ? (1526 votes)

LINFODROME NE VIT QUE DU SOUTIEN DE SES LECTEURS

Abonnez-vous à partir de 1€ et soutenez le premier quotidien en ligne 100% indépendant, sans financement public ou privé.