Musique / Mort d’Erickson le Zulu: Le témoignage de Linda de Lindsay

Le décès de l’artiste-chanteur d’origine congolo-malienne a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. Certaines sources avancent qu’il est décédé des suites d’un cancer du poumon ou d’une hépatite B, d’autres soutiennent qu’il a été victime d’une cirrhose de foie. En attendant qu’une voix officielle ne confirme la raison du décès du roi de l’atalaku, notons que c’est dans un état critique, qu’il a été admis dans la journée du samedi à l’hôpital de Créteil, aux environs de 3 h du matin. 

Eric Bosoki alias Erickson le Zulu, l’un des plus talentueux disc-jockeys de Côte d’Ivoire, a fait les beaux jours des maquis ‘’Roland Garros’´et ‘’ Shanghaï’’ dans la commune de Yopougon. Il a contribué à donner au coupé-décalé, musique urbaine ivoirienne, ses lettres de noblesse. Depuis 2010, l’artiste séjournait en France suite à la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Il est l’auteur des tubes à succès ‘Ouragan’’(2002), ‘’Suzanna’’(2003), ‘’ Gloire’’(2007), ‘’ La main de Dieu’’(2008)…
Linda de Lindsay, la chanteuse du coupé-décalé, qui était présente auprès d’Erickson le Zulu, quelques heures avant sa mort explique: «J’ai reçu un appel me demandant de me rendre urgemment à l’hôpital Mondor. Il était 15h. A mon arrivée, dans cet établissement sanitaire, à travers les vitres, j’ai vu le pasteur Okia qui priait. J’ai aperçu le Shaka du coupé-décalé. J’ai fondu en larmes en participant à cette prière. Ensuite, je demande s’il peut parler et pourquoi il n’a aucune perfusion nutritive hormis la morphine. On m’a répondu que ce n’était pas bon pour l’état de ses organes. Je demande qu’on lui parle».

A ce moment, poursuit Linda de Lindsay, «Auguy a dit : ‘’ Le Zulu nous sommes là. Il y a Abass et Lindsay. Instinctivement, il a ouvert grandement les yeux. Il tentait de dévisager chacun de nous. Cela m’a rassuré. Nous avons prié par la suite. Nous nous sommes concertés pour soutenir la famille. A 22h, nous avons pris congé de lui. Cependant, je n’étais pas tranquille. Je gardais en tête, l’image de mon frère d’art qui luttait contre la mort. Les cieux l’ont réclamé. Yako à tous ! Merci pour tout le Zulu ! Merci, merci, merci ! Tu sais, je sais, tu es, tu resteras une belle âme prête pour les autres…. Je suis dévastée».

Ericsson le Zoulou fait très tôt connaissance avec la musique au Congo. Dès l'âge de neuf ans, le jeune Eric se met à chanter avec sa mère à l'église. Devenu grand, le fils du Congo prend la direction de la Côte d'Ivoire et atterrit à Abidjan. C'est la commune chaude de Yopougon qui accueille le jeune Congolais. À cette époque, la célèbre Rue princesse fait le bonheur des Ivoiriens et particulièrement des Abidjanais. Bosiki Eric intègre le milieu des disc-jockey. Doté d'une belle voix, il se distingue très rapidement dans le monde de la nuit. Au Roland Garros, un maquis de renom où il officie, Ericsson le Zoulou s'impose.

En 2003, Ericsson le Zoulou fait officiellement son entrée dans le show-biz ivoirien avec le titre Souzanna. Avec cette chanson, il conquiert la Côte d'Ivoire et convainc les mélomanes de son talent. Quatre ans plus tard, Eric confirme tout le bien qu'on pense de lui en mettant sur le marché l'album Gloire. Il dépasse la frontière du coupé décalé et s'érige en véritable chanteur. Son album La main de Dieu sort en 2008. Plus tard, Ericsson le Zoulou décide de s'installer en France et devient de moins en moins visible sur la scène musicale.

A.CAMARA