ACCUEIL • Société
Travaux de remblayage de la lagune ébrié :Les populations riveraines crient leur calvaire
Publié le : 05 février 2021 par Elysée Lath

Les travaux de remblayage de la baie de Biétry causent d'énormes désagréments aux populations riveraines.
Dans un document parvenu à la Rédaction de L'inter mercredi 3 février 2021, et signé de l'Association des riverains de la lagune ébrié, actuellement dans la zone lagunaire située entre l'hôtel La Pergola et le boulevard de Marseille, il est fait mention d'une situation devenue invivable et qui dure depuis maintenant plusieurs mois. Il s'agit des travaux de remblayage sur la lagune ébrié de ce côté-ci de la ville d'Abidjan, quartier Biétry, commune de Marcory.
- Partagez sur
Selon l'état des lieux que cette association dresse, les travaux en cours, qui ont démarré devant l'hôtel La Pergola, sont actuellement à la limite de la concession de l’hôtel Marlin Bleu. Les populations riveraines font le constat, dans leur document, d'une emprise important des travaux sur la lagune de sorte que désormais le passage entre Biétry et Vridi s'en trouve fortement restreint.
Leur association ayant pour but de lutter contre tous les remblais ''sauvages'' «qui s’effectuent actuellement aussi bien dans la lagune en zone de Biétry (qui a perdu près de 30 % de sa surface initiale) qu'en allant de Songon (Yopougon) à Port-Bouët en passant par Koumassi», ils ont tenu à alerter sur les dangers auxquels s'exposent les populations vivant à proximité du site concerné, mais également, les conséquences sur les êtres vivants aquatiques.
Les populations riveraines disent être exposées à des nuisances de tout genre : sonores, environnementales, économiques, etc. «Tous ces remblais sont faits en dépit du bon sens, sans étude du sol, sur des zones vaseuses et sans enquête de commodo et incommodo, auprès des riverains propriétaires de titre foncier», lit-on dans la note transmise à L'inter.
Précisément, ils disent être obligés de supporter du lundi au samedi, de 08 h à 17 h 30 et parfois plus tard, et souvent le dimanche, des bruits d'une intensité de '' 90 décibels ''. Sur le plan environnemental, ils évoquent un impact des travaux sur la nappe phréatique «qui va s’en trouver polluée alors qu’elle constitue une immense réserve naturelle d’eau potable pour les prochaines générations.» Ils ont aussi relevé les inondations de terrains, les remblais étant faits à hauteur minimum de 1 à 2 mètres au-dessus du niveau des terrains actuels. Les habitants de la zone craignent même une déstabilisation de tout l’écosystème naturel, la lagune étant privée actuellement de plus du tiers de sa surface, selon eux. Ils ne manquent pas non plus de dénoncer le fait que de nombreux déchets non traités soient enterrés par le sable, mais devant les propriétés des riverains.
Les membres de l'association ont noté aussi la présence d’animaux nuisibles comme des serpents et des crocodiles qui, privés de leur habitat naturel, se réfugient sur les terrains des riverains. «(…) lesquels animaux sont destinés à une mort certaine alors qu’ils auraient pu être capturés et relâchés dans des zones sauvages appropriées.»
A ces risques, il faut ajouter la ''fermeture des réseaux d'évacuations des eaux pluviales de la Zone 4, ce qui risque d’entraîner à la prochaine saison des pluies des inondations de toute la zone''.
Dans la zone, certaines activités économiques vont disparaître également du fait de ces travaux, à l'exemple de la pêche sportive qui s'y pratiquait. «Il ne faut pas oublier les problèmes d’insécurité et l’installation anarchique d’activités et le déversement des détritus qui impacte l’écosystème. Tout cela menace la santé publique.»
Qui a autorisé ces travaux ?
C'est une question que les populations impactées par les travaux se posent, vu surtout l'étendue du remblaiement qui est en cours. «Le ministère de tutelle – les Affaires maritimes – était-il informé de cette situation ? Les autorités ivoiriennes ont-elles ‘’laisser faire’’ ? Et qui se cache derrière l’opérateur économique exécutant ces travaux pour que celui-ci se permettre de continuer de remblayer, alors qu’il avait dû arrêté les travaux sur injonction des services des Affaires maritimes ? Que fait le Maire de la Commune de Marcory ?», des questionnements qui restent sans réponse.
Cela n'a pas empêché les riverains d'engager des démarches auprès des autorités compétentes dans l'intention de faire cesser les travaux. Le document transmis à L'inter informe que ces derniers ont pu obtenir du ministre de tutelle, en date du 28 janvier 2021, l'annulation de l'arrêté N°096/MAM/CAB du 23 Décembre 2020 autorisant la société (...) à effectuer des travaux de remblayage sur le domaine public lagunaire dans la baie de Biétry.
Au-delà, le Collectif des riverains, compte tenu des risques encourus décrits plus haut, souhaitent que le plan d’eau lagunaire de la zone de Bietry puisse retrouver son état originel comme précise les textes en matière de remblayage, aménagements par endiguement, enrochement des rivages de la mer et des voies d'eau intérieur de sable, notamment ''le décret N°2019-591 du 03 juillet 2019'' qui précise en son article 3 : «les aménagements par endiguement, enrochement ou par tous autres types de travaux susceptibles de modifier l’aspect naturel des rivages de la mer et des voies d’eau intérieures, sont également interdits.» L'article 6 de ce décret précise également que ''Le remblayage et les aménagements par endiguement, enrochement ou par tous types de travaux des rivages et la mer et des voies d’eau intérieures ne doivent pas avoir pour effet de changer l’affectation initiale des rivages qui en sont l’objet et des servitudes qui frappent lesdits rivages.''
Et épousant l'idée contenue dans l'article article 20 en son paragraphe 3 : «La personne prise en violation des clauses et conditions de son autorisation d’exploitation public maritime ou fluvio-lagunaire est tenue de remettre le site concerné dans l’état où il se trouvait avant l’obtention de l’autorisation, sauf avis contraire de l’administration des Affaires maritimes et portuaires.», les riverains qui sont convaincus que l'opérateur a entrepris ces travaux en violation de toute autorisation, entendent mener des actions auprès des autorités ivoiriennes, et espèrent être entendus.
Élysée LATH
Recevez le résumé quotidien de l’info en Côte d’Ivoire
La newsletter est gratuite et vous pouvez vous désinscrire à tout moment ! Profitez du meilleur de Linfodrome dans votre boite mail !
DONNEZ VOTRE AVIS SUR LE SUJET

Elysée Lath
Journaliste Reporter

En Côte d'Ivoire, la sortie de promotion de 499 nouveaux commandos de gendarmes et l'annonce de la marche du Front commun PPA-CI...
Lire La Suite Le 25 juillet 2025
Par Jean Kelly KOUASSI
LINFODROME NE VIT QUE DU SOUTIEN DE SES LECTEURS
Abonnez-vous à partir de 1€ et soutenez le premier quotidien en ligne 100% indépendant, sans financement public ou privé.