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Profil de carrière, mutuelle, AKP… la DGI face à la colère syndicale
Publié le : 21 avril 2025 par Samuel KADIO

« Une administration figée, des carrières bloquées et des agents à bout. » C’est le cri d’alarme lancé, mardi 15 avril 2025, par les syndicats de la Direction générale des impôts (DGI), lors d’une conférence de presse tenue au Musée national des civilisations d’Abidjan-Plateau.
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À la tribune, les représentants de la Coordination Dignité de la Direction générale des Impôts (DGI) ont dressé un tableau préoccupant de la situation interne de l'administration fiscale. Sclérose administrative, injustices dans le déroulement de carrière, mutuelle mal gérée, projets immobiliers en souffrance : les griefs ne manquent pas.
Trois figures syndicales ont animé cette rencontre : Djèdji Mel Akpa Léonard (ASADGI), Mickael Dougrou (ANADGI) et Konan Kouassi Antoine (SAGI). Tous ont exprimé, d’une même voix, un sentiment d’abandon ressenti par les agents, et pointé du doigt une direction figée dans le temps.
Une hiérarchie bloquée depuis 25 ans
Première alerte : l’immobilité dans la chaîne hiérarchique. Selon les intervenants, certains directeurs sont en poste depuis deux décennies et demie, sans aucun renouvellement ni progression dans l'organigramme.
« Quand on a fait cette analyse, grande a été notre surprise de constater d’où vient le problème », a expliqué Mickael Dougrou. « Vous avez des directions occupées par les mêmes personnes depuis 24 ou 25 ans. En cumulant, c’est plus de 250 années d’occupation des mêmes postes par les mêmes individus. »
Cette stagnation freine tout espoir d'évolution pour les sous-directeurs et autres cadres intermédiaires. « Comment voulez-vous que le profil de carrière avance si les têtes ne bougent pas ? », s’interroge le syndicaliste, appelant les autorités fiscales à "prendre leurs responsabilités" pour débloquer la situation.
La mutuelle : un outil confisqué
Autre sujet brûlant : la rétrocession de la mutuelle aux agents. Pour les syndicats, la gestion actuelle est opaque et inefficace. Ils réclament que les cotisants reprennent le contrôle, conformément aux standards de bonne gouvernance.
« Les réformes de l’Union européenne exigent que les mutualistes eux-mêmes gèrent leur mutuelle », a rappelé Djèdji Mel Akpa. Mais à la DGI, la mutuelle reste entre les mains d'une administration jugée défaillante. « Non-reversement des cotisations, échecs des projets sociaux, absence de transparence : voilà notre quotidien », a déploré le responsable syndical.
AKP : une opération immobilière trouble
La conférence a également levé le voile sur l’opération immobilière AKP, lancée il y a treize années et aujourd’hui décriée. Pour les syndicats, ce projet est devenu un cauchemar pour les agents.
« Vous souscrivez pendant des années, c’est du sacrifice. Et au final, vous recevez un site sans eau, sans titre foncier valide », a dénoncé Konan Kouassi Antoine, en évoquant le sort de certains souscripteurs. « Des veuves et des orphelins attendent toujours une maison qui ne viendra peut-être jamais. »
Les terrains en question seraient au cœur d’un litige foncier, avec des droits coutumiers non purgés. « Nous avons saisi la hiérarchie, mais aucune réponse. Aujourd’hui, nous prenons nous-mêmes des avocats et des huissiers pour nous défendre », a affirmé M. Mel Apka. L’affaire pourrait bientôt se retrouver devant les tribunaux.
Trêve sociale rompue
Au-delà des griefs égrenés, la Coordination Dignité de la DGI adresse un message clair au gouvernement : il faut agir. « Nous demandons aux autorités de sortir du silence et de mettre fin à cette inertie », a lancé Konan Kouassi Antoine. Selon lui, l’administration fiscale ne peut rester dans un tel état sans que cela n’impacte l’efficacité de la collecte des ressources publiques.
À six mois du dépôt du projet de budget 2026, les syndicats s’apprêtent à durcir le ton. La Coordination Dignité a en effet déclaré la fin de la trêve sociale signée en 2024 à Yamoussoukro. « Nous constatons clairement que la trêve n’intéresse pas le ministre et la direction générale des impôts. La trêve n’existe plus pour la Coordination Dignité ! », a lancé Djèdji Mel Akpa Léonard. Et de prévenir : « Nous-mêmes, par nos actions, allons faire aboutir les points de revendications ».
Pour les syndicats, il en va de la dignité et de la stabilité des agents. « Ce que nous réclamons, c’est du respect, de la justice et de la transparence », a insisté Mickael Dougrou. « Si rien n’est fait, nous devrons envisager d’autres formes de mobilisation. »
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Samuel KADIO
Journaliste Reporter
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