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Au mauvais moment, au mauvais endroit : Sansal, victime collatérale de Paris et d’Alger
Publié le : 02 juillet 2025 par DJOMANDE Aziz

L'ECRIVAIN BOUALEM SANSAL (PH:DR)
Ami intime du plumiste d’expression maghrébine Rachid Mimouni, l’octogénaire Sansal a pris le coup d’une colère diplomatique entre Paris et Alger. Avec ses prises de position, il finit par être entre le marteau l’enclume. A la fois Français et Algérien, l’écrivain était le meilleur profil par lequel Alger pouvait se régler ses comptes avec Abdelmadjid Tebboune.
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A la recherche de cette occasion pour gruger l’Elysée, Sansal Boualem fait une sortie critique contre le régime algérien donnant « cash » l’aubaine de se faire faire un placement en justice. Une brouille diplomatique née de plusieurs événements récents, dont la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie pour le Sahara occidental, avec un nouvel avocat français Me Pierre Cornut-Gentille, l'écrivain se finit par subir la colère du tribunal.
Ce qu’il faut savoir du franco-algérien
Né en Algérie, à Theniet El Had, dans les années 1940 selon les sources, Boualem Sansal est un écrivain d’expression française qui a acquis la nationalité française en juin 2024. Ingénieur de formation avec un doctorat en économie, il s’est tourné vers l’écriture sous l’impulsion de son ami Rachid Mimouni, alors que la guerre civile algérienne faisait rage dans les années 1990.
Son premier roman, Le Serment des barbares (1997), a rencontré un succès notable, posant les jalons d’une œuvre engagée qui explore les racines des crises politique, sociale et religieuse dans son pays.
Boualem Sansal ne se revendique d’aucune religion, mais il est fréquemment stigmatisé par le pouvoir algérien, qui le qualifie de « juif » dans un contexte où toute opposition est assimilée à une menace. Marié à Naziha, une enseignante contrainte de quitter son poste, il souffre d’un cancer de la prostate et voit sa santé se dégrader, sa femme étant soignée en France depuis 2024.
Une condamnation lourde de conséquences
L’arrestation de Boualem Sansal le 16 novembre 2024 à Alger a déclenché une vive polémique. Accusé d’« atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et publications menaçant la sécurité du pays », il a été condamné en première instance à cinq ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars.
La cour d’appel a confirmé cette peine début juillet 2025. Les faits reprochés à l’écrivain remontent notamment à des déclarations faites en octobre 2024 dans un média français classé à l’extrême droite, Frontières, où il contestait les frontières actuelles entre l’Algérie et le Maroc, évoquant un héritage colonial qui aurait légué à l’Algérie des territoires appartenant au Maroc.
Cette prise de position a été perçue comme une provocation par Alger, qui a saisi l’occasion pour agir contre lui. Son avocat français, Me Pierre Cornut-Gentille, arrivé récemment à Alger, a indiqué qu’il devait encore discuter avec son client d’un éventuel recours en cassation.
Une crise diplomatique entre Paris et Alger
L’affaire Sansal tombe comme une aubaine à saisir pour exagérer la brouille diplomatique entre les deux pays. En juillet 2024, la France a reconnu un plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un territoire disputé depuis des décennies entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Cette décision a profondément irrité Alger, qui a vu dans la condamnation de Sansal un moyen de faire pression sur Paris.
Du côté français, la condamnation de l’écrivain est jugée inacceptable. Le Premier ministre François Bayrou a exprimé l’espoir que des mesures de clémence soient accordées, notamment en raison de l’état de santé de Sansal. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a également évoqué la possibilité d’une libération prochaine, soulignant l’importance de ne pas fermer la porte à un règlement humanitaire.
Cette affaire signale les difficultés rencontrées par les intellectuels et dissidents dans un contexte politique algérien où la critique est souvent réprimée. Le combat de Boualem Sansal dépasse le cadre personnel pour toucher aux questions fondamentales de souveraineté, d’identité et de dialogue entre deux nations liées par une histoire commune mais souvent conflictuelle.
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DJOMANDE Aziz
Journaliste Reporter
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