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Les confidences de Jack Traboulsy : ''Mon père m'a dit tu mourras pauvre...''
Publié le : 27 aout 2014 par ND
Où est-il passé ? Que devient-il ? Ce sont autant de questions que ceux qui ont connu Jack Traboulsy se posent. Musicien de son état et fervent amateur de Rock, l'artiste ivoirien a accepté de s'ouvrir à Star Magazine, depuis la France où il vit avec sa famille.
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Vous faites de la musique, vous vous appelez Jack Traboulsy et vous êtes métisse. Racontez-nous votre histoire.
Je m'appelle Jack Traboulsy. Je suis né le 22 Janvier 1962 à Dimbokro, sur les rives du N'ZI. Ma mère est ivoirienne et mon père est originaire du pays des cèdres millénaires. Dans un berceau de fer, je devais grandir, ne vous étonnez pas si je ne sais pas sourire. J'ai appris à jouer de la guitare dans les rues de Memphis là ou les Noirs jouent de la guitare comme des fous, où les filles sont belles à te faire tomber à genoux. Je suis auteur-compositeur-interprète. Mon père m'a dit un jour : " Si tu continues de faire de la musique, tu mourras pauvre" . Qui suis-je, lui avais-je alors répondu, pour mourir riche ? Mozart est mort dans la misère. J'ai encore de la marge.
Vous êtes d'origine apache. Connaissez-vous ce territoire du monde? Confiez-nous quelques anecdotes...
J'ai remonté l'arbre généalogique de ma famille aussi loin que j'ai pu. Un lointain aïeul descend de Géronimo, le chef de la tribu Apache qui défia à lui tout seul l'armée américaine. La légende raconte qu'il avait le pouvoir de retenir l'aube et de retarder ainsi le lever du jour. Je pense avoir hériter de ses pouvoirs. Je ne connais pas ce territoire mais j 'ai bien l'intention de m'y rendre un jour et de marcher sur les traces de mes lointains ancêtres.
Votre vie est faite de musique, d'études et de travail. Comment vous conciliez tout cela ?
L'organisation. Dans la vie, il faut être organisé. La musique qui est pour moi une grande passion, n'a jamais pris le pas, ni sur mes études, ni sur ma profession. Un parcours d'études sans faute qui a empêché mon père de m'interdire de faire de la musique. Ici bas, il y a un temps pour tout. Pour moi, il y a eu un temps pour les études, j'y ai mis un point d'honneur. A présent, il y a un temps pour la musique et un temps pour ma profession. Il n'y a pas de secret.
Dans votre carrière musicale, vous avez rencontré de grands noms: Kimon de Ramses, Fulgence Kassi, Alpha Blondy. Que vous inspirent-ils?
Oui de grands noms. Roger Fulgence Kassi qui m'a donné l'occasion de faire ma première télé dans l'émission "Première Chance" animée par Léonie Gnaly. Alpha Blondy qui participa à cette même émission fut le premier ivoirien à chanter du reggae en Dioula (Brigadier sabari) et je fus le premier à chanter du Rock n Roll en Côte d'Ivoire à la Elvis. Quant à Kimon de Ramsès, c'était mon jeune frère au Lycée technique d'Abidjan. Un soir d'inspiration, nous avions décidé, Sibailly Richmond (bassiste) et moi-même, de créer un groupe musical : LES JAH NOUS DEUX. Et pour assurer la partie reggae, nous avions fait appel à Kimon.
Mais, vous avez été surtout propulsé par votre tube, ''Marilou''. Vous dites que ce n'est pas votre propre histoire. Qu'est-ce qui a inspiré alors Marilou ?
Bien sûr que cette histoire peut arriver à tous les jeunes amoureux qui attendent à un rendez-vous la fille aimée qui ne viendra pas. Et c'est là qu'intervient le volet créatif ; celui de composer des paroles et de mettre en musique. Et pour couronner le tout, il a fallu trouver un petit prénom qui se retient facilement. Une inspiration divine. Sans oublier la collaboration inoubliable de Nayanka Bell dans les choeurs. Cette chanson a eu un succès populaire sans précédent. Entre tous les grands artistes de l'époque, Lougah François, Bailly Spinto, Aïcha Koné, je fus un précurseur de la musique populaire. En effet, Marilou donna l'occasion aux jeunes d'esquisser les premières chorégraphies de danses populaires qui évoluèrent avec le temps jusqu'au coupé-décalé que l'on connaît aujourd'hui.
Ne pensez-vous pas que votre départ en France, dans les années 90, a participé à sacrifier votre carrière ?
Mais non ! En musique aucune carrière n'est sacrifiée. J'ai fait le choix de ne pas vivre que de musique. Henri Salvador reçut sa première récompense artistique à 90 ans. Et comme à son habitude, il en rigola arguant qu'avec un peu de chance, il l'aurait eu à titre posthume. Par contre, Zidane est à la retraite et dans peu de temps Drogba. Moi je chanterai tant que Dieu me donnera du souffle.
De musicien au ministère de la défense en France, aujourd'hui. Quelle histoire.
Aucune histoire, juste un chemin de vie. Je suis Chargé d'analyse comptable pour les Opérations d'Armement" au sein de la DGA (Direction générale pour l'armement). Et je chante quand j'en ai envie.
Votre fille a eu une place honorable à Miss Côte d'Ivoire. Le soir de la finale, qu'avez-vous fait de particulier après les résultats?
Déjà, nous (sa mère et moi) n'étions pas présents à Abidjan. En effet, le hasard du calendrier a fait que la finale de l'élection se déroulait le 7 Juin 2014. Et depuis plus d'une année, j'organisais la première édition du Festival Eur'Ivoire 2014 qui a pour thème "Quand la Côte d'Ivoire s'invite en Eure et loir", festival qui se déroulais sur trois jours, les 6, 7 et 8 Juin 2014 à Chartres (France). Nous avons obtenu de la ville de Chartres, l'autorisation de retransmettre l'élection en direct d'Abidjan sur la place des Epars à Chartres pour la population Chartraine. Un moment inoubliable. Très fiers du résultat, nous sommes rentrés et avons pratiquement veillé toute la nuit à fêter notre victoire.
Vous n'aviez pas d'appréhensions au vue de tout ce qui se raconte autour de ce concours?
Aucune appréhension. J'ai accompagné ma fille dans la réalisation de son rêve. Elle a remporté de haute lutte la bataille de Paris gagnant ainsi son ticket pour la finale nationale à Abidjan où elle termine 1ère Dauphine. Sa victoire n'est pas le fruit du hasard mais construite au fil des années : 2ème Dauphine Miss Eure et Loir 2008, 2ème Dauphine Miss Orléanais 2012 et Miss Côte d'Ivoire France 2014. Non je n'avais aucune appréhension car tout est question d'éducation. Caporal au sein de l'armée de l'air Française, Samira a la tête sur les épaules. J'ai toute confiance en elle afin de faire face à toute situation.
A 52 ans, êtes-vous prêt à remonter sur scène avec votre guitare?
Plus que jamais. Ma guitare est ma compagne la plus fidèle, celle qui ne me quittera jamais. Elle a été là, à chaque instant, elle a été de tous mes combats artistiques. Je n'ai jamais arrêté la scène. Je ne fais pas de tournées tout au long de l'année mais des concerts de temps en temps quand je trouve le temps de m'y consacrer. Des représentations à Paris, Chartres... Je profite de l'occasion pour annoncer la célébration de mes 30 ans de Musique en Juillet 2015 marqué par deux spectacles à Abidjan dont un que je souhaite populaire et surtout gratuit où j 'espère être entouré par toutes les têtes d'affiche représentant la nouvelle génération de jeunes artistes ivoiriens.
Par ND
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ND
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