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Afrique Francophone : Mieux comprendre la rivalité entre le CFA de l’UEMOA et celui de la CEMAC
Publié le : 10 mai 2025 par DJOMANDE Aziz

FRANC CFA EN AFRIQUE OCCIDENTALE ET CENTRALE (PH:DR)
Vraisemblablement, on a à faire à deux monnaies du même nom et des disparités en parité. Pourquoi le Franc CFA crée deux Afriques au lieu de les unir ? Le franc CFA, monnaie commune à 15 pays africains, est en réalité scindé en deux zones économiques rivales : l’UEMOA (Afrique de l’Ouest) et la CEMAC (Afrique centrale).
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L’UEMOA (XOF) comprend 8 pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire…) et la CEMAC (XAF) est constituée de 6 pays (Cameroun, Gabon, Tchad…). C’est deux espaces ont en partage la même monnaie estampillée différemment. Même nom, même symbole… mais des réalités économiques et politiques quasiment divergentes. Décryptage du système !
Comment fonctionne la Zone franc ?
Elle repose sur 4 principes majeurs. Le franc CFA a une parité fixe avec l’euro (le taux de change n’a pas évolué depuis 1994 : 1 € = 655,957 FCFA). Le franc CFA peut être converti de manière illimitée en euros par la France. Comme toute autre monnaie, le franc CFA est librement échangeable à tout moment contre de l’or ou une autre devise étrangère. La France s’est engagée à faire face à toute demande de conversion. Par exemple, si un État de la zone Franc ne peut pas assurer le paiement en devises de ses importations, la France garantit le versement des sommes correspondantes en euros.
En contrepartie, les réserves de change sont mutualisées entre les différents ensembles économiques régionaux et placées (à hauteur de 50 % à 65 % selon les régions) auprès du Trésor français. Les transactions courantes et mouvements de capitaux sont libres au sein de chaque région.
Le franc CFA est né le 26 décembre 1945, jour où la France ratifie les accords de Bretton Woods et procède à sa première déclaration de parité au Fonds monétaire internationale (FMI). Il signifie alors "franc des Colonies Françaises d’Afrique". Conformément à l’article 8 des statuts de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’objectif prioritaire de la politique monétaire de la BCEAO est d’assurer la stabilité des prix. Sans préjudice de cet objectif, la Banque Centrale apporte son soutien aux politiques économiques de l’UEMOA, en vue d’une croissance saine et durable.
Deux problèmes qui écorchent
Premièrement, il y a l’impossible d’échanger 1 XOF contre 1 XAF ! Un commerçant nigérien voulant acheter au Tchad doit convertir sa monnaie (naira)… et payer des frais. Dans l’UEMOA, une carte d’identité suffit pour traverser les frontières. Dans la CEMAC, il faut un passeport et un visa. La BRVM (Bourse régionale ouest-africaine) capitalise 7 500 milliards FCFA, contre moins de 1 000 milliards pour les deux bourses de la CEMAC combinées.
Il faudra du miracle pour faire la conciliation car cela demande à ce que les dirigeants africains dépassent leurs égos nationaux.
En 2025, un container met 23 jours à sortir du port de Pointe-Noire (CEMAC) contre 3 jours en France. La bureaucratie coûte à l’Afrique 2 % de son PIB annuel (Banque mondiale). Le franc CFA, conçu en 1945, est devenu un frein à l’intégration. Les solutions qui existent, sont entre autres d’unifier les deux zones en une seule monnaie convertible, de supprimer les barrières douanières « maison » et de fusionner les Bourses pour attirer les investisseurs.
Malgré un nom commun, les deux CFA sont techniquement étrangers l’un à l’autre. XOF = « Franc de la Communauté Financière Africaine ». XAF = « Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale ».
Il n’y a aucun système de compensation entre les deux banques centrales. Pire, les régions maintiennent des barrières douanières. La CEMAC traîne deux boulets : la Bourse de Douala (Cameroun) et la BVMAC (Gabon). Ensemble, elles valent 10 fois moins que la BRVM de l’UEMOA. Une fusion avec la BRVM, techniquement possible, pourrait faciliter la convergence des deux monnaies.
D’autres alternatives qui désengorgent
D’après la banque africaine d’import export, les échanges commerciaux intra-africains ont atteint une valeur de 208 milliards de dollars en 2024, enregistrant une croissance de 7,7% par rapport à 2023, selon un rapport publié le dimanche 30 mars 2025 par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). Avec 58,1 milliards de dollars d’échanges commerciaux avec les autres sous-régions, l’Afrique australe reste le principal moteur des échanges commerciaux entre les pays africains devant l’Afrique de l’Ouest (52,8 milliards de dollars), l’Afrique de l’Est (46,8 milliards), l’Afrique du Nord (31 milliards de dollars) et l’Afrique centrale (19,4 milliards).
Avec la poursuite de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ou de nombreux pays africains ont entamé des exportations vers ce marché, les échanges commerciaux intra-africains ont atteint une valeur de 208 milliards de dollars en 2024, enregistrant une croissance de 7,7% par rapport à 2023, selon un rapport la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) publié en mars 2025. Avec 58,1 milliards de dollars d’échanges commerciaux avec les autres sous-régions, l’Afrique australe reste le principal moteur des échanges commerciaux entre les pays africains.
Voici les nouveaux billets de banque qui vont entrer en circulation dans la zone CEMAC au cours du mois de décembre.
— Salazar (@FabOkala) November 8, 2022
Vos avis?🤔
Pour ma part, tant que c'est le Franc CFA...👎🏽 pic.twitter.com/EIng3laT0q
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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