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Salaires ponctionnés des enseignants non-grévistes : le ministère propose une solution
Publié le : 28 avril 2025 par Samuel KADIO

La ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Mariatou Koné, le jeudi 13 janvier 2022 à Abidjan (DR)
Chaque agent lésé devra produire des preuves tangibles de sa présence durant la période de grève, indique le Ministère de l'Éducation Nationale. Une étape indispensable pour bénéficier d’une régularisation salariale.
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La grève lancée début avril 2025 par les enseignants ivoiriens continue de produire des vagues. Alors que la contestation syndicale s'est estompée, une nouvelle difficulté s’est installée : des fonctionnaires du Ministère de l'Éducation Nationale et de l'Alphabétisation (MENA) affirment avoir vu leur salaire du mois d’avril amputé, bien qu'ils n'aient pas observé l’arrêt de travail.
Face à cette situation, le MENA, par le biais de sa Direction des Ressources Humaines (DRH), a pris une décision pour corriger ces erreurs.
Des "preuves à l’appui"
Dans une note officielle datée du 28 avril 2025, adressée aux Directeurs Régionaux de l'Éducation Nationale et de l'Alphabétisation, le ministère reconnaît avoir été saisi de cas de ponctions affectant des agents « n'ayant aucunement participé à la grève du 3 au 9 avril 2025 ».
Pour répondre à ce désagrément, la DRH invite tous les agents concernés à transmettre un courrier à l’attention du Directeur des Ressources Humaines, accompagné de « preuves à l’appui (photocopie de la page justificative du cahier de textes, du cahier d'appels, du cahier journal...) ».
« J'attends avec diligence la remontée de ces informations », insiste Anastasie Kacou Sepou, Directeur de Cabinet Adjoint, signataire de la correspondance.
Cette invitation à la régularisation intervient dans un climat toujours marqué par les récentes tensions sociales. Le mouvement de grève, initié par l'Intersyndicale du Secteur Éducation/Formation (IS-MENA / ETFPA), revendiquait la « revalorisation des primes d’incitation trimestrielles » ainsi que le « respect des libertés syndicales ». Selon les syndicats, plus de 95 % des enseignants du secondaire général et technique avaient rejoint la contestation à travers tout le pays.
Des séquelles administratives
La situation s'était envenimée dès le 2 avril, avec l'arrestation nocturne de Ghislain Assy Dugarry, jeune enseignant et figure montante du militantisme éducatif. Cette interpellation, jugée « arbitraire » par ses proches, avait exacerbé la colère dans les établissements scolaires et sur les réseaux sociaux. En réponse, l’IS-MENA / ETFPA et d’autres organisations syndicales avaient reconduit la grève les 7 et 8 avril.
Le 5 avril, dans une tentative de désamorcer la crise, la ministre de la Fonction publique, Anne Désirée Ouloto, avait haussé le ton : « Tout enseignant qui ne sera pas à son poste [ce matin] sera considéré comme démissionnaire ! » Elle avait également mis en garde contre d’éventuelles « poursuites disciplinaires, voire pénales » contre les instigateurs du mouvement. Dans la foulée, plusieurs enseignants avaient été arrêtés notamment à Bouaflé et à Bouaké.
Aujourd’hui, bien que les cours aient repris dans les établissements, des séquelles administratives persistent. Les ponctions opérées sur les salaires d'agents non-grévistes viennent ajouter une couche d’amertume, que le MENA s’efforce désormais d’atténuer.
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Samuel KADIO
Journaliste Reporter
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