Tourisme: Les défis que doit relever la Côte d'Ivoire

La Côte d'Ivoire veut porter la part de son industrie touristique au Pib (Produit intérieur brut) d'environ 5,5 % actuellement à 8 % à l'horizon 2025. Le pays a également l'ambition de se positionner comme la 5è puissance touristique sur le continent africain. Pour se faire, elle s'est dotée d'un vaste et ambitieux programme de développement touristique dénommé «Sublime Côte d'Ivoire». «Le programme Sublime Côte d'Ivoire a pour but de développer un moteur de croissance du Pib et de multiplier les recettes fiscales, favoriser le développement territorial hors d’Abidjan tout en faisant de la Côte d'Ivoire une destination touristique de premier plan en Afrique», a décliné comme vision, le ministre ivoirien en charge du Tourisme Siandou Fofana. Ce programme qui définit la politique stratégique du tourisme de la Côte d'Ivoire à l'horizon 2025, a identifié des projets majeurs dont l'exécution va favoriser l'atteinte des objectifs visés.

Au titre des projets à mettre en œuvre, la Côte d'Ivoire vise un positionnement de co-leader (avec le Nigeria) du tourisme d'affaires en Afrique. Ce projet sera exécuté sous deux composantes. Premièrement, «Abidjan business city» qui ambitionne de hisser la capitale économique ivoirienne au rang de hub régional du tourisme des congrès et conférences en Afrique avec des pôles territoriaux à Yamoussoukro et San Pedro. Ce qui implique la création de l'infrastructure de gestion, de promotion et d'accueil nécessaire. «Abidjan medical city» en est la deuxième composante, devant faire de la métropole, un hub médical pour les patients de la sous-région. Et ce, grâce à une offre de soins de qualité assises sur les normes internationales.

La Côte d'Ivoire veut être aussi la base de divertissement domestique de la sous-région. Pour se faire, il sera exécuté le projet «Belles plages pour tous» qui se caractérise par une offre balnéaire populaire et de qualité pour les touristes. Un volet qui sera adressé dans ce projet, porte sur l'amélioration de la sécurité de la baignade tant à Abidjan que dans les villes périphériques de Grand-Bassam, Jacqueville et Assinie. L'autre projet dans cette composante est dénommé «Akwaba Park». Qui consiste en la construction de parcs de loisir et de divertissement à vocation sous-régionale. Il s'agit concrètement de réaliser un complexe touristique comprenant un parc d'attraction, des hôtels et autres activités de loisir.

En dehors de la sous-région, le pays veut capter le tourisme européen et américain «avide de dépaysement authentique». C'est donc à juste titre que le programme «Sublime Côte d'Ivoire» a défini trois projets clés : «Au paradis : entre mer et nature» qui est une offre balnéaire plutôt haut de gamme avec excursions journalières pour découvrir les richesses naturelles et culturelles ivoiriennes ; «Routes des trésors africains» qui se décline en ''La route des rois'' pour les découvertes culturelles et ''La route des éléphants'' pour celles naturelles ; et enfin, «Route des esclaves» qui donnera de visiter le circuit marquant les lieux de mémoire de la traite négrière. Ici, il sera aussi question de développement des équipements touristiques et mémoriels et de promotion dans les agences spécialisées.

Toujours au titre des projets à exécuter pour l'atteinte de l'objectif «Côte d'Ivoire, 5è puissance touristique africaine», il est envisagé la création de micro-entreprises de tourisme (sur le plan social) et des projets touristiques locaux (au niveau territorial). Projets inscrits dans la composante «Faire du tourisme un vecteur majeur de l'entrepreneuriat ivoirien». Relativement à la création des micro-entreprises, le programme prévoit également la formation d'environ 700 micro-entrepreneurs d'ici à 2025.

 Les atouts existent.

Les ambitions des autorités ivoiriennes telles que déclinées dans le programme «Sublime Côte d'Ivoire» en matière de développement touristique ne sont pas démesurées. Ce sont des projets réalisables, ce d'autant plus que les atouts existent. Rien que pour les quelques-unes des villes ciblées (Abidjan, Yamoussoukro, San Pedro, Jacqueville, Grand-Bassam, Assinie, etc.), l'on peut énumérer pelle-mêle le parc du Banco, le musée des civilisations de la Côte d’Ivoire, le marché d’art et d’artisanat

, la baie de Cocody en aménagement, le parc d'attraction en construction à Port-Bouët (Abidjan), les plages de Grand-Bassam, d'Assinie. Les merveilles naturelles qu'offre l'île Boulay et ses sites de rêve (la baie des milliardaires). Quant à la capitale politique de la Côte d'Ivoire, tout le monde s'accorde à dire que la ville elle-même est un patrimoine touristique à découvrir. On y trouve notamment les tisserands de Gbomizambo Kondéyakro, l'emblématique basilique notre Dame de la paix,

la fondation Félix Houphouët-Boigny pour la paix. Il y a également l'hôtel Président qui suscite encore de la curiosité aux yeux de touristes, idem pour le domaine qui servait de palais au premier président de la République de Côte d'Ivoire, le lac au crocodile, etc. Grand-Bereby, Sassandra, San Pedro, Dabou, bref, le pays regorge de riches patrimoines touristiques à valoriser.

Mobilisation des ressources. Comment parvenir à transformer la richesse naturelle en une véritable industrie ? C'est le pari à relever. Le gouvernement conscient de ce que la réalisation d'une telle ambition ne saurait être une réalité sans la mobilisation de moyens financiers conséquents, a décidé de solliciter le concours du secteur privé. En effet, pour financer le programme «Sublime Côte d'Ivoire», le gouvernement a arrêté un budget de 3 200 milliards de fcfa. Pour l'heure, ce financement n'est pas encore bouclé. Mais grâce à un mémorandum d'entente signé entre le gouvernement ivoirien et le fonds d'investissement sud-africain Investment fund Africa (Ifa), les premiers décaissements devront être possibles d'ici à juin 2019. N'empêche, en attendant de réunir l'apport du privé, l’État de Côte d'Ivoire lui-même va décaisser sa part du budget estimée à 1 500 milliards de fcfa.

 Cibler local

Pour un projet aussi ambitieux que celui élaboré dans le plan de développement touristique de la Côte d'Ivoire, l'adhésion de toutes les forces vives de la nation est nécessaire pour sa réussite. Il s'agira principalement pour les porteurs du projet, t'intéresser d'abord les Ivoiriens à la chose touristique. Il faut parvenir à faire des Ivoiriens des consommateurs de l'industrie touristique nationale. «Sublime Côte d'Ivoire» ambitionne certes d'attirer au moins 5 millions de touristes internationaux en Côte d'Ivoire à l'horizon 2025. Mais qu'est-ce qui est fait pour amener les Ivoiriens à s'intéresser à leur riche patrimoine touristique ? C'est aussi un défi qu'il convient de relever. Parce que ce sont les Ivoiriens qui doivent vendre la destination Côte d'Ivoire. Mais alors, comment parviendront-ils à le faire si eux-mêmes ne savent pas ce dont regorge le pays sur ce plan ? C'est bien de chercher à faire entrer des devises, mais constituer un marché local, donne encore plus de garanties quant à la commercialisation de son produit ou service.

Autre élément qu'il convient de prendre en compte dans la politique de promotion du tourisme en Côte d'Ivoire, c'est d'éviter de faire la part belle aux investissements dans les grands hôtels de luxe au détriments des sites touristiques naturels. Comme le soulignait un responsable d'un organe de presse de la place, «les touristes européens qui viennent en Afrique, ne sont pas à la recherche d'hôtels 5 étoiles pour y loger. Parce que les hôtels de luxe, ils les ont chez en nombre et en qualité. Par contre, ils y viennent pour découvrir l'originalité de nos villages, nos cases, nos îles, nos forêts vierges, nos cascades d'eau, nos ponts de lianes avec tous leurs mystères, nos mets atypiques, etc.».

Elysée LATH