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Pays à dette critique : Serah Makka propose la solution pour « se reconstruire durablement »
Publié le : 30 mai 2025 par DJOMANDE Aziz

DIRECTRICE EXECUTIVE DE FAD 17 (PH:DR)
Comment ressuscité des pays au bord du gouffre avec des solutions souples et constructives ? A cette équation, la Directrice exécutive de ONE Campaign pour l’Afrique veut une « action cas par cas » pour redonner espoir à des gouvernements qui ont le dos au mur. À l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), la CEO Serah Makka est revenue sur les enjeux liés à la reconstitution du Fonds africain de développement (FAD-17).
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Depuis Abidjan, la patronne de FAD17 y croit fermement et compte se servir de ce monopole pour pallier à la sécheresse chez des Etats pris au piège de la dette crescendo. Sans passer par quatre chemins, elle a redessiné une autre trajectoire lors de son entretien par Linfodrome.
Linfodrome : Pourquoi êtes-vous présente à ces Assemblées annuelles de la BAD ?
Serah Makka : Je suis ici pour deux raisons liées. D'abord, pour soutenir la dix-septième reconstitution du Fonds africain de développement (FAD-17), qui est un guichet essentiel pour les pays africains les plus fragiles. Ces pays font face à des niveaux d’endettement très critiques et ont un besoin urgent de financements à faibles coûts.
Le FAD leur offre justement cette possibilité avec des prêts concessionnels. Il est donc fondamental de plaider pour une reconstitution ambitieuse de ce fonds. Ensuite, nous sommes également présents pour suivre de près les élections à la présidence de la BAD. Après dix ans, un nouveau président va être élu, et il est important que la société civile reste engagée dans ce processus et poursuive le dialogue avec les futurs dirigeants.
Linfodrome : Quel rôle le secteur privé peut-il jouer dans cette reconstitution du FAD ?
Serah Makka : Le secteur privé est un acteur irréprochable. Souvent perçu comme un simple pourvoyeur de capitaux, son rôle va bien au-delà. Il détient une immense capacité d’investissement, qui peut être orientée vers des secteurs prioritaires du développement. L’idéal serait de combiner intelligemment les ressources privées, les fonds philanthropiques et les financements concessionnels. Cette alliance stratégique permettrait, par exemple, de renforcer l’électrification de l’Afrique, de garantir un meilleur accès à l’eau potable ou encore de combler le déficit en infrastructures.
C’est en rassemblant ces ressources que nous pourrons vraiment faire avancer les grands chantiers de développement durable sur le continent. Pour que des initiatives comme la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine) fonctionnent, un financement adapté est indispensable et cela passe forcément par une implication accrue du secteur privé.
Linfodrome : Comment le FAD s’intègre-t-il dans l’architecture financière mondiale ?
Serah Makka : Le FAD est essentiel. Nos recherches montrent qu’un pays africain qui emprunte sur les marchés internationaux paie en moyenne cinq fois plus que les pays d’autres régions. C’est un fardeau qui peut peser sur plusieurs générations. Le FAD permet donc aux pays africains d’avoir accès à des financements bien plus abordables. Il s’agit en fait du guichet le plus avantageux au sein de la Banque africaine de développement. Même si son enveloppe actuelle, environ 47 milliards de dollars reste insuffisante au regard des besoins, c’est un point d’ancrage stratégique.
Mieux encore, ces financements concessionnels peuvent attirer d’autres types de capitaux et rassurer les investisseurs privés en diminuant les risques. Le FAD joue aussi un rôle structurant en aidant à bâtir les marchés de capitaux africains. Il est donc essentiel de mobiliser aussi nos ressources internes capitaux privés locaux, ressources domestiques, marchés régionaux pour renforcer cette architecture financière.
Linfodrome : Quels sont les domaines d’intervention prioritaires du FAD ?
Serah Makka : Le FAD est un fonds basé sur la demande. Cela signifie que chaque pays peut choisir ses priorités en fonction de ses besoins spécifiques. Toutefois, certains secteurs restent naturellement stratégiques. Le climat, l’énergie verte, l’agro-industrie et les infrastructures sont au cœur de ses actions. Le FAD s’engage également à soutenir des projets générateurs d’emplois et de valeur ajoutée. Le but est que les financements soutiennent concrètement la croissance économique. Chaque pays doit pouvoir identifier les domaines dans lesquels le FAD pourra réellement faire la différence.
Linfodrome : En résumé, quel message souhaitez-vous faire passer à travers votre présence ici ?
Serah Makka : Le FAD-17 est un levier indispensable pour que l’Afrique puisse se développer de manière durable et équitable. Il faut impérativement mobiliser la communauté internationale, les philanthropes, les investisseurs privés et les gouvernements pour contribuer massivement à sa reconstitution. C’est le moment d’agir ensemble, avec ambition, pour bâtir une Afrique plus résiliente, plus connectée, et plus juste.
J’ai eu l’agréable plaisir de recevoir le président élu de la BAD, monsieur Sidi Ould TAH, qui m’a fait l’honneur de me rendre une visite de courtoisie sitôt que je suis arrivé à Abidjan.
— Ousmane Sonko (@SonkoOfficiel) May 30, 2025
J'ai accueilli un homme serein, engagé, porteur d’une vision claire, ambitieuse et… pic.twitter.com/ieM3aYvnH2
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter

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