Arts plastiques : Mathieu Jean Gensin fête ses 90 ans avec "À la quête de mes origines"

Sous le thème “À la quête de mes origines : entre initiations et transmissions”, cet événement est une véritable rétrospective de l'œuvre de Gensin, un artiste dont le parcours singulier a marqué à la fois la Côte d'Ivoire et le monde des arts.

Né en 1934 au Lamentin, en Martinique, Mathieu Jean Gensin est un peintre de renommée internationale. Arrivé en Côte d’Ivoire en 1960, l’année de l’indépendance du pays, il a été un acteur majeur de la scène artistique moderne ivoirienne. Il a enseigné au Collège moderne d’Adjamé et a contribué à l’épanouissement de l’art moderne ivoirien aux côtés de figures emblématiques comme Christian Lattier.

« Je n’ai pas perdu ma racine »

Parmi ses accomplissements majeurs, l’artiste a cofondé, en 1970, le mouvement négro-caraïbe avec Laouchez et Serges Hélénon. Ce mouvement, qui célébrait les racines africaines et caribéennes, a influencé la naissance du courant Vohou-Vohou en 1985, porté par des artistes comme Sékou Dosso et Youssouf Bath.

Lors du vernissage de l'exposition au MuCAT, Gensin a évoqué ses racines et la quête identitaire qui traverse toute son œuvre. “Cette exposition est tout un symbole : c’est le retour vers mes racines.  Le sens de cet évènement, c'est de montrer que je n’ai pas perdu ma racine... Je suis revenu en Afrique justement pour consolider cette racine et la faire valoir aux yeux du monde entier cette racine", a-t-il dit.

À travers ses créations, l’artiste explore des thèmes liés à l'identité, la mémoire et la transmission. Il se distingue par son approche unique qui fusionne les influences africaines et caribéennes avec un style moderne et avant-gardiste. Une de ses œuvres les plus emblématiques, “Poro. Sortie du bois sacré” (2010), est un exemple de cette combinaison, intégrant des éléments symboliques issus de la danse et du patrimoine africain.

L’exposition au MuCAT, qui se tient jusqu’au 25 octobre 2024, présente une sélection d’œuvres retraçant la carrière de Gensin, illustrant son influence et son rôle de mentor auprès des générations suivantes.

En parallèle, une autre exposition dédiée à Gensin se tiendra à l’Institut Français de Côte d’Ivoire (IFCI) du 27 septembre au 25 octobre 2024. Cette exposition mettra en lumière ses œuvres les plus emblématiques, notamment celles qui témoignent de son lien profond avec le patrimoine africain et caribéen.

Des "messagers des mémoires ancestrales"

Lors de la cérémonie, Sandrine Mesquida Marmissolle, directrice de la Galerie Eureka, a salué l’héritage artistique de Gensin. Elle a qualifié ses œuvres de "véritables messagers des mémoires ancestrales".

Selon elle, les deux expositions offrent une immersion profonde dans l’univers créatif de Gensin, incitant les visiteurs à réfléchir sur des questions profondes comme la résistance culturelle et l'identité. “Ces expositions enrichiront notre perception de son œuvre et mettront en lumière l’empreinte indélébile qu’il laisse sur la scène artistique ivoirienne et bien au-delà”, a-t-elle déclaré.

L'héritage de Mathieu Jean Gensin transcende le simple cadre artistique, incarnant une mémoire vivante qui continue d'inspirer. À travers ses œuvres, il fait résonner des valeurs fortes telles que la solidarité et la résistance culturelle. Que ce soit au MuCAT ou à l'IFCI, ces deux expositions offrent une occasion unique de se plonger dans le riche univers de cet artiste d'exception, dont l'œuvre traverse le temps et les générations, réaffirmant sa place.